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La peste, les juifs et les flagellants

Commentaire de texte : La peste, les juifs et les flagellants. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  3 508 Mots (15 Pages)  •  237 Vues

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Séance 5 : la peste, les flagellants et les juifs vus par un chroniqueur

 

                  « De la peste, de la famine et de la guerre, délivre-nous Seigneur » telle était la prière des hommes du XIVe siècle pour faire face à ces trois fléaux. Ces événements nous sont rapportés dans l’ouvrage de la Vraye hystoire du roi Edwart écrit par le chroniqueur Jean le Bel entre 1357 et 1361. Ces chroniques qui composent cet ouvrage sont rédigées pour faire une description principalement de la guerre qui oppose alors les français aux anglais. Le texte que nous étudions concerne la période de l’année 1348 à celle de 1350. L’auteur écrit de cette période qu’il y a des déviances au sein même de la religion chrétienne et que, face à la peur et aux manques de solutions vis-à-vis de la peste, la communauté juive est responsable de tous les maux. Il décrit donc les comportements et les exactions mystiques de la population face à un contexte de résignation. Une chronique à cette époque est un recueil attaché à la chronologie d’événements sur une période donnée. L’auteur d’une chronique peut cependant parfois prendre parti. Néanmoins, l’auteur du texte que nous étudions, à savoir Jean le Bel, est connu et réputé pour sa recherche de l’objectivité et de ses sources fiables qui sont les siennes car il peut être amené à être un témoin direct des événements racontés ou alors il retransmet le discours d’un témoin direct. Jean le Bel est né vers 1290 à Lièges et mort en 1370 dans la même ville. C’est un clerc flamand qui va voyager, notamment à la cour du roi d’Angleterre Edouard III et va même prendre part à la guerre contre Robert Bruce d’Ecosse. Il commence la rédaction de la vraie histoire du roi Edouard en 1357, son héros, ouvrage qui va couvrir la période allant de 1326 à 1361. Cependant, l’auteur est tellement à la recherche d’objectivité qu’il ne va pas hésiter à montrer les travers de celui-ci. Jean Froissart, un chroniqueur d’une époque postérieur également très réputé va fortement s’inspirer des travaux de Jean le Bel dans ses chroniques, il dira de lui : « je me veux fonder et ordonner sur les vraies chroniques jadis faites et rassemblées par vénérable homme et discret seigneur monseigneur Jean le Bel ». Jean le Bel rédige alors le document étudié entre 1348 et 1350. C’est une période qu’il vit et qui voit réapparaître la peste dans le monde occidental. De 1349 à 1355 la guerre qui oppose le France et l’Angleterre cesse dû à l’arrivée de cette maladie inconnue de tous et qui frappe qu’est la peste. Aussi, la situation économique est désastreuse : la population dans les campagnes s'appauvrit, les revenus fiscaux de la noblesse diminuent et la pression fiscale augmente. De plus, le refroidissement climatique croissant provoque de mauvaises récoltes successives qui débouchent, avec une forte pression démographique, sur la famine. L’arrivée de la peste en 1347-48 au sein d’un contexte déjà particulièrement difficile est l’événement qui amène la population à se rattacher à tout ce qu’elle peut afin de se rassurer face aux malheurs qui les touchent. Dans ce contexte du XIVe siècle, la guerre, la famine, l’épidémie sont les cavaliers de l’apocalypse. Nous pouvons alors nous demander en quoi les réactions face à la peste, exacerbées par la société du XIVe siècle, témoigne-t-elle d’une atmosphère apocalyptique sur fond de tensions religieuses ? Dans un premier lieu nous constaterons que la peste est un fléau sur le monde par sa faculté à concerner tous les secteurs. Ensuite nous verrons qu’au sein même de l’Eglise aura lieu une vive réaction pour essayer de résister par tous les moyens face à la maladie, et enfin nous relaterons des répercussions sur la communauté juive. 

A l’époque médiévale à travers le texte, il est aisé de constater que la connaissance des maladies, ici la peste, est assez floue. Dès les premières lignes du document, il est précisé que la peste est “d’une commune et générale mortalité” ligne 1 en effet cette chose que l’on qualifie de maladie n’épargne personne que ce soit au niveau social ou géographique : “dans le monde entier” ligne 1. Aux lignes 3 et 4, l’auteur nous fait part du fait que la maladie passe de foyers en foyers, d’individus en individus : “Et quand elle avait frappé dans une rue ou dans une maison, l’un la prenait de l’autre”. Cette maladie est très facilement transmissible par les différentes formes de contagions qu’elle prend avec la peste : bubonique et pulmonaire. La peste bubonique se transmet par les puces et l’infection des piqûres réalisées sur un humain et la peste pulmonaire se transmet par gouttelettes, donc par contact avec un autre individu contaminé. La peste pulmonaire étant la plus létale. La peste est donc résumée dans le texte de manière assez brève mais rend bien compte du fléau qui touche le monde à cette époque “Elle prenait les uns au bras gauche, les autres à l’aine et l’on en mourait dans les trois jours” ligne 3. La peste n’est plus ancrée dans les mémoires, la population n’a plus souvenir d’autres épisodes similaires qui se sont déroulés huit siècles auparavant en Europe. De fait, le système immunitaire des individus ne connaît plus ce danger et donc la mortalité est très importante. Seules les neufs premières lignes sur cinquante deux qui composent le texte sont consacrées à la peste, ce qui fait que l’auteur Jean le Bel en parle s’en s’y attarder. Le texte n’a donc pas pour but d’expliquer et de décrire la peste en elle-même, mais plutôt d’en décrire les conséquences dans certaines régions et auprès de certaines populations. 

On constate aussi dans les lignes suivantes l’incapacité totale de réactions et d’interventions médicales face à ce fléau. En effet, les médecins sont totalement absents du texte, Jean Le Bel ne voit pas la nécessité de le préciser tant la maladie prend une ampleur inégalable “peu de gens osaient aider ou visiter les malades” ligne 4. La forte contagion et la vitesse de propagation et de morts entraînent peu de réactions et d’aides pour les malades. Il semble y avoir un problème pour prendre en charge les personnes atteintes et les morts “ à peine trouvait-on quelqu’un pour oser habiller les malades ou toucher leurs draps” ligne 5 et 6. Guy de Chauliac, chirurgien français du XIVème siècle précise: « La maladie est fort humiliante pour les médecins qui étaient incapables de prêter une assistance quelconque. » L’impuissance des médecins est aussi mêlée à une incapacité de réaction des autorités religieuses. L'Église est placée au centre du problème car tous les maux sont rattachés au pouvoir ecclésiastique et à des actions divines. Dans ce texte, il est évident que l’on remet ce problème à Dieu : “Si les gens ne savaient que penser ni quel remède donner à l’encontre, plusieurs pensaient qu’il s’agissait d’un miracle et d’une vengeance de Dieu” lignes 7 à 8. Ne voyant donc aucune solution médicale ou dans les prières “Quand on s’aperçut que cette mortalité et pestilence ne cessaient point malgré les actes de pénitence” ligne 39 à 40 on s’en remet donc à penser que la peste vient d’une cause divine et est due aux péchés des Hommes sur terre. Les contemporains voient dans l’épidémie une flèche d’archers qui touchent tout le monde dans ce contexte de guerre. Malgré l’inaction et l’incapacité de L’Eglise, et son rôle central au sein de la société de l’époque, la population d’Europe occidentale va s’attacher à la religion. Ainsi, dans ce contexte apparaissent aux quatres coins de l’Europe des groupes d’individus appelés flagellants, qui se flagellent pour le pardon des hommes face à la colère de Dieu. Ils entreprennent cela pour la rémission des péchés des Hommes (cause selon eux de l’arrivée de la peste).

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