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Le Sacre De 1804

Commentaire de texte : Le Sacre De 1804. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Novembre 2014  •  Commentaire de texte  •  1 937 Mots (8 Pages)  •  621 Vues

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2 décembre 1804Sacre de Napoléon 1er

Le 2 décembre 1804 (11 Frimaire An XIII selon le calendrier républicain), Napoléon Bonaparte est sacré empereur des Français dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du pape Pie VII.

Natif de Corse et simple général de la Révolution française, à peine âgé de 35 ans, il reconstitue à son profit l'Empire de Charlemagne !

Beaucoup de Français se plient à ce surprenant archaïsme. Ils y voient le moyen d'empêcher à tout jamais le retour de l'ancienne dynastie des Capétiens.

Parmi ces Français qui craignent la restauration de l'Ancien Régime figurent les anciens députés de la Convention qui ont condamné à mort le roi Louis XVI et tous ceux qui ont acheté des biens nationaux ou se sont enrichis pendant la Révolution.

Le sacre leur offrira un répit de dix ans avant le retour de la monarchie.

De la Révolution à l'Empire

Le 25 mars 1802, à Amiens, l'Angleterre et la France ont signé un traité de paix qui met un point final à la deuxième coalition européenne contre la France.

Napoléon Bonaparte, qui gouverne la France en dictateur avec le titre de Premier Consul, profite de la paix retrouvée pour affermir son pouvoir à l'intérieur comme à l'extérieur. Il conclut avec le pape un concordat qui rétablit la paix religieuse à l'intérieur. Il consolide les conquêtes de la France sur la rive gauche du Rhin et resserre les liens avec les petits États d'Allemagne et la Suisse. Il se fait aussi attribuer le Consulat à vie. Mais l'opposition royaliste ne désarme pas pour autant. En faisant exécuter le jeune duc d'Enghien sans motif sérieux, Bonaparte terrorise celle-ci et rassure les anciens révolutionnaires.

La bourgeoisie, qu'inquiète la menace d'une restauration royaliste, adresse au Premier Consul des pétitions en vue d'instaurer l'hérédité dans sa famille comme garantie contre le retour des Bourbons. C'est ainsi que, par le sénatus-consulte du 28 floréal An XII (18 mai 1804), le Sénat déclare :

«Article premier.

Le gouvernement de la République est confié à un empereur, qui prend le titre d'Empereur des Français.

La justice se rend, au nom de l'empereur, par les officiers qu'il institue.

«Article 2.

Napoléon Bonaparte, premier consul actuel de la République, est empereur des Français.

«Article 3.

La dignité impériale est héréditaire dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon Bonaparte, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, et à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance.

«Article 4.

Napoléon Bonaparte peut adopter les enfants ou petits-enfants de ses frères, pourvu qu'ils aient atteint l'âge de dix-huit ans accomplis, et que lui-même n'ait point d'enfants mâles au moment de l'adoption.»

Ce texte curieux, aussi appelé «Constitution de l'An XII», institue une monarchie sans abolir formellement la République. En ressortant des archives le vieux titre d'empereur, qui renvoie à Charlemagne et à la Rome antique, il évite celui de roi, qui suscite la répulsion chez nombre d'anciens révolutionnaires. Mais il maintient dans le flou la procédure de succession héréditaire, qui ne laisse pas d'être compliquée. Napoléon s'en accommode car son épouse Joséphine (41 ans) l'a convaincu de sa stérilité... Il divorcera cinq ans plus tard, le 15 décembre 1809, dès qu'il aura eu la preuve du contraire, et épousera l'archiduchesse Marie-Louise (18 ans).

L'établissement de l'Empire coïncide avec le retour de la guerre. Celle-ci est déclarée trois jours plus tard, le 22 mai, à l'Angleterre. La paix d'Amiens aura été une parenthèse juste propice à faire un empereur !

Une Cour de bric et de broc

En attendant, dès le 19 mai 1804, Napoléon 1er, empereur d'un jour, porte à la dignité de maréchal d'Empire 14 de ses généraux, dont Bernadotte, Lannes, Berthier, Murat... C'est la «distribution des Aigles». Il reconstitue aussi dans son palais des Tuileries une cour à la façon de l'Ancien Régime, en octroyant des dignités ronflantes et des rentes généreuses à son entourage. C'est ainsi que Lebrun est fait architrésorier, Louis-Philippe de Ségur, grand-maître de cérémonie, Cambacérès, archichancelier, Talleyrand, grand chambellan... Il s'offre des insignes pour glorifier son règne : l'Aigle bien sûr et même l'abeille, vague réminiscence de l'époque de Clovis.

Ces initiatives s'ajoutant à la création de la Légion d'Honneur, deux ans plus tôt, témoignent de l'intention de l'empereur de forger une nouvelle noblesse en remplacement (ou en complément) de l'ancienne.

La «Constitution de l'An XII» est ratifiée par un plébiscite en novembre: 3.572.329 oui contre 2.579 non (rappelons que le scrutin n'est pas secret, les électeurs signant au choix le registre du oui ou celui du non). Parmi les opposants les plus notoires figure Lazare Carnot, l'«organisateur de la victoire», resté fidèle à ses convictions républicaines.

Le pape réquisitionné

Génie de la propagande et de la mise en scène, le nouvel empereur ne se contente pas d'une ratification de son titre par le peuple. Il veut une onction religieuse pour s'aligner sur les autres empereurs du moment, le tsar de Russie et le chef du Saint Empire romain germanique, qui règne à Vienne, ainsi que pour se démarquer du prétendant des Bourbons, Louis XVIII, qui n'a pas encore reçu le sacre.

Pour le lieu, il songe à Aix-la-Chapelle, ancienne capitale de Charlemagne, désormais chef-lieu de département français. Puis à Rome. Finalement, il se rallie à Paris bien qu'il craigne les sautes d'humeur de ses habitants. Plutôt que le Champ-de-Mars, encore palpitant des souvenirs de la Révolution, ou l'église Saint-Louis-des-Invalides, trop petite, il choisit la vénérable cathédrale Notre-Dame de Paris. L'empereur veut en faire le symbole de

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