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La nouvelle géographie amazonienne

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Par   •  8 Décembre 2013  •  2 500 Mots (10 Pages)  •  780 Vues

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La nouvelle géographie amazonienne

Les nouvelles tendances nationales, régionales et mondiales ont accentué la diversité interne de la région et ont dessiné une nouvelle géographie amazonienne, que les politiques publiques doivent prendre en considération de façon urgente (Becker, 1999).

La dynamique régionale des années 1990 a été intense et riche d’innovations, comme le montrent les processus de peuplement et l’utilisation du sol.

En ce qui concerne le peuplement, les faits marquants sont les suivants :

a) l’urbanisation s'est poursuivie, au point qu’en 2000 la population de la Région nord était urbaine à 69,07% .

b) l’immigration s'est relativement ralentie tandis que les migrations intra-régionales se sont intensifiées, ce qui met en évidence trois nouveaux couloirs d’occupation : le premier suit l’axe routier Cuiabá-Santarém, le deuxième suit la route Porto Velho-Manaus puis la route reliant Manaus au Venezuela, le troisième part de la basse vallée de l'Amazone et se dirige vers l’Amapa.

c) le processus de décentralisation administrative se poursuit, et le nombre des municipes se multiplie.

Pour ce qui est de l’utilisation du sol, des systèmes traditionnels se maintiennent alors que parallèlement émergent de nouveaux modèles. D’une part, le cycle expansion de l’élevage/exploitation forestière /déforestation continue à se reproduire, d’une façon toutefois moins extensive et se concentre particulièrement dans les zones déjà peuplées et sur les fronts d’expansion situés le long des nouveaux axes de peuplement. D’autre part, deux grandes innovations peuvent être constatées dans la région. La première porte sur l’introduction de l’agriculture capitalisée, avec l’agro-industrie des grains, principalement le soja. Si elle concernait jusqu'à présent les cerrados de l’ Etat du Mato Grosso, cette agro-industrie avance maintenant dans les Etats du Tocantins, Maranhão, Rondônia, vers les cerrados et les campos des Etats de l’Amazonas et du Roraima, ainsi que vers les régions d'élevage du sud-est de l’ Etat du Pará. Cependant la capitalisation de l’agriculture ne se réduit pas à cela. Il vaut la peine de noter qu'elle est présente aussi dans les environs de Marabá où des méthodes plus intensives améliorent l'élevage. La seconde innovation concerne le commerce écologique. L’idée selon laquelle la protection de l’environnement repose nécessairement sur l’amélioration du niveau de vie des populations est aujourd’hui assez généralisée dans la région. Les petits producteurs, les collecteurs de caoutchouc et les Indiens tentent ainsi de plus en plus souvent de vendre et de faire certifier leurs productions. Par ailleurs, les grands investisseurs entrevoient les importants profits que peut procurer la valorisation non prédatrice du capital naturel : le bois certifié issu de la gestion forestière, l’écotourisme, les plantations modernes d’açaí, entre autres.

L’agro-industrie, l’élevage amélioré, les productions certifiées constituent sans aucun doute une intensification jusqu’alors inconnue dans la région. Cette tendance s’accompagne d’un autre mouvement lié au marché des droits à polluer : parce que cela permet de fixer le carbone, la conservation des forêts ou le reboisement s’avère la plus rentable des nouvelles opportunités économiques régionales, mais l'opération comporte de fortes implications politiques.

Une observation attentive de ces processus suggère que l’Amazonie n’est plus la grande frontière nationale d’expansion économique et démographique responsable de la formation de ce qui a été appelé l'arc de déforestation ou encore arc du feu2. Des fronts de colonisation persistent localement, mais beaucoup d’entre eux découlent des dynamiques internes de la région, les migrations interrégionales s’étant réduites de manière significative au profit des migrations intra-régionales.

En ce sens, il faut prêter attention au dynamisme économique que connaissent le sud-est et le sud du Pará et le Mato Grosso. En sont rendues obsolètes deux images de la région. La première image fait référence à l'arc de déforestation, terme aujourd'hui inadéquat pour désigner cette région dynamique comprenant le Mato Grosso –l’un des plus importants producteurs de soja du pays, avec un rendement supérieur à celui des aires de production nord-américaines- et le Pará –dans lequel, outre les activités minérales et indépendamment des avantages fiscaux et des crédits spéciaux, se modernise l’élevage. Il ne s’agit définitivement plus d’une frontière, mais bien d’une zone de peuplement consolidé, incorporée au tissu productif national. La seconde image concerne la notion même d’Amazonie légale, construction géopolitique aujourd'hui vidée de son sens par la dynamique socio-économique de cette ceinture qui ne fait plus partie de l’Amazonie ni écologiquement, ni économiquement, ni culturellement. Malgré l'intérêt politique qu'il y a à maintenir l’Amazonie légale, cette notion et surtout celle d’arc dedéforestation ne sont plus des désignations adaptées à l’Amazonie dans la mesure où elles n’expriment plus la réalité régionale et, de ce fait, gênent la conception et la mise en pratique des politiques de développement régional.

De la politique d’occupation à la politique de consolidation et de développement

Un autre point proposé par la présente réflexion consiste donc à définir une nouvelle politique régionale. C'est une nécessité, après les politiques publiques conduites en Amazonie sans lien les unes avec les autres et parfois même contradictoires entre elles, ce qui reflète largement la méconnaissance de la nouvelle géographie amazonienne.

Si la diversité régionale s’accentue, elle ne se limite pas à l'intensification de la production dans certaines zones et à l'affermissement de la bordure. Aujourd'hui, dans la région, la tendance dominante est à la consolidation du peuplement et au développement. Les Etats de l'Amazonie brésilienne poursuivent à cet effet des stratégies diverses et veulent parvenir au développement durable. Tous retiennent l’écotourisme comme une des activités de base, mais leurs stratégies varient considérablement en fonction de leurs contextes historiques, culturels et politiques, de leur localisation géographique et du niveau atteint par le processus d'occupation. Le Mato Grosso, le Tocantins et, pour partie, le Pará, le Maranhão,

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