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Concilier sécurité alimentaire et développement durable

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Par   •  6 Janvier 2013  •  1 962 Mots (8 Pages)  •  1 520 Vues

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Concilier sécurité alimentaire et développement durable

Les émeutes de la faim ne sont pas dues à une insuffisance des productions agricoles ou à la croissance de la consommation des pays émergents, mais à la pauvreté de populations, avant tout paysannes, qui ne sont pas en mesure d'acheter la nourriture nécessaire. D'où les propositions qui suivent pour permettre aux nations du Sud d'assurer leur approvisionnement alimentaire.

La hausse brutale des prix agricoles et les « émeutes de la faim » dont les médias se font l'écho témoignent de l'insécurité alimentaire dont sont victimes de trop nombreuses populations du Sud. Il y a peu de temps encore, le monde semblait pourtant crouler sous le poids des « surplus céréaliers » que l'on parvenait difficilement à écouler sur les marchés internationaux. Les stocks mondiaux de céréales sont désormais au plus bas et le plan alimentaire mondial de la FAO1 ne parvient même plus à réunir aujourd'hui les vivres qui lui seraient nécessaires pour faire face aux situations d'urgence. Ne risque-t-on pas alors de revoir prochainement des famines du type de celles qui avaient fait des millions de morts au milieu des années 70 ?

Sans doute faut-il faire la part des choses dans ce qui préside à la hausse récente des cours internationaux des céréales, oléagineux et protéagineux : certains facteurs sont en effet conjoncturels (diminution des stocks suite au « gel de terres » imposé dans maints pays industriels, sécheresses intervenues en Australie et en Ukraine, inondations dans l'Iowa, spéculation sur les matières premières, etc.) et d'autres causes, bien plus structurelles : l'augmentation de la demande en produits carnés dans les pays d'Asie et d'Amérique latine où émergent de nouvelles classes moyennes, la hausse des prix du pétrole qui incite des pays à détourner une partie de leurs productions de grain ou de sucre vers la fabrication d'agro-carburants (agrodiesel et éthanol) et le coût accru des engrais azotés et des produits phytosanitaires issus de la pétrochimie. Mais le fait est qu'une part croissante des productions végétales vise désormais à alimenter des animaux2 ou abreuver des véhicules et engins à moteurs, alors même que les populations les plus pauvres du Sud ne parviennent même plus à en acheter pour leur alimentation.

Le poids de la pauvreté

C'est bien plus la pauvreté que l'insuffisance globale des productions agricoles qui explique que plus de 850 millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde. À l'échelle mondiale, la production végétale dépasse en effet déjà les 300 kg d'équivalent céréales, en moyenne annuelle par habitant, alors même qu'il n'en faudrait qu'environ 200 kg pour que chaque personne puisse satisfaire ses besoins vivriers. Mais les surplus en grain, sucre, viande et produits laitiers proviennent surtout des grandes puissances exportatrices du Nord (États-Unis, Canada, Union européenne, etc.) et de quelques pays émergents où prédominent de très grandes exploitations motomécanisées (Argentine, Brésil, etc.), tandis que les nations du Sud où la paysannerie ne dispose que d'outils manuels sont devenues toujours plus dépendantes des importations pour se nourrir.

Le paradoxe est que, pour plus des deux tiers, ceux qui souffrent de la faim et de la malnutrition sont des paysans, car leurs bas revenus ne leur permettent plus d'acheter suffisamment de nourriture ni de s'équiper correctement pour produire par eux-mêmes de quoi manger. Le dernier tiers est constitué de familles dont les parents ont quitté prématurément la campagne, faute d'y être restés suffisamment compétitifs, et ont donc rejoint les bidonvilles des grandes cités, sans pour autant y trouver des emplois rémunérateurs. Les pays émergents excédentaires en nourriture n'échappent pas à cette règle : l'Argentine, le Brésil et l'Inde exportent des grains et de la viande sur les marchés solvables du Nord, alors même qu'une part importante de leur population (aux alentours de 20 %) souffre encore de malnutrition. La question alimentaire ne sera finalement résolue que si les paysanneries du Sud réussissent à sortir de leur pauvreté, en parvenant à s'équiper elles-mêmes de façon adéquate et à accroître ainsi leur productivité.

Des techniques sont disponibles

Des techniques permettent d'ores et déjà d'accroître les productions à l'hectare dans la plupart des régions du Tiers-Monde, sans coût majeur en énergie fossile ni recours exagéré aux engrais de synthèse et produits phytosanitaires. Elles consistent généralement à associer simultanément ou successivement plusieurs espèces et variétés (céréales, tubercules, légumineuses et cucurbitacées) dans un même champ, de façon à bien intercepter l'énergie lumineuse disponible et transformer au mieux celle-ci en calories alimentaires par la photosynthèse.

Ces associations de cultures recouvrent rapidement les sols, protègent ceux-ci de l'érosion, limitent la propagation des agents pathogènes et contribuent à minimiser les risques de très mauvais résultats en cas d'accidents climatiques. L'intégration de légumineuses dans les rotations permet de fixer l'azote de l'air pour la synthèse des protéines et la fertilisation des sols. La présence d'arbres d'ombrage au sein même des parcelles cultivées ou le maintien de haies vives sur leur pourtour protège les cultures des grands vents et d'une insolation excessive, avec pour effet de créer un microclimat favorable à la photosynthèse et à la fixation de carbone. Les arbres et arbustes hébergent de nombreux insectes auxiliaires des cultures, favorisent la pollinisation de celles-ci et limitent la prolifération d'éventuels insectes prédateurs.

L'association des élevages à l'agriculture facilite l'utilisation des sous-produits végétaux dans les rations animales et contribue à la fertilisation organique des sols grâce aux excréments animaux.

L'emploi de variétés sélectionnées pour leur haut potentiel génétique de rendement à l'hectare, à l'image de qui a été entrepris dans les pays industrialisés, ne s'avère pas toujours très efficace dans les pays du Sud et se traduit bien souvent par une dépendance accrue des paysans à l'égard des compagnies semencières et des multinationales de l'agrochimie. De telles variétés se révèlent en effet bien

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