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Histoire de la théière

Note de Recherches : Histoire de la théière. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2013  •  638 Mots (3 Pages)  •  748 Vues

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En 1906, un vieux paysan raconte qu’il avait ajouté un pain de sucre tout entier, avec le papier et la ficelle, à l’eau bouillante d’une théière. Récit véritable ou simple fable, ce témoignage rappelle que le processus de diffusion du thé à l’ensemble de la société marocaine s’est achevé il y a seulement une centaine d’années. L’actuelle boisson nationale du Maroc a en effet été empruntée aux Anglais déjà épris de cette plante, issue d’Orient. Les cas d’aliments emblématiques de certaines régions du globe empruntées à d’autres sont très courants ; il n’est qu’à penser, par exemple, à la tomate qui, malgré son origine américaine et son nom aztèque, est aujourd’hui un élément fondamental de la cuisine méditerranéenne. Une des particularités du thé est qu’il ne s’est pas imposé seul : les ustensiles servant à sa préparation sont également devenus des éléments constitutifs d’une certaine idée de l’identité marocaine. En effet, le thé est indissociable de la théière, incontestable emblème de l’imagerie du royaume. L’histoire de la théière marocaine met au jour le rôle des initiatives personnelles dans le processus d’emprunt et souligne l’impact que peut avoir un simple objet sur l’ensemble d’un mode de production.

Au Maroc, dès le début du protectorat, des voix françaises s’élèvent pour dénoncer la tendance des artisans à copier des produits d’importation européenne. En effet, les Français constatent alors que beaucoup d’articles de l’artisanat marocain s’inspirent d’objets issus du nord de la Méditerranée : tables, guéridons, armoires peintes, orfèvrerie Louis XVI, miroirs du Midi de la France, etc. Face à ce constat des plus regrettables à leurs yeux, les acteurs du protectorat s’engagent dans la relance des savoir-faire anciens afin de promouvoir des formes et des décors hérités de l’Espagne mauresque et de la Perse. Derrière cet apparent conservatisme éclairé visant à préserver la splendeur de l’artisanat local, la politique du protectorat permet d’assurer des débouchés aux marchandises manufacturées européennes sans donner la possibilité à la population marocaine de produire elle-même ces objets. C’est cependant grâce à cette capacité de l’artisanat marocain à copier des objets étrangers que la théière est devenue un des symboles incontournables du mode de vie marocain.

À l’occasion d’une courte visite effectuée au Maroc en 1929, l’anthropologue français Marcel Mauss observe que certains potiers fabriquent des tasses et des théières imitant des faïences européennes. Les photographies de la première moitié du 19ème siècle montrent en effet que certaines riches familles marocaines, s’inspirant de l’étiquette anglaise, utilisent des théières en terre cuite. Mais ce sont surtout les théières en métal anglais qui inondent alors les souks du pays au côté des verres à thé français, des plateaux allemands, des bouilloires belges et françaises et des samovars anglais.

La force de pénétration des théières anglaises sur le marché marocain est la conséquence d’une fine analyse des goûts et des besoins de la population locale, analyse à laquelle des entrepreneurs marocains contribuent fortement. En effet, l’invasion du marché par des produits manufacturés profite des compétences d’une élite

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