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La Guerre D'algérie

Mémoire : La Guerre D'algérie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Mai 2013  •  1 258 Mots (6 Pages)  •  1 069 Vues

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L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie

De 1954 à 1962, la guerre d'Algérie a été le conflit de décolonisation le plus douloureux pour la France. Conquise à partir de 1830, l'Algérie était la seule colonie de peuplement de l'empire français et comptait un million d'habitants européens en 1950. Elle était administrée comme la métropole : on y trouvait trois départements. Cependant, les populations musulmanes (Arabes et Berbères) n'obtiennent pas une réelle égalité des droits ni une représentation politique. Le 1er novembre 1954, le Front de libération nationale (FLN) lance une vague d'attentats. Le 18 mars 1962, les accords d'Évian sont signés et mettent fin à la guerre. C'est le temps de l'exil pour les Français d'Algérie – les « pieds-noirs » – et les Algériens combattant du côté de la France – les « harkis ».

Sur chaque rive de la Méditerranée, comment s'organise le travail des historiens sur les mémoires de la guerre d'Algérie ? Comment leurs recherches, souvent difficiles (car les archives se sont ouvertes progressivement mais certaines ne le sont toujours pas), ont-elles été diffusées dans l'opinion publique ?

1. En Algérie : mémoire de la guerre et identité nationale

La mémoire de la guerre comme événement fondateur de la nation

• En Algérie, au lendemain de l'indépendance, le FLN prend le pouvoir et instaure un système de parti unique. Il établit donc une version officielle de la façon dont la guerre doit être commémorée. Elle prend le nom de « guerre patriotique » ou de « guerre de libération ». Le but est de montrer que l'opposition à la colonisation française a soudé la nation, au-delà de la différence entre Arabes et Berbères. Le régime du FLN est d'inspiration socialiste (la guerre est parfois même appelée « révolution ») et passe des accords de coopération avec l'URSS. Cela conduit à célébrer les actions collectives, plutôt que les héroïsmes individuels. Le peuple est exalté, de même que le parti ou encore son armée, l'armée de libération nationale. Le pouvoir dénonce les crimes de guerre commis pendant le conflit, occultant les violences perpétrées par le FLN sur les autres partis ou contre les harkis et les Français après les accords d'Évian.

• Par ailleurs, le pouvoir algérien utilise la participation de ses dirigeants à la guerre pour justifier le fait qu'ils exercent le pouvoir. Cela n'empêche pas le parti de procéder à des purges en accusant certains de ses membres de trahison. Le héros de la guerre Ahmed Ben Bella, qui a été président de la République au lendemain de l'indépendance, est ainsi emprisonné par son rival et successeur Boumediene de 1963 à 1979.

• La mémoire de la présence française est souvent effacée : les monuments commémoratifs français, notamment ceux des deux guerres mondiales, sont détruits ou transformés, ou renvoyés en France, comme les statues de Jeanne d'Arc, ou encore les cloches des églises désaffectées après le départ des Européens.

Une mémoire polémique

• À partir des années 1980, ce discours est remis en cause par une partie de l'opinion publique. Les Berbères, et notamment les Kabyles, accusent l'État d'utiliser le mythe de la guerre nationale de libération pour justifier une politique d'arabisation, en imposant notamment la langue arabe comme seule langue d'enseignement.

• Le régime réagit alors en exaltant de nouveau les héros de la guerre et en faisant achever en 1982 un imposant mémorial destiné à la mémoire des martyrs, à Alger. Les termes de « martyr » et de « combattant » sont valorisés.

• Malgré cela, la participation à la guerre ne suffit plus à assurer un soutien unanime au régime. En 1992, les islamistes du Front islamique du salut remportent les élections législatives. Les dix années de guerre civile qui s'ensuivent se sont conclues par le maintien d'un pouvoir héritier duFLN.

De la mémoire à l'histoire ?

• Cela étant, le pouvoir continue à défendre une version officielle de la guerre. Le nombre des morts, fixé parfois à un million par le régime, ne peut toujours pas être vérifié par les historiens algériens faute d'un accès libre aux archives contrôlées par l'armée.

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