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Les Antillais

Étude de cas : Les Antillais. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2013  •  Étude de cas  •  10 302 Mots (42 Pages)  •  793 Vues

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I. Le comportement physique et social

Les attitudes physiques

Dans les gestes les plus quotidiens des Antillais, on retrouve l'origine africaine.

Comme les premiers esclaves africains que nous décrit le Père Du Tertre, les femmes antillaises portent encore leurs enfants sur la hanche. De plus l'habitude si répandue ici de porter les enfants « à dada », c'est-à-dire à califourchon sur le dos, n'est-elle pas une survivance un peu dégradée (le pagne s'étant perdu en route) de la manière traditionnelle de porter les enfants en Afrique ?

Comme en Afrique, également, les Antillais portent les objets légers sur le plat de la main retournée et les fardeaux les plus lourds sur la tête. (Remarquons le rôle des femmes dans le maintien de ces gestes antiques).

Notons que ces survivances qui sont profondément ancrées dans le corps sont tout à fait indépendantes du type physique.

Tout au plus peuvent-elles être liées à la classe sociale. Une antillaise dont le statut socio-professionnel implique l'obligation de transporter des fardeaux portera ainsi quelle que soit son origine ethnique.

Tant il est vrai que la culture étant essentiellement apprise, elle n'est pas absolument liée au type physique ou racial.

Le comportement « social »

Dans les sociétés précoloniales d'Afrique Occidentale, l'individu était pris dans un réseau de relations sociales et politiques fort complexe. Bien sûr, ces systèmes sociaux africains ne pouvaient guère coexister en Amérique avec le système esclavagiste. Pourtant, dans le comportement social de l'Antillais, dans ses modes de relations avec autrui subsistent bien des traits d'origine africaine. Pour les analyser, nous irons du moins au plus institutionnalisé

L'étiquette

Il y a, chez les Antillais, et plus généralement chez les Noirs d'Amérique un code de politesse auquel on obéit très strictement.

En Martinique, certaines vieilles personnes détournent encore le visage quand elles rient ; le geste de se couvrir la bouche de la main dans cette même circonstance est encore plus fréquent et se retrouve encore même chez les jeunes ruraux. Selon Herskovits qui a observé les mêmes comportements aux États-Unis, ce sont des attitudes d'origine africaine.

Lorsque deux Antillais se rencontrent, leur échange se fait sous la forme d'un dialogue institutionnalisé, c'est-à-dire que tandis que l'un parle, l'autre acquiesce rituellement : « Oui, Han-Han, Ebin, ou ka conprann.... »

Mais, qui plus est, ce comportement se retrouve dans une situation irréciproque ou un individu d'une autre culture (par exemple occidentale) ne songerait pas a acquiescer. Ainsi, exposé, conférence, explication donnée par un guide etc... peuvent être ponctués par des « oui monsieur »... au moins lorsque l'auditoire est d'origine modeste.

Cette attitude se constate également chez les Noirs des États-Unis et a même été institutionnalisé par les Pasteurs Noirs. (Oh oui, oh non...).

Il faut la rapprocher de la conception africaine de la politesse d'après laquelle écouter passivement les paroles d'autrui c'est se montrer impoli.

Enfin, un chapitre important de la politesse, et même de la morale antillaise c'est le respect dû aux aînés. Nous traiterons ce point plus loin.

Les formes de coopération

La solidarité est un élément important de l'éthique africaine, elle cimente le groupe et se traduit par des habitudes de coopération dans le domaine économique.

Cette pratique de la solidarité ne pouvait qu'être renforcée par l'esclavage : en effet, l'organisation du travail sur les plantations [1] participa certainement a maintenir les habitudes de labeur en commun. D'autre part, les esclaves, livrés à eux-mêmes en dehors de la tâche exigée, durent organiser leur vie et leur survie et ils ne le purent que grâce à leur pratique de l'entraide. Aujourd'hui encore les pratiques de solidarité de l'Afrique subsistent dans la masse rurale encore imparfaitement intégrée à l'économie moderne.

Le travail coopératif

Dans les Antilles rurales, pour accomplir une tâche importante (défricher et retourner un champ, mais aussi bâtir une maison, grager du manioc...) on fait très rarement appel au travail salarié [2]. On organise plutôt un assaut - l'assaut-tè par exemple : les hommes du voisinage se réunissent sur, la terre à défricher ou labourer. Les femmes servent les boissons et préparent la nourriture - boissons et nourriture qui sont offertes par le propriétaire ; les hommes s'encouragent par des chants, des plaisanteries, des défis... Autrefois même, le propriétaire s'assurait le concours d'un orchestre, ou au moins d'un joueur de tam-tam :

« ... Le jour voulu, tous ils viennent avec des houes, des coutelas, pioches, bêches. On n'a qu'à préparer le chaudron de légumes (et de porc salé), le barillet de rhum et le tam-tam [3] ».

Cette forme d'organisation du travail se retrouve en Guadeloupe (c'est le convoi), à Trinidad (Gayap), en Haïti (c'est le célèbre coumbite décrit par Roumain), aux États-Unis et plus généralement, partout dans le continent américain ou il y a de fortes concentrations de Noirs.

« Cependant, l'assaut coûte cher, nous dit Revert, à cause de la réception qui l'accompagne. On se contente de plus en plus maintenant de “coups de main” donnés entre voisins, à charge de revanche ».

Bastide note la même évolution en Haïti de l'association (échange de travail contre monnaie ou nourriture) à la ron -qu'il fait venir du français : la ronde (échange de travail contre du travail). Bastide pense également que le travail collectif en Haïti était lié à la grande famille étendue (Laku) qui a son origine en Afrique.

Tout en reconnaissant l'importance du travail collectif pour les sociétés noires, divers auteurs ont mis en doute son origine exclusivement africaine. Bastide fait remarquer que ces pratiques existent dans les sociétés paysannes traditionnelles d'Europe. Celles qu'il appelle les sociétés folk.

Cependant, Herskovits avait déjà remarqué que si le travail coopératif existait bien parmi les premiers colons américains (« les pionniers »),

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