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Les historiens et les mémoires de la Seconde guerre mondiale

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Par   •  9 Novembre 2014  •  Fiche de lecture  •  3 770 Mots (16 Pages)  •  832 Vues

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Les mémoires : lecture historique.

Les historiens et les mémoires de la Seconde guerre mondiale.

Cours introductif / introduction : 1h

Leçon difficile : peu de temps (4h maxi) invitant à réfléchir à la fois sur les différents régimes mémoriels, leur succession comme leur élaboration par les sociétés et les pouvoirs publics mais aussi, sur un autre plan, par l’historien. Les sujets de compo ou d’explication seront donc sanguinaires si on ne traite pas les trois choses : Or, le manuel ne traite que très maladroitement les différents régimes mémoriels et leur succession… (découpage hautement discutable d’ailleurs !).

Phase 1

On ne se propose de faire réfléchir les élèves sur les pp 60-61 : « des épisodes qui ont marqué la mémoire collective », en faisant apparaître les thèmes chauds de la défaite, de la Résistance, de la collaboration et de la Déportation. On fait réfléchir à la notion de mémoire. Puis, on s’intéresse aux évolutions de la commémoration du 8 mai en France : l’idée est de montrer que le même évènement du passé peut donner lieu à des perceptions différentes, liées au contexte, à l’idéologie : il y a processus mémoriel, tenant du social et du politique, aboutissant à une mémoire officielle de l’Etat, qui mène une politique mémorielle.

Le texte 2 p 65 : Delà, face à ces usages du passé, il faut replacer le travail critique de l’historien. La lecture historique, par ses exigences scientifiques, « objectives », permet non seulement de dégager ces différents usages, mais aussi leur évolution sous les différents régimes mémoriels. L’Historien est par ailleurs convoqué à comparaître comme juge ou pire avocat général ! = place de la cité.

Phase 2

Construction du schéma heuristique.

Phase 3 : rédaction d’une introduction.

La célébration du 8 mai 1945 a son histoire : il a fallu attendre le début des années 1950 pour qu’il soit férié (mais non payé), pour le voir disparaître sous VGE au nom de l’amitié franco-allemande et le voir réapparaître en 1981 sous F Mitterrand, peut-être pour mettre en avant son éminent passé de résistant. Cet exemple montre à quel point l’histoire peut donner lieu à des usages et des constructions mémorielles, et qu’ils évoluent dans le temps et qu’il appartient à l’historien d’en faire l’étude la plus objective et scientifique possible (1). En effet, la mémoire est un rapport subjectif au passé, qui procède par sélection des évènements. Elle peut être la restitution d’un seul témoin (elle est alors individuelle) ou d’un groupe (elle est collective) qui perpétue sa vision propre du passé. Ces mémoires permettent d’élaborer une identité de groupe, par des acteurs (associations, médias, groupes de pression politique) et peuvent gagner la mémoire officielle retenue par l’Etat, qui adopte un positionnement officiel à l’égard du passé. Ce processus mémoriel, produit sociopolitique, n’est pas l’Histoire, écriture et lecture autant que possible objectives et scientifiques du passé. Il appartient ainsi à l’historien de pratiquer une lecture du passé, non seulement d’analyser la Seconde guerre mondiale, mais aussi la façon dont les Français, profondément traumatisés par ce conflit, la collaboration, la déportation, ont pu construire progressivement des représentations du passé particulièrement divergentes (2-3). En l’occurrence, pour reprendre l’expression d’A. Wieviorka, au tournant des années 70, l’historien doit dégager deux régimes mémoriels, l’un célébrant les résistants (en pointant Buchenwald), l’autre, commémorant les victimes (en pointant alors Auschwitz) (4).

I. Le régime mémoriel résistancialiste et son affaiblissement (1945-années 60)

A l’issue de la Seconde guerre mondiale, la société française est fragmentée, divisée, sous le coup d’un passé proche insupportable : défaite humiliante, collaboration, déportation. Elle se réconcilie dans une vision du passé faisant la part belle aux figures héroïques de la Résistance. L’unité des Français peut donc se reconstruire sous un régime mémoriel garanti par une histoire officielle commode : l’insupportable douleur des déportés raciaux ne peut pas être entendue.

1.1. Une société fragmentée face aux évènements de la Seconde guerre mondiale : le rôle de l’amnestie / amnésie

En 1945, dans un quotidien sombre (la France est ruinée et toujours rationnée), la société française doit affronter le terrible leg de quatre ans de collaboration, de privations terribles, de déportation.

Dans un premier temps, la haine déferle : on cherche des coupables, on les exécute sommairement. Chacun se prend pour un justicier. C’est l’épuration sauvage, l’exécution sommaire des miliciens capturés, des trafiquants du marché noir, des indicateurs, etc. sont parfois exécutés, en réponse aux massacres perpétrés sous l’occupation. Les incidents se multiplient. Huées publiques, croix gammées sur les maisons des traîtres, tontes de femmes compromises, enlèvements, séquestrations, exécutions sommaires. Pour des raisons d’ordre public évidentes, elle est vite stoppée par le nouveau pouvoir dès septembre 1944 : elle aura fait 9000 morts !

Les résistants souhaitent une justice prompte, mais légale, préalable à toute reconstruction d'une France nouvelle. Mais la justice n’aura pas la main lourde : 767 exécutions décidées par des cours de justice (pour 160 000 dossiers instruits) : c’est bien moins que dans tous les autres pays occupés. Comment expliquer une telle clémence ? D’abord, il était exclue de décapiter le personnel administratif, même compromis : il fallait gouverner la France en 1945. La restauration de l'État prime, pour survivre et s'imposer face aux Alliés. Ce même raisonnement fut appliqué à l'épuration économique. Ainsi, dans les BTP, les mêmes firmes qui avaient prospéré avec la construction du Mur de l'Atlantique bénéficient du marché de la remise en état des communications…

Mais une très nette majorité est prête à accepter les propositions du Gouvernement provisoire pour le retour à la normale : châtiment des collaborateurs les plus connus, refus de tout amalgame entre les chantres de la France allemande et les exécutants de la Révolution nationale. Une punition par le haut, sans examen

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