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Le socialisme et le travail des femmes

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Par   •  22 Septembre 2017  •  Dissertation  •  2 664 Mots (11 Pages)  •  734 Vues

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DESCUBES Thomas et DEFFAUX Morgane

Fiche technique

Le socialisme et le travail des femmes

  • Introduction.

« Le degré de l’émancipation de la femme est la mesure naturelle de l’émancipation en général ». Dans Théorie des quatre mouvements (1808), Charles Fourier souligne de fait le rôle central de la femme comme indicateur de progrès sociétal au XIXème siècle.

        Née au milieu du XVIIIème siècle au Royaume-Uni, la révolution industrielle se répand partout en Europe tout au long du XIXème siècle. Au cœur de ce phénomène, les villes polarisent les lieux de production et voient leur population exploser au détriment des campagnes. C’est ainsi que l’on voit apparaître une nouvelle forme de travailleurs : les ouvriers d’usine, mal rémunérés. Cette industrialisation touche aussi les femmes, puisqu’elles ne travaillent désormais plus uniquement pour entretenir leur foyer mais également peu à peu comme ouvrières à l’usine, pleinement incorporées dans un univers urbain confus. Les femmes s’engagent par conséquent dans la lutte ouvrière, à laquelle elles s’identifient de plus en plus. Dès lors, elles revendiquent des droits égaux à ceux des hommes. Cependant, bien qu’investis d’un sentiment d’exploitation et d’assujettissement par le patronat, les ouvriers socialistes ne semblent pas remettre en cause le modèle patriarcal de la famille et l’image traditionnelle de la femme, mère et épouse avant tout, ménagère mais pas ouvrière. De plus, ces revendications féminines semblent faire écho aux idées féministes développés par la bourgeoisie dès le début du XIXème siècle. Bourgeois contre ouvrier ou bien homme contre femme, un seul combat semble être possible. Pourtant ces ouvrières sont femmes et prolétaires, ne dissociant naturellement plus ces deux luttes. En quoi le socialisme apporte-t-il une réponse à la lutte des femmes travailleuses ?

        Plus qu’une lutte à l’image de la lutte ouvrière, la lutte des femmes semble être au cœur de la construction d’un ordre moral socialiste nouveau.

  1. Une lutte des femmes à l’image de la lutte ouvrière.

  1. L’ouvrière et la question ouvrière.

Avec l’industrialisation exponentielle du XIXème siècle et le développement de nouveaux modes de production, la femme acquiert une place toujours plus prépondérante dans le monde ouvrier. Cantonnées aux métiers peu exigeants intellectuellement car souvent sous-éduquées, les femmes souffrent de conditions de travail difficiles. Misérablement rémunérées, parfois quatre fois moins que les hommes, elles travaillent jusqu’à 17h par jour dans des ateliers insalubres. De plus, les femmes largement plus touchées par le chômage en cas de difficultés économiques, comme ça fut le cas lors de la Grande Dépression (1873-1896) car elles souffrent de leur pauvre qualification. Pourtant, le travail féminin omniprésent oblige les femmes à concéder de nombreux sacrifices : elles dorment environ quatre heures par nuit, souvent dans de grands internats industriels pour femmes, éloignées de leur progéniture. Si des actions politiques en faveur des femmes sont menées, telles que la réduction de la journée de travail à 10h par décret du gouvernement provisoire en mars 1848, les femmes sont souvent réduites au silence : sous la IIème République, les associations ouvrières de femmes sont souvent raillées et méprisées, leurs membres étant même parfois emprisonnés. La demande est même faite en 1877 au congrès ouvrier français d’interdire tout travail aux femmes, proposition heureusement rejetée par une grande majorité. Cette demande est indéniablement une réaction à la crainte largement partagée à l’époque par les ouvriers que l’accroissement de la main d’œuvre féminine dans l’industrie détruira le cadre familial de l’ouvrier mais aussi concurrencera directement le travail masculin à l’usine. En effet, l’avènement du travail féminin s’ajoute aux crises de chômage structurelles engendrées par le machinisme. Or, on observe une véritable ségrégation sexuelle des tâches dans le monde ouvrier, ségrégation accentuée par des décisions politiques contestables, telles que l’interdiction de travail de nuit pour les femmes en novembre 1892. En effet, à Oyonnax, en 1896, les femmes représentaient 59,3% des travailleurs dans le secteur du magasin et du service, tandis qu’elles ne représentaient que 11,8% des fabricants et négociants.

  1. Inscrire l’ouvrière dans la symbolique socialiste.

En vertu des valeurs socialistes, reconnaître et respecter la femme travailleuse devient peu à peu une obligation. Flora Tristan, ouvrière dans les filatures, femme de lettres socialiste et féministe française fut l’une des figures majeures du débat social et ouvrier dans les années 1840 et participe pleinement à l’émergence de l’internationalisme. Elle s’engage en 1843 dans un « tour de France », à la rencontre des femmes ouvrières. Elle est le porte-parole du féminisme-socialisme jusqu’à sa mort en 1844, certains considérant que la féministe a permis une transition entre le socialisme ancien et le marxisme. Avant son décès, elle confie dans une lettre : « j’ai tout le monde contre moi. Les hommes parce que je demande l’émancipation de la femme et les propriétaires parce que je demande celle des ouvriers ». Le programme du Parti Communiste français de 1880, supervisé par Karl Marx lui-même, revendique la « suppression de tous les articles du Code établissant l’infériorité de la femme vis-à-vis de l’homme » et l’« Égalité de salaire à travail égal pour les travailleurs des deux sexes ». Jules Guesde, qui s’exprime en le 9 novembre 1898 dans une conférence sur « La femme et son droit au travail », assure que la seule vraie émancipation pour les ouvrières doit être d’ordre économique et non seulement civile et politique. Il estime que les femmes doivent pouvoir « vivre en travaillant sans rien ne devoir à personne », sans quoi la société ferait « de la femme le prolétaire de l’homme ».

  1. Le socialisme comme moyen d’émancipation de l’ouvrière.

Dans sa dimension universelle, le mouvement socialiste offre une visibilité aux revendications des ouvrières, qui unissent étroitement leur lutte à celle de la classe ouvrière. La fonction sociale des femmes est progressivement reconsidérée. Elles intègrent massivement les syndicats et les partis ouvriers en plein essor, mais participent aussi largement aux mouvements de masse, grèves, manifestations et congrès internationaux nouvellement institués. Certains mouvements très revendicatifs ont une influence particulière sur la société de l’époque ; c’est le cas du mouvement ultra-radical des Vésuviennes avec l’avènement de la IIème République, constitué de parisiennes qui avaient pris part à la Révolution de 1848. Le mouvement est soutenu par l’hebdomadaire féministe et socialiste « La voix des femmes ». Elles sont les premières à réclamer une Constitution politique pour les femmes ainsi que l’accès à tous les emplois publics, religieux, militaires et civils. Lors de la réunion de l’Association Internationale des Travailleurs à Genève en 1866, Eugène Varlin a défendu une résolution stipulant que du fait que « la femme ait besoin de travailler pour vivre honorablement, on doit chercher à améliorer son travail et non à le supprimer ». Par la suite, en 1878 a lieu le Congrès International du droit des femmes à Paris, à l’initiative de Léon Richer qui en fait la promotion dans « L’avenir des femmes ». L’idée de cet événement inédit est de profiter de l’exposition universelle pour bénéficier d’une grande visibilité. Femmes et hommes de onze nationalités discutent d’éducation, de travail des femmes ou encore de divorce. Suite à cet événement est rédigée la Constitution d’une internationale féministe, jamais officialisée cependant. Le mouvement est décrié par la presse de l’époque, comme Annette Keilhaure le montre dans Internationalisation ou dialogue de sourds : négociations transnationales autour du premier Congrès international des femmes de 1878 (2013).

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