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La petite guerre au canada

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Par   •  1 Février 2016  •  Dissertation  •  3 393 Mots (14 Pages)  •  662 Vues

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La petite guerre au Canada

Date : 1660-1759       La guerre de Sept Ans en Amérique du Nord, 1756-1763.

Les forces armées dites « régulières », au sens où on l’entend de nos jours, sont la résultante de la formalisation des États et des rapports entre États depuis la fin de la Guerre de Trente ans (1618-1648). Ces rapports sont non seulement mis en place à travers le fameux traité de Westphalie, mais aussi par l’instauration de la notion de forces armées nationales qui soient redevables devant l’État. Or, être redevable implique que les actions des forces armées doivent s’inscrire dans un cadre de légitimité sociale. Bref, tout n’est pas permis au nom de la victoire, sinon c’est l’intégrité même de l’institution  militaire qui risque d’être sérieusement remise en cause. Cette tension au cœur des armées régulières entre ce qui est permis et ce qui est utile se fait sentir dès le XVIIe siècle.

La Petite Guerre est le terme désigné pour caractériser la méthode de guerre asymétrique inspirée de la guerre irrégulière amérindienne. C’est une méthode guerrière qui a été souvent qualifiée de barbare et de contraire à l’éthique et à la morale de son époque.

Cette façon de faire la guerre a été employée par les militaires et les milices canadiennes au cours du XVIIe et du XVIIIème siècle, et en particulier lors de la Guerre de Sept Ans. L’institution militaire canadienne a utilisée avec succès cette approche pendant près d’un siècle pour lutter contre les Anglais et leurs alliés Amérindiens, cependant au cours de la Guerre de Sept Ans elle fut progressivement marginalisée.

La nouvelle France est constituée de l’Acadie, du Canada et de la Louisiane. Canada est une colonie du royaume de France entre 1534 et 1763 après la victoire des Anglais sur les Français lors de la bataille de 7 ans. Son positionnement entraine beaucoup de tensions, qui culminent avec l’affaire Jumonville en 1754, déclenche la guerre de sept ans qui se solde par la réédition de la nouvelle France en 1760 et du traité de Paris en 1763. Menacés par les attaques des Iroquois et des Britanniques, les Français du Canada créent une société organisée en vue de la guerre. Vers les années 1650, colons et marchands élèvent des palissades de bois et organisent de minuscules milices pour défendre leurs établissements de Québec, Montréal et Trois-Rivières. En 1669, le roi de France, Louis XIV, exige de tous les Canadiens de sexe masculin âgés de 16 à 60 ans qu'ils se joignent à la milice et subissent un entraînement militaire. À l'école de leurs alliés hurons et algonkiens, ces soldats civils adoptent canot, raquettes, mocassins et jambières, ainsi que la tactique éclair de la « petite guerre ». Soutenue par ses alliés autochtones et une petite garnison de soldats professionnels, la milice canadienne sera l'épine dorsale des forces militaires de la colonie jusqu'à la guerre de Sept Ans (1756-1763).

  1. La petite guerre vue par les canadiens.

 La petite guerre et la guérilla sont deux locutions identiques en Français et en Espagnol, cependant il ne s’agit pas de la même chose. Bien que la guérilla existe depuis toujours, la petite guerre a été plus particulièrement développée aux XVIIème et XVIIIème siècles comme en témoigne le nombre de théoriciens qui lui consacrèrent leurs études tels que Turpin de Crissé ou Hector de Grand maison. La guérilla caractérise un combat mené par une entité militairement plus faible contre des armées plus puissantes, elle fait généralement référence à une population civile qui prend les armes pour lutter contre l’envahisseur. La petite guerre, quant à elle, est avant tout décrite comme : « tous les mouvements qui ne font que seconder les opérations d’une armée ».Aujourd’hui elle peut être comparée aux actions menées par des commandos ou des forces spéciales tant ils en avaient toutes les caractéristiques. Historiquement elle a été la particularité des troupes légères régulières qui harcelaient l’ennemi, allaient chercher le renseignement et frappaient dans la profondeur. Elles étaient  organisées en petits groupes qualifiés de« partis» et terrorisaient la partie arrière de l’ennemi. La petite guerre était donc la façon dont étaient utilisées ces troupes légères en Europe au sein même de l’institution militaire.

Mais la Petite Guerre en Nouvelle-France avait aussi une dimension stratégique qui n’existait pas en Europe. Cette forme de guerre bien qu’au départ influencée par les coutumes amérindiennes, fut la résultante d’un calcul stratégique judicieux dont le but était d’assurer la survie de la colonie française toujours sous-peuplée, soumise aux aléas du climat et de son agriculture. La Petite Guerre était fondé sur l’imposition de la terreur aux populations de la Nouvelle-Angleterre. Au travers d’actes considérés comme cruels et grâce aux raids effectués dans la profondeur des colonies anglaises, la Petite Guerre a instauré un climat permanent de peur paralysant les populations anglaises et maintenant les forces militaires de Nouvelle-Angleterre sur la défensive. Ainsi, il était toujours délicat pour les forces coloniales anglaises de monter de larges expéditions contre la Nouvelle-France. 

Le pilier régulatif, défini par l’autorité royale et son représentant, le Gouverneur, a soutenu pendant près d’un siècle la Petite Guerre en Nouvelle-France. Il a soutenu politiquement les Amérindiens et leurs pratiques ainsi que la Petite Guerre lorsqu’elle était menée par les Canadiens eux-mêmes. Louis XIV a compris que cette terre éloignée, dont les principales ressources étaient la traite de la fourrure, était vulnérable face aux Anglais et qu’il fallait la protéger. Ainsi Louis XIV et son successeur, Louis XV, ont soutenu son emploi car cette façon de faire la guerre leur permettait de préserver la Nouvelle-France sans devoir y engager d’importants moyens financiers, militaires et humains ; des moyens absolument indispensables  pour mener les guerres en Europe.  D’autant que l’utilisation de cette méthode asymétrique s’avérait efficace face aux ennemis : il a fallu près de soixante-dix ans aux Anglais pour venir à bout de leurs voisins Canadiens même s’ils avaient un ratio favorable de un pour vingt dès 1689. Le Gouverneur de la Nouvelle-France a institutionnalisé la Petite Guerre comme la seule manière de faire la guerre dans la colonie et au-delà de ses frontières et comme la seule solution pour assurer sa survie. L’institution militaire de la Nouvelle-France, essentiellement tenue et dirigée par des officiers canadiens rompus à la guerre à l’amérindienne, a donc été soutenue politiquement dans son emploi de la Petite Guerre.

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