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LES INSTITUTIONS ET LA VIE POLITIQUE A ATHENES A L’EPOQUE CLASSIQUE (Ve-IVe SIECLES)

Cours : LES INSTITUTIONS ET LA VIE POLITIQUE A ATHENES A L’EPOQUE CLASSIQUE (Ve-IVe SIECLES). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2017  •  Cours  •  4 977 Mots (20 Pages)  •  1 929 Vues

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LES INSTITUTIONS

ET LA VIE POLITIQUE

A ATHENES A L’EPOQUE CLASSIQUE (Ve-IVe SIECLES)

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INTRODUCTION

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  • Ce que nous appelons la démocratie athénienne est un régime politique fruit d’un processus historique du VIe siècle : réforme de Solon, puis tyrannie des Pisistratides, le renversement d’Hippias en 510 (dernier des tyrans athéniens). Le renversement d’Hippias en 510 est provoqué non pas par un soulèvement du peuple mais par une action concertée entre des aristocrates athéniens et Sparte. La nature du régime était donc en suspens, mais les peuples pouvaient comme dans toutes les cités, s’assembler et constituer une force. Clisthène sut utiliser ce moment d’incertitude politique dans la lutte contre ses rivaux.
  • Aristote explique que lors de ce moment d’incertitude (après la mort d’Hippias en 510), il existait deux groupes politiques : d’un côté, une tendance aristocratique forte, de l’autre, Clisthène, aristocrate lui-même, mais qui a su s’appuyer sur le peuple pour avoir le pouvoir politique et pour mettre en place le cadre institutionnel de la future démocratie.
  • Le terme de démocratie est pour nous un terme commode pour qualifier l’ensemble des institutions, mais au sens strict, il ne se rapporte qu’au pouvoir du démos, du peuple assemblé. On peut dire que ce pouvoir s’est affirmé au moment des réformes de Clisthène en 508-507 et les a rendues possibles. Ces réformes ont consisté à établir de nouveaux cadres de la citoyenneté (état-civil, groupement des citoyens) et un conseil recruté de façon égalitaire pour préparer et faire exécuter les décisions du peuple.
  • Etudier la vie politique à Athènes, c’est d’abord s’intéresser à la citoyenneté. Quand on dit cité, il faut entendre la communauté des citoyens qui exercent un pouvoir sur des non citoyens (esclaves, étrangers, métèques, affranchis et femmes) et qui est capable de se défendre contre tout ennemi extérieur. Pour nous, il s’agit donc  de reconnaitre le citoyen, déterminer ses droits et ses devoirs, les pouvoirs dont il dispose pour assurer sa liberté. La question des pouvoirs du citoyen amène celle du fonctionnement de la démocratie directe avec ses principes et ses organes.
  • Le peuple sait se protéger contre tout abus de pouvoir des magistrats, mais, ce que les Grecs appellent la démagogie est un risque fréquent, mais surtout une question controversée car la cité est dirigée par ceux qui savent convaincre par la parole ou le prestige de qualités qui s’exercent dans le cadre de l’assemblée.
  • Les membres des grandes familles gardent jusqu’à Périclès une grande part dans la direction de la cité, ce qui est encore une limite de la démocratie, puis peu à peu, se dessine un changement dans le personnel politique.
  • La principale difficulté dans l’étude de la vie politique d’une cité comme Athènes vient de la distance entre la conception que nous, modernes, avons de la politique et celle que s’en faisaient les Grecs. Pour eux, il s’agissait de la vie d’une communauté et de la manière d’être et d’agir de chaque citoyen par rapport à sa communauté. Celle-ci s’occupait beaucoup de ce que l’on considérerait comme des affaires privées alors que le particulier était très sollicité pour les affaires publiques à cause du faible développement de l’appareil d’Etat.
  • On peut d’ailleurs lire de Benjamin Constant, « La liberté des Anciens comparée à celle des Modernes » dans le livre Ecrits politiques.

CITOYENS ET MAGISTRATS

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L’appartenance civique

  • Pour être reconnus comme citoyen, les athéniens doivent selon leur âge être inscrits dans différents groupements archaïques ou créés lors des réformes de Clisthène en 508-507.
  • Avant Clisthène, les groupements archaïques sont les quatre tribus ioniennes (Hoplètes, Géléontes, Argadeis, Aigikoreis). Cette partition en quatre tribus va être véritablement révolutionnée, modifiée par Clisthène. En effet, ce dernier va créer des nouvelles tribus. Il va passer de quatre à dix tribus. Des tribus territoriales auxquelles tous les citoyens mâles de plus de 18 ans doivent appartenir.
  • Avec Clisthène, on passe de 4 à 10 tribus. Le dème, un groupement villageois qui existe depuis longtemps subit quelques aménagements : certains villages sont regroupés pour former un seul dème. Et en ville, des quartiers sont individualisés en dèmes urbains.
  • L’Attique est divisé en trois secteurs : la Paralie (côte), la Mésogée (l’intérieur) et l’Astu (la ville). Chacune de ces trois régions était divisée en 10 districts ou Trittyes. Il y a donc 30 trittyes qui regroupent un  certain nombre de dèmes.
  • Mais l’élément essentiel du système est la tribu : les Athéniens sont répartis en 10 tribus ; chacune de ces tribus comprend 3 trittyes (une de la Paralie, une de la Mésogée et une de l’Astu).
  • En remodelant la géographie, Clisthène a donc sapé les fondements du pouvoir aristocratique qui s’appuyait alors sur les quatre tribus primitives. Cette nouvelle structure devient le cadre essentiel dans lequel les Athéniens ont à exercer leurs prérogatives civiles : sur la base de la tribu, ils choisiront les membres du conseil. Il y a 50 membres par tribu, donc 500 au total. Ils nomment leurs magistrats ; ils tireront au sort ou éliront ceux de leurs prêtres dont la charge n’est pas héréditaire. Ils éliront leurs stratèges, accompliront leur obligation militaire. La tribu, donc, se définit comme une portion représentative de l’ensemble de la cité.
  • Ce qui est novateur dans cette affaire, c’est faire en sorte que dans toutes les instances de décisions, à tous les niveaux, la population soit représentée sans tenir compte des clivages sociaux, des connivences de voisinages… il s’agit d’opérer un brassage qui puisse mettre fin aux pesanteurs sociologiques traditionnelles (entre autres le clientélisme). Ce système permettait d’intégrer les nouveaux citoyens par le recours au nom démotique (nom du dème) en principe destiné à se substituer au patronyme (nom du père). L’appartenance des citoyens n’est donc plus celle d’une famille, mais bien à la cité.
  • Cette nouvelle partition géographique a véritablement une portée politique majeure. La réforme de Clisthène se situe aussi dans un moment privilégié où la pensée politique et l’atmosphère intellectuelle se sont conjuguées pour imposer l’idée et une nécessaire solidarité et une vie commune déterminée par l’appartenance à une nouvelle entité politique. Plus généralement, la recherche d’une certaine adéquation entre espace et institution semble avoir été un souci constant aussi bien chez les législateurs, les responsables politiques, avant et après Clisthène, de Pythagore (fin du Ve siècle) à Aristote en passant par Platon. Cette préoccupation s’inscrit dans la perspective qui consiste à donner à la cité une bonne politeia, donc une bonne constitution. Enfin, l’appartenance à un territoire et non à une famille ou une classe sociale devient le socle même de l’exercice du pouvoir et de la souveraineté politique. Ce qu’a fait Clisthène est donc révolutionnaire.
  • A la différence de bien des cités oligarchiques comme Sparte où les critères d’appartenance au corps civique sont nombreux, la seule condition pour être citoyen à Athènes est la naissance. Jusqu’en 451-450, il suffisait d’être de père athénien pour être citoyen. A partir de cette date, selon un décret voté à l’initiative de Périclès, il faut être de père et de mère citoyen pour l’être aussi. L’octroi du droit de cité à un étranger ou un métèque est rare et demande un vote du peuple. Il faut avoir rendu de grands services pour être récompensé de cette façon.
  • La perte du droit de cité est l’atimie.
  • Parfois l’assemblée ostracise un citoyen. L’ostracisme n’est pas la perte du droit de cité. Il consiste tout simplement à exiler pour 10 ans un citoyen qui à son retour recouvrera ses droits et ses biens. La plupart des ostracisés sont des hommes politiques considérés comme dangereux pour la démocratie. Certains hommes politiques athéniens ont usé de ce droit dit démocratique pour retirer leur adversaire. L’ostracisme peut avoir lieu une fois par an et ne doit concerner qu’un athénien. C’est le peuple qui le décide dans une assemblé qui doit être complète (au moins 6000 votants donc). Surtout, le vote de l’ostracisme est l’occasion pour les hommes politique d’éliminer leurs rivaux et d’obtenir par la suite une certaine cohérence dans les décisions de l’assemblée du peuple.
  • S’agissant des femmes athénienne, elles sont appelées citoyennes car elles font partie de la communauté libre et solidaire des citoyens comme les hommes et transmettent la citoyenneté. Mais elles restent toujours mineures du point de vue politique judiciaire et économique, donc sans droits politiques ni d’agir en justice et sans droits de propriétés foncières. Elles sont toujours sous l’autorité d’un tuteur (kyrios) qui est un citoyen majeur : le père, le frère ou le mari ou un fils majeur. Le mariage donc n’est qu’un transfert de tutelle. Comme la femme, les enfants peuvent être considérés comme citoyens ou plutôt concitoyens.
  • L’enfant doit être reconnu par le père et accueilli dans une cérémonie familiale cinq jours après sa naissance. Les sources disent que jusqu’à ce moment, le père a la possibilité d’abandonner le bébé. C’est une des causes de la stagnation voire de la diminution du nombre des citoyens. Les textes nous disent que cette pratique toucherait plus les filles que les garçons. Mais on reste dans des pratiques marginales. Cette pratique est à relativiser car on n’a pas de chiffres…
  • L’enfant reconnu est présenté à la fratrie de son père au cours de sa première année et est à nouveau présenté entre 14 et 16 ans.
  • L’éducation athénienne, contrairement à celle de Sparte est laissée au soin des particuliers, c’est une affaire privée. D’où le caractère peu démocratique de cette éducation. Puisque seuls les enfants de familles riches ont le droit à la meilleure éducation, contrairement à Sparte où tous les enfants suivent le même processus éducatif, ce qui relativise en quelque sorte l’aspect oligarchique du régime spartiate. Athènes offre des installations ou bâtiments pour les exercices physiques (gymnases, stades…). L’enfant reçoit une formation physique mais reçoit aussi de la part de maitres privés une formation musicale, intellectuelle, morale et civique dont le contenu est hérité de la formation aristocratique archaïque. Ainsi,  la poésie est apprise et chantée. S’ajoute la lecture, l’écriture, le calcul. A partir du milieu du Ve siècle, l’apprentissage de la rhétorique qui s’adresse à un public fortuné à cause du prix très élevé des leçons données par les sophistes, permet aux citoyens ambitieux, souvent un jeune aristocrates de l’emporter dans les discours devant les tribunaux ou l’assemblée du peuple car l’homme politique grec devait maitriser deux arts : la guerre et la rhétorique.
  • Mais à Athènes, la formation civique officielle ne concerne que l’éphébie (une formation militaire, service militaire d’une durée de deux ans). L’institution de l’éphébie est connue au IVe siècle, en particulier sous sa forme réorganisée par Licurgue en 335 et telle que la Constitution des athéniens d’Aristote la présente. A 18 ans, le citoyen suit première année d’instruction suite à laquelle il prête le serment devant l’assemblée de bien servir sa patrie. il reçoit une lance et un bouclier et passe une seconde année en garnison dans les forteresses de l’Attique, au Pirée ou aux frontières.

Les devoirs du citoyen

  • Le premier devoir du citoyen, c’est de défendre le territoire et maintenir et accroitre la puissance de sa patrie. Pour les Athéniens, la guerre est un moyen d’acquisition matérielle. Les citoyens sont mobilisables par tribu dans l’armée active de 20 à 49 ans et dans la réserve territoriale de 50 à 59 ans.
  • Normalement le citoyen ne paie pas d’impôts car la cité a ses ressources propres.
  • Le citoyen peut désormais recevoir de la cité des revenus en cas de recettes extraordinaires. Les athéniens sont donc jaloux de leur citoyenneté car elle leur permet un certain nombre de privilèges. Toutefois, les citoyens les plus riches sont soumis à tour de rôle aux liturgies. Ce n’est pas considéré comme une exploitation puisque ces charges leur donnent l’occasion de briller aux yeux de tous. A cause des diminutions des ressources provenant de la dimension impériale d’Athènes et donc de ses dépenses militaires, l’Assemblée décida de lever de manière intermittente (le premier témoignage est de 428), puis tous les ans à partir de 347-348 un impôt de guerre : l’eisphora, dont elle fixait le montant.
  • Les droits des citoyens sont des droits politiques. Le premier est celui d’être propriétaire d’un lot, un Kléros, de la terre civique. Il y a bien évidemment de grands et de petits propriétaires. Il y a aussi un certain nombre d’Athéniens qui ne sont pas propriétaires mais artisans ou commerçants. Alors que dans d’autres cités, il y a des troubles, des revendications de partage des terres. Pour le cas d’Athènes, la cité à cette époque n’est plus concernée par cette question. La revendication d’égalité s’est donc transférée dans un autre aspect de la vie politique : l’égalité en pouvoir et en droit : d’abord en justice puis dans les décisions sur les affaires communes.

UN POUVOIR COLLECTIF

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