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Le règlement de Cyrène

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Par   •  19 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 726 Mots (7 Pages)  •  682 Vues

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Le règlement de Cyrène

Le document est extrait de DITTENBERGER (W.), Sylloge Inscriptionum Graecarum, IX, 1, n°1, 3ème édition, Leipzig, S. Hirzel, 1915-1924. Wilhelm DITTENBERGER (1840/1906 est un philologue et épigraphe allemand. Il a publié plusieurs recueils d’inscription comme celui-ci indispensables pour les antiquisants. La philologie est l’étude du langage à partir de documents écrits. L’épigraphie, celle des inscriptions réalisées sur des matières non putrescibles (pierre, argile, métal).

Nous sommes en présence d’un document épigraphique, une inscription très rare car utilisée à la fin de l’Antiquité. Le document est très mutilé, en particulier à la fin qui est fragmentaire et qu’on ne peut que tente d’interpréter.

La langue du texte est cependant homogène, il est écrit dans la Koinè, la langue commune, et non dans le dialecte dorien utilisé à Cyrène jusqu’à l’époque de Trajan. Cela prouve qu’il a été rédigé dans les bureaux d’Alexandrie, sous les auspices plus ou moins directs de Ptolémée 1er Sôter.

Les circonstances historiques sont les suivantes. Cyrène, cité grecque de l’actuelle côte libyenne, avait pris contact avec Alexandre lorsqu’il vint en Egypte, peut-être en raison de sa proximité avec le sanctuaire de Siwak Ammon. Cependant la cité n’entra dans l’ordre des nouveaux pouvoirs qu’après la disparition du conquérant.

Des guerres intestines (dans la cité même) avaient amené un parti d’exilés à faire appel à un mercenaire Thibron, devenu riche pour avoir aidé Harpale, trésorier d’Alexandre. Il les ramena chez eux, d’où le départ de leurs adversaires politiques vers Alexandrie auprès de Ptolémée qui venait d’être fait satrape d’Egypte au partage de Babylone. Il envoya Ophellas à Cyrène qui fit rentrer la ville dans sa mouvance, répartition confirmée après le partage de Triparadisos où il reçut « l’Egypte et la Libye, tous les pays qu’il pouvait conquérir par la lance vers le couchant du soleil ». Venu à Cyrène en 321 il promulgua alors ce règlement, ce « diagramma », qui définissait les bases de la future vie politique de la cité.

L’inscription détermine la composition du corps civique, le nombre et le mode de désignation des magistrats, la procédure judiciaire et les incompatibilités entre certaines professions et l’accès à certaines magistratures.

Nous organiserons notre étude autour de trois thèmes : les limites du corps civique, un système politico-judiciaire oligarchique et le poids de Ptolémée.

  1. Un politeuma fermé (cité, organisation, état)

D’emblée, le nombre de citoyens de plein droit est limité puisque fixé à 10000 citoyens actifs (cf. texte l.6). Pour en faire partie interviennent divers critères qui installent un système oligarchique. Il y en a d’abord que l’on pourrait qualifier d’ethniques : seront citoyens les fils de père et mère cyrénéens, les enfants nés d’une mère indigène à condition que celle-ci appartienne à une des tribus sous la dépendance de la ville (cf. texte l.1 et 2), c’est-à-dire installés entre Catabathmos (aujourd’hui Sollum) à l’est, et Authomalax (aujourd’hui Tindouf) à l’ouest, ou encore les colons cyrénéens installés au nord au-delà de Thinitis (cf. texte l.4). A ce premier type de critère vient s’ajouter un autre lié à la fortune, les propriétaires immobiliers devaient posséder un capital à 2000 drachmes attiques (20 mines cf. texte l.7 à 9), libres de charges c’est-à-dire d’hypothèques. On ne peut pas savoir si les biens de la femme entrent dans le calcul de cette somme ou non. Les détenteurs de capitaux mobiliers eux doivent garantir ceux-ci sur les biens immeubles de leur femme (cf. texte l.10) qui doit être égal au capital qu’ils possèdent et fait alors que leur cens est en réalité de 40 mines. Il y a là une méfiance non dissimulée et très grecque à l’encontre des fortunes qui ne sont pas constituées par des biens immédiatement revendables.

L’estimation de la valeur des biens de chaque citoyen étant une opération de longue haleine un collège spécial de 60 membres, devra être désigné par la Gérousie (cf. texte l.12). Comme ils n’auront pas le temps d’achever leur tâche pour permettre l’entrée en vigueur immédiate de leur constitution, on formera le politeuma en se servant des recensements antérieurs (l.14 15). Notons enfin que l’accès à la citoyenneté comme dans nombre de cités oligarchiques est limité par des critères d’âge, 30 ans (ici cf. texte l.11) : limite de la sagesse.

  1. Un système politique conservateur

Il ne pouvait guère en être autrement avec un recrutement citoyen aussi oligarchique et ploutocratique. Notons d’emblée qu’un certain nombre de citoyens ne peuvent exercer de magistratures dans la cité (cf. texte l.20/21). Il s’agit d’abord de gens qui travaillent pour l’Etat dont on n’est pas sûr de l’indépendance politique. Le médecin, pour lequel les Grecs éprouvent une certaine fascination/répulsion, est à mi-chemin entre ceux-ci et leurs suivants sur la liste (cf. texte l.39 à 44). Bien que le texte commence ici à devenir très mutilé, on n’a pas de peine à comprendre qu’un grand mépris social pèse sur certaines professions (maçons, portefaix = porteurs de charges, travailleurs manuels en général) qui les disqualifie pour exercer toute magistrature. On peut cependant se demander si la faiblesse de leur revenu leur permettait de toute manière de s’intégrer au corps des citoyens.

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