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Grèves De 1936

Note de Recherches : Grèves De 1936. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Octobre 2013  •  4 280 Mots (18 Pages)  •  1 317 Vues

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« Tout est possible », c’est la phrase que prononça Marcel Pivert, alors chef de l’aile gauche de la SFIO, dans le journal Populaire le 27 mai 1936. Si cet élan révolutionnaire apparaît quelque peu exagéré au vue des motivations des principaux concernés, nous reviendrons sur ce point plus tard au cours de notre développement, elle démontre bien le sentiment ambiant qui emporta une grande partie du monde ouvrier français lors des grèves de mai-juin 1936.

Il nous est ici présenté un corpus documentaire aux natures diverses puisque aux textes écrits se rajoute un document iconographique. Concernant les textes, sur les quatre documents concernés, trois sont des témoignages historiques mémorialistes, c'est-à-dire qui ont pour but premier de rappeler un souvenir et d’immortaliser un événement passé. C’est le cas des écrits de Simone Weil, de Claude Martial et de Robert Francotte. Pour Maurice Throrez, sa visée est davantage argumentative et nous apparaît comme une lettre ouverte- texte destinée à être lue par plusieurs personnes- au monde ouvrier. A noter que tous les auteurs sont contemporains aux événements relatés. Enfin, la photographie nous montre une scène de joie se déroulant lors de l’occupation d’une usine en Lorraine en juin 1936 illustrant ainsi la formule restée célèbre de Simone Weil : les « grèves de la joie ».

Les auteurs ont donc la singularité d’avoir tous participer aux grèves de mai-juin 1936. C’est le cas de Simone Weil (1909-1943), normalienne et agrégée de philosophie, qui dévoile dans ses notes la situation interne et les conditions de vie des ouvriers parisiens au sein d’une usine Renault. Supportrice du mouvement syndical, cette dernière avait déjà fait preuve de solidarité lors des grèves de l’hiver 1931-1932. Elle avait de plus œuvré en tant qu’ouvrière chez Renault de 1934 à 1935. Maurice Thorez (1900-1964) est quant à lui alors secrétaire général du PCF (Parti Communiste Français). Il joue un rôle actif durant les grèves de mai-juin 1936 en gardant un contact régulier avec Léon Blum. Il participera, en outre, à l’élaboration des accords de Matignon du 7 juin 1936 (son article suit de quatre jours les accords). Robert Francotte (1894-1985) est lui secrétaire de sa cellule professionnelle et responsable syndical de son atelier lors de l’éclatement du conflit. Il était entré comme régleur chez Renault début 1936. Au sujet de Claude Martial, très peu de sources évoquent son activité lors des grèves mais l’on peut constater selon ses écrits qu’il fût un acteur des grèves sans qu’on ait connaissance de son rôle précis lors du conflit.

Le contexte politico-économique français est alors marqué par deux phénomènes majeurs : la crise économique, sociale et politique qui touche la France dans les années 1930 et la victoire électorale du Front populaire aux élections d’avril-mai 1936.

Tout d’abord, à l’échelle économique, une crise « à retardement », si on l’a compare aux effets immédiats de la crise de 1929 aux Etats-Unis, vient frapper la France à partir de septembre 1931 suite à la dévaluation de la livre sterling. La croissance cesse ainsi de 1931 à 1938. Plusieurs caractères sont à mettre à la genèse d’une entrée de la France dans une crise longue (cf. déséquilibre du système capitaliste mondial édifié dans les années 1920, disparités de l’économie française : en effet, la demande globale est insuffisante pour soutenir la croissance de la production, barrières protectionnistes pratiquées à outrance). De plus, la crise est multisectorielle et touche aussi bien l’agriculture (cf. effondrements des prix des trois produits principaux de l’agriculture française : blé ; vin et betterave ; production excédentaire, prix de revient élevé, concurrence des produits coloniaux) que l’industrie (sidérurgie, textile, charbon, fer ; renforcement des disparités entre petits et grands entrepreneurs). A l’échelle sociale, la crise prend la forme d’un chômage croissant touchant principalement les femmes et les étrangers. Conséquence d’une diminution de l’activité économique, le nombre de chômeurs culmine à un million de salariés en 1935. Sont principalement touchés les ouvriers d’usine à l’inverse des salariés agricoles, relativement épargnés par le chômage. Enfin à l’échelle politique, on constate une incapacité des hommes politiques à résorber le chômage. L’Etat opte pour une stratégie conjecturelle par des mesures classiques dans l’optique de protéger les petits entrepreneurs. A défaut de lutter efficacement dans la durée contre les effets néfastes de la crise, on privilégie ainsi une approche à court terme. On applique en outre de 1931 à 1936 une politique de déflation, aussi bien à droite qu’à gauche, avec pour principale visée l’assainissement par les prix, le refus de la dévaluation et le maintien de l’étalon-or ainsi que le désengagement économique et financier de l’Etat.

C’est dans ce contexte incandescent que se déroulent les élections d’avril 1936. Au cours d’une campagne qui aura vu éclater les clivages divergents de chaque composante du Front Populaire (classicisme chez les socialistes et les radicaux, volonté d’établir une « République française des Soviets » chez les communistes), le Front populaire l’emporte le 26 avril 1936 avec une participation électorale record (84,30% des électeurs inscrits ont voté). Au total, le Front populaire cumule 5 420 000 voix (1 468 949 voix pour les communistes, 1 996 667 voix pour les socialistes et 1 955 174 voix pour les radicaux). La droite, bien que perdante, ne sort pas écrasée de cette défaite et ne perd que de 70 000 suffrages. S’appuyant sur un programme électoral volontiers réformateur mais pas révolutionnaire (cf. « le pain, la paix et la liberté »), le Front populaire devient, pour la première fois sous la IIIe République, majoritaire à la Chambre : le groupe socialiste, sous la houlette de Léon Blum, totalise 147 élus, les radicaux disposent eux de 106 sièges tandis que les communistes obtiennent un nombre record pour leur parti de 72 sièges.

En position de force, la SFIO place Léon Blum comme président du Conseil. Celui-ci, à peine intronisé, doit immédiatement faire face aux premières grèves qui éclatent au Havre le 11 mai 1936.

Nous tenterons au cours de notre développement de répondre à la problématique suivante : « Dans quelle mesure peut on dire que les grèves de mai-juin 1936 ont-elles été un catalyseur pour la formation d’une unité ouvrière et d’un développement du syndicalisme de masse à travers le prisme du concept de l’exercice du pouvoir selon Léon Blum ? »

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