Turquie, éternel parent pauvre de l’Europe ?

Turquie, éternel parent pauvre de l’Europe ?

1

Nigar Göksel

rédactrice en chef, Turkish Policy Quarterly

Les incertitudes concernant les orientations de la Turquie et celles

concernant la cohésion économique etstratégique de l’Union européenne,

ont rendu encore plus ardues les relations, déjà complexes, entre la

Turquie et l’Europe. La forme que prendront ces relations demeure

aléatoire, toutefois, des initiatives peuvent s’avérer bénéfiques à court

terme pour les deux parties et renforcer la probabilité d’un scénario positif

à long terme.

Il existe deux scénarios relativement positifs concernant les relations

Turquie-UE. Le premier suppose que laTurquie devienne un Etat membre

d’une Union européenne plus souple, à géométrie variable ; le second

implique que la Turquie, sans en être membre, devienne un partenaire

démocratique de l’Union européenne, bien intégré et capable d’en

promouvoir les valeurs positives et les normes de gouvernance auprès de

ses pays voisins de l’est et du sud. Lamise en œuvre de l’un ou l’autre de

ces scénarios requiert que l’on dépasse les préjugés mutuels et leurs

conséquences sur les discours et les décisions politiques. De même,

parvenir à une issue positive exige un soutien actif à la société civile

turque pro-démocratique et nécessiteune attitude ferme à l’égard de

l’équilibre des pouvoirs dans le pays. Cette perspective serait également

favorisée par la possibilité, pour les citoyens turcs, de voyager sans visa,

et par le développement d’initiatives conjointes avec les pays voisins de la

Turquie.

De tels progrès peuvent aplanir efficacement le terrain en vue d’une

adhésion future, si les blocages formels se trouvent finalement écartés.

Et, même si des obstacles demeurent, ces progrès permettraient dans

tous les cas de stimuler les intérêts économiques communs, si souvent

mentionnés ; ils favoriseraient l’émergence en Turquie d’un contexte

national moins conflictuel, davantage pluraliste, et aideraient à générer

des synergies positives avec les pays voisins. Par conséquent, ces projets

réalistes devraient obtenir, dans l’UE et en Turquie, un soutien

...