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La papauté d'Avignon

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Par   •  20 Février 2017  •  Dissertation  •  4 493 Mots (18 Pages)  •  1 055 Vues

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La papauté d’Avignon

Introduction :

La fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle est marqué par un affrontement politique entre Philippe IV dit le Bel et la papauté. En effet, Philippe le Bel a besoin de ressource pour entretenir son armée afin de maintenir sa capacité d’opposition et de soutenir la lutte face aux Anglais pour la conquête de la Guyenne, qui a débutée le 19 mai 1294. C’est pourquoi il décide de lever un impôt exceptionnel sur le clergé en 1295: la « décime ». Par la bulle « Clericis laïcos » du 25 février 1296, le pape Boniface VIII rappelle que le clergé ne peut être soumis à la perception de taxes sans l’autorisation du pape. Il impose aux clercs le refus de versement et ordonne au souverain et à leurs officiers de cesser d’exiger des taxes sous peine d’excommunication. Philippe le Bel prend alors des mesures de rétorsion : il interdit toute exportation de fonds hors du royaume de France vers l’Italie, ce qui a pour effet de priver le pape d'une part importante de ses ressources. Si le pape décide de capituler dans un premier temps et de se montrer bienveillant en canonisant Louis IX en 1297, les rapports avec le roi de France se tendent de plus en plus. En 1302, par la bulle « Unam Sanctam », Boniface VIII affirme la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, énonçant ainsi la supériorité du pape sur le roi. Philippe le Bel décide de réunir une assemblée de nobles et de bourgeois, qui approuvent un réquisitoire violent à l’encontre du pape. Puis, pour briser la résistance pontificale, il convoque un concile à Lyon en présence du pape, afin de remettre en cause la légitimité de ce dernier. C’est très important car normalement, seul le pape peut réunir un concile : Philippe le Bel a donc une réelle influence sur l’Eglise et il n’hésite pas à se dresser contre elle. Il envoie son garde des sceaux, Guillaume de Nogaret, arrêter le pape afin de le livrer au concile. Ce dernier se prépare à excommunier Philippe le Bel et de jeter l’interdit sur le royaume de France mais Nogaret est rejoint par Sciarra Colonna, ennemi de Boniface VIII, qui lui fait savoir que le pape s’est réfugié à Anagni. Le 7 septembre 1303, Nogaret envahi la ville et se rend au palais pontifical afin de présenter au pape le réquisitoire dressé contre lui et de lui annoncer son transfert en France afin de participer au concile : cet événement est connu sous le nom d’attentat d’Anagni. On parle d’attentat pour cet évènement car, selon un mythe apparu au XIXe siècle, le pape, sous la demande d’abdication, aurait répondu « voici mon cou, voici ma tête ». Sciarra Colonna aurait alors giflé le pape avec son gantelet de fer, avant que ce dernier ne traite Nogaret de « fils de Cathare ». Boniface VIII meurt quelques semaines plus tard. Son successeur, Benoit XI, est élu le 22 octobre 1303 et il excommunie ceux qui ont pris part à l’attentat d’Anagni. Devant les troubles qui secouent Rome, il s’enfui à Pérouse où il meurt le 7 juillet 1304, probablement empoisonné. L’histoire de la papauté bascule à ce moment précis. La papauté correspond au gouvernement de l'Église catholique, organisé de manière hiérarchique. L'Église est dirigée par le pape depuis le Saint-Siège, et par la Curie romaine, ensemble d’organismes appelés dicastères et chargés d’assister le pape dans le gouvernement de l’Église. Nous nous intéresserons donc à la papauté d’Avignon de 1305, date de l’élection de Clément V comme pape ; à 1378, à la mort de Grégoire XI, dernier pape d’Avignon.

Ainsi, dans quelle mesure l’installation de la papauté en Avignon est-elle révélatrice de la fondation d’une nouvelle capitale de la chrétienté ?

I/ La mise en place progressive de la papauté en Avignon

  1. Un « nomadisme pontifical » selon les historiens

Onze mois après la mort de Benoit XI, c’est au conclave à Pérouse, le 5 juin 1305, que les cardinaux portent à la tête de l'Église un français, Bertrand de Got alors archevêque de Bordeaux, qui choisit le nom de Clément V. Il est couronné à Lyon le 14 novembre 1305, six mois après sa désignation. Il renonce à retourner en Italie devant l’insécurité persistante qui y règne : en effet, Rome, ou plus généralement les Etats pontificaux, est sous la menace des risques liés aux luttes violentes entre les Guelfes, soutenant la papauté et les Gibelins, partisans de l’Empire romain germanique. Il entame une longue errance qui le fait passer par Cluny, Nevers, Bourges, Limoges ou encore Poitiers. Il reprend là une tradition des papes du XIIIème siècle, les papes successifs ayant en effet très peu résidés à Rome. Clément V se situe parfaitement dans cette tradition d’itinérance de la papauté et de la cour pontificale, tout comme son prédécesseur Boniface VIII, qui préférait sa résidence d’Anagni à Rome. Les historiens ont coutume d’appeler ce phénomène le nomadisme pontifical : ainsi, « là où est le pape, là est Rome ». Or, ce nomadisme pontifical présente de sérieux inconvénients, l’honneur d’accueillir le pape et les cardinaux revenant fort cher. Clément V décide de diviser sa cour afin de suivre des itinéraires différents mais la dispersion de ses collaborateurs rend le gouvernement de l’Eglise impossible. Clément V, de santé fragile, a bon espoir de regagner Rome mais il ne veut le faire qu’après avoir réglé toutes les questions litigieuses entre le roi de France et la papauté. C’est pourquoi il fixe un concile à Vienne et décide de s’installer à proximité, plus exactement à Avignon en 1309. A la suite de ce concile, qui se tient entre 1311 et 1312, il est contraint de dissoudre l’Ordre des Templiers le 3 avril 1312. Il ne peut empêcher le supplice de nombreux templiers qui, comme le Grand Maitre de l’Ordre Jacques de Molay, sont brulés vifs. Aussi, Philippe le Bel presse le pape et obtient l'absolution de Guillaume de Nogaret. Cependant Clément V s'oppose fermement au roi de France qui exige le procès de Boniface VIII, et, en représailles, il couronne Henri VII de Luxembourg empereur du Saint Empire Romain, aux dépens du candidat de Philippe le Bel. Après le concile, il quitte Avignon pour n’y retourner qu’à l’hiver 1312-1313 avant de quitter la ville définitivement. Il meurt à Roquemaure le 20 avril 1314.        

  1. Une installation due à des considérations politiques 

A ce moment-là, au début du 14ème siècle, Avignon est une ville moyenne, située dans le comté de Provence, qui compte entre 4.000 et 6.000 habitants. Le seigneur d’Avignon, Charles II d’Anjou, donc comte de Provence, se trouve être également roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem : à ce titre, il est vassal de l’Eglise. Par ailleurs, Avignon est à quelques kilomètres du comtat Venaissin, qui appartient également à l’Eglise depuis la fin du XIIIème siècle. Enfin, elle se situe près du royaume de France, à mi-chemin entre Paris et Rome, ce qui constitue un avantage important. En effet, Rome se trouve excentrée par rapport au centre de la chrétienté catholique : s’installer à Avignon permet ainsi de recentrer le siège de la chrétienté catholique. Avignon est d’ailleurs au carrefour de grands axes terrestres et fluviaux de l’Europe du Nord et du bassin Méditerranéen. C’est un point de passage obligé sur le Rhône en empruntant le pont Saint Bénézet, connu aujourd’hui comme le pont où l’on danse tous en rond. Aussi, la destruction de la muraille offre à la ville une capacité de développement important, les espaces vacants abondant dans la ville, offrant une place disponible à une possible installation de la papauté non négligeable. Enfin, la ville jouit d’une paix profonde depuis un demi-siècle, dominée par une population marchande soustraite aux pressions de la noblesse : en effet, Avignon est également une étape commerciale obligée mais également une ville fertile. Ces nombreux avantages qu’offre cette ville, le nouveau pape, le cardinal Jean Duèze, élu sous le nom de Jean XXII, les connait bien, car il fut évêque d’Avignon de 1310 à 1312, si bien qu’il s’y installe rapidement. Elu à 71 ans, âge canonique pour l'époque, il est, dans l'esprit des cardinaux électeurs, un pape de transition. Son pontificat est pourtant le plus long des papes d'Avignon.  

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