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Le terme de « kanak »

Fiche de lecture : Le terme de « kanak ». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2015  •  Fiche de lecture  •  635 Mots (3 Pages)  •  651 Vues

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Le terme de « kanak » vient de l'hawaïen kanaka signifiant « homme », « être humain » ou « homme libre »[réf. à confirmer]1. Le terme se généralisa au xixe siècle, à l'initiative des premiers navigateurs et marchands européens, sous la graphie « canaque » en français (Kanaka en anglais) à l'ensemble de l'océan Pacifique, pour désigner plus particulièrement les populations autochtones de ce qu'on appelle traditionnellement la Mélanésie, bien que certains récits du XIXe siècle l'utilisent également à propos des Marquisiens ou des Pascuans. Toujours est-il que le terme, lié dans cette graphie à l'imagerie coloniale2, prit peu à peu un sens plus ou moins péjoratif pour ne désigner que les populations autochtones de Nouvelle-Calédonie. Le mot fait ainsi partie des injures ou termes dépréciatifs utilisés par le capitaine Haddock dans la bande dessinée Tintin. À partir des années 1970, les autochtones se le réapproprièrent en le « re-océanisant » sous la graphie « kanak ». Le terme est aujourd'hui empreint d'une forte charge identitaire et est devenu l'un des symboles des revendications culturelles et politiques des néo-calédoniens autochtones.

Le chef historique de la revendication nationaliste et indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, à travers sa pièce Kanaké écrite pour le festival Mélanésia 2000 en 1975, a joué sur l'homonymie de ce terme avec le nom du héros d'un mythe régional de l'aire paicî, « Tein Kanaké », afin, selon Mounira Chatti, maître de conférences en littérature comparée à l'université de la Nouvelle-Calédonie, « de réaliser le glissement de Kanaké, code onomastique donné au héros dans les différentes versions du récit originel, vers un nouveau Kanaké, héros national qui parle au nom de la nation kanak. L'obsession de l'unité kanak amène le futur chef de file du mouvement indépendantiste à purger le mythe d'origine de son caractère régionaliste pour « le hisser au rang d'épopée nationale » (Bensa, 1987 : 428) »3. En citant Alban Bensa, Mounira Chatti souligne que « le mot « kanak » n'a rien à voir, « ni étymologiquement ni historiquement » (Bensa, 1987 : 428), avec le nom du héros Kanaké dont il est presque l'homonyme »4.

Dans une optique identitaire et uniquement en Nouvelle-Calédonie, l'adjectif comme le nom « kanak » seraient invariables en nombre et en genre. Cela étant, l'orthographe de ce mot est récente et a fortement évolué depuis les années 1970 :

jusque dans les années 1970, ce mot était orthographié canaque(s) ;

vers le milieu des années 1970, avec les revendications identitaires du peuple kanak, on a vu apparaitre l'orthographe kanak(e)(s)5 ;

du milieu des années 1980 aux années 1990, l'orthographe kanak(e)(s) a progressivement remplacé canaque(s) ;

durant la période dite des « Événements », le Gouvernement provisoire de Kanaky (GPK) présidé par Jean-Marie Tjibaou choisit, le 9 janvier 1985, la graphie « kanak invariable en genre et en nombre, quelle que soit la nature du mot, substantif, adjectif, adverbe » en remplacement de celle de canaque6. Cependant, il s'agissait alors d'une organisation parallèle

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