Décret Xénophon

COMMENTAIRE DE TEXTE : DEUX DECRETS ATHENIENS

Ce texte est un décret Athéniens, ils expriment donc le vote de la cité sur un sujet, qui est ici les honneurs accordées à un groupe de métèques. Ce dernier corresponds à l’époque de déclin de l’impérialisme d’Athènes dans l’espace Egéen.

Le texte est un décret honorifique à l’égard des métèques ayant combattu, aux côtés des démocrates, la tyrannie oligarchique des Trente (404-403). Il nous est parvenus à travers cinq fragments d’une stèle opisthographe1 qui ont été découverts en différents endroit (acropole, agora, le Pirée, Egine). Le mauvais état de la stèle a obligé les historiens à procédés à une restitution de son texte à partir des informations de la stèle elle-même, mais aussi grâce à celles qui sont contenues dans les nombreuses références à ce fait (et surtout aux récompenses faites aux métèques y ayant participé) dans des œuvres littéraires. Cette restitution n’est que partielle, les historiens ne pouvant pas la faire quand le manque de données est trop grand bien évidement ; ainsi la fin du décret en lui-même manque.

Par exemple, le nom de l’archonte est restitué de manière probable (voir certaine) alors qu’il n’en subsiste que les deux dernières lettre, et ce grâce aux avantages de l’écriture stoichedon2 qui permet de connaître le nombre de lettre à restituer. La liaison avec les sources littéraires a permis de restituer le nom de Thrasybule comme étant le plus vraisemblable proposant. Cette liaison a aussi servi à la partie sur « la descente vers le Pirée », mais cette fois en prenant en compte les autres catégories de bénéficiaires apparaissant à la suite du texte.

Ce décret présente un intérêt historique très important car il se réfère à la guerre civile de 403 qui est un évènement majeur de l’histoire d’Athènes. La promesse d’isotélie3 avait été faite par les démocrates aux métèques qui les aideraient pendant la guerre civile. Cette promesse sera amplifiée par la proposition de Thrasybule, qui est le stratège pionnier et le plus important de l’opposition à cette tyrannie, de donner le droit de cité aux étrangers ayant

1 Stèle opisthographe : gravure faite sur le recto et le verso de la stèle
2 Ce dit d’un système d’écriture alignant les lettres à la fois horizontalement et verticalement. 3 Désigne le statut octroyant l’égalité fiscale, avec les citoyens, aux métèques





dès le début pris part au combat. L’isotélie aurait été donné à ceux ayant seulement participé à la bataille de Munichie.

Ce décret nous donne aussi une image de la situation des Métèques à Athènes qui est très différente de ce que nous montre la seul lecture des textes littéraires qui se fixe sur des cas particulier de l’élite des étrangers résident à Athènes (comme Lysias ou Aristote).

Nous essayerons d’expliquer en quoi ce décret mis en lien peut nous montrer certaines réalités politiques et sociales d’Athènes au IVème siècle ainsi que leurs évolutions. Dans une première partie, nous étudierons en quoi ce texte nous montre le fonctionnement et l’évolution des institutions législatives de la cité. En seconde partie nous analyserons les informations que nous donnes ce dernier sur la place des métèques et son évolution dans la société Athéniennes.

Nous allons commencer par étudier les informations sur les institutions d’Athènes que nous donnent à voir ce texte. Ce genre de sources nous permettent d’identifier les formes de tout décret honorifique athénien, mais aussi le fonctionnement et l’évolution des instances législatives de l’époque.

La méthode de rédaction des décrets est très cadrée à Athènes et change légèrement en fonction du type de décret. Nous étudions ici des décrets honorifiques à l’adresse d’un groupe d’étranger. Ils doivent apporter plusieurs types d’informations. Le premier est d’ordre temporel, c’est-à-dire qu’il date le texte de loi. Pour cela il est d’abord indiqué le nom de l’archonte éponyme1 afin de préciser l’année du texte de loi (« Xénaitos » / « Nikokratès »). Ensuite est mentionnée la tribu exerçant la prytanie afin de le situé à l’intérieur de l’année (« Hippothontis » / « Aigieis » et « Pandionis »). Le second type d’informations que nous apporte l’intitulé est une formule de sanction authentifiant le décret (« il a plus au conseil et au peuple »), elle consiste en l’affirmation que le décret à bien été présenté par le conseil des

1 Dans le texte 1 le nom du secrétaire est indiqué en premier, mais je n’ai pas réussi à en comprendre l’intérêt car avant 360, cette charge n’est pas annuelle.



500 (la Boulè) à l’assemblée du peuple (l’Ecclésia) et que cette dernière la ratifiée par vote. L’intitulé se termine par la mention du promoteur du décret (« Thrasybule » / « Antidotos » et « Lycurgue »)1, afin de l’identifier pour pouvoir ultérieurement le mené en justice si le décret est soumis à une révision ou jugée pour vice de forme, ou bien, au contraire pour le glorifier. À la suite viennent les décisions prise par le décret. Elles sont exprimées en une seule phrase qui a la forme d’une proposition infinitive coordonnée. On y trouve une énumération des honneurs ou des privilèges qui sont octroyés par la cité et à qui ils le sont (texte 1 : ligne 3 à 11 « afin que reçoivent... que ceux... » / texte 2 : ligne 5 à 9 « que les présidents...qui lui semblera la meilleure » et ligne 12 à 15 « au sujet des instances...un sanctuaire d’Isis »). Enfin vient à la fin une formule de résolution2 (« plaise au peuple » ligne 14, texte 2), celle-ci peut être parfois précédée d’une invocation à la “bonne fortune”.

Nous pouvons donc dire que les décrets honorifiques athéniens suivent un schéma précis, même si quelques différences subsistent. Cette forme fixe nous donne aussi à voir le fonctionnement des institutions législatives à Athènes.

La législation athénienne était réglée par deux instances : le Conseil des 500 (Boulè des 500) et l’Assemblée du peuple (Ecclésia). Le second texte par son originalité permet de bien voir le rôle et les fonctions de chacune d’elle. En effet c’est un des seul à donner le texte de délibération préalable du conseil, qui a été proposé par un bouleutes3 (le probouleuma4), puis le décret final, voté par le peuple, sans les confondre dans un même ensemble comme le fait le premier texte5. Et ce, alors que l’écart

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