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La Luttes nationalistes et politique coloniale

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Par   •  22 Février 2013  •  3 195 Mots (13 Pages)  •  1 125 Vues

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Luttes nationalistes et politique coloniale

Point de vue | par Ibrahima Thioub le 9 juin 2005

Thématiques

Afrique

Dès avant la fin du second conflit mondial, la France a entrepris une série de réformes dans ses colonies d’Afrique au sud du Sahara, inaugurée par la conférence de Brazzaville, en vue de faire face à la nouvelle donne politique sur l’échiquier mondial et dans son propre empire colonial.

Ces précautions n’ont pas permis de contenir la dynamique du mouvement nationaliste. Certes les situations ont été fort diverses, d’un territoire à l’autre, mais les organisations et les hommes qui ont conduit le combat d’émancipation ont eu à confronter la brutale réponse de l’administration et la résistance des milieux partisans du maintien du statu quo colonial.

Cette situation d’affrontement entre mouvement nationaliste en plein essor et ordre colonial en difficulté prévaut dans l’ensemble de l’empire français. L’importance et la complexité des problèmes qu’elle pose divorcent radicalement avec la fragilité des coalitions gouvernementales métropolitaines, soumises aux intrigues et combinaisons, propres au « système des partis » de la IVe République. Si plus d’une fois les gouvernements ont perdu la confiance du Parlement sur des questions coloniales, le caractère éphémère des ministères et le rapide passage des titulaires du portefeuille de la France d’outre-mer n’ont guère facilité la mise en place d’une politique inscrite sur le moyen terme apte à faire face aux problèmes de l’empire, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il n’est alors pas étonnant que cette période soit témoin de la crise et de l’effondrement de l’empire français. Le raccourcissement de l’espérance de vie des constitutions et des institutions mises en place pour répondre aux mutations qui affectent le domaine colonial rendent compte de la profondeur de la crise qui s’exprime dans le déphasage permanent entre les réformes mises en oeuvre et le rythme des mutations en cours. Dès leur état d’ébauche, la plupart des réformes tombent en désuétude, soumises aux effets dévastateurs d’un puissant mouvement de revendications sociales et politiques de plus en plus exigeant.

En AOF [1], l’expression la plus radicale de ces revendications a été formulée au congrès constitutif du RDA. Cet acte fondateur fut le prélude à cinq années de lutte et de répression sur plusieurs fronts, à l’origine des avancées considérables dans le domaine des libertés politiques et démocratiques, du statut civil des colonisés, des droits du travail, etc. À cette vague montante, les partis politiques métropolitains opposés aux demandes contenues dans le Manifeste du RDA issu du congrès de Bamako de 1946 ont adhéré au discours consistant à « diaboliser » l’apparentement des élus du RDA au groupe inter-parlementaire dirigé par le PCF.

En conséquence, le projet de la Rue Oudinot d’anéantir le radicalisme des positions du RDA s’est adossé sur deux lignes directrices complémentaires : démanteler l’organisation par une répression systématique de ses militants ou soustraire ses leaders à la forte influence que les communistes exerçaient sur eux par le biais des syndicats affiliés à la Confédération générale du travail et des GEC. Ce travail de sape, poursuivi avec un esprit de suite exceptionnel chez les gouvernements de la IVe République, a fini par porter ses fruits.

Paul Béchard d’abord...

L’offensive de l’administration coloniale s’est accélérée avec le départ des communistes du gouvernement intervenu le 5 mai 1947. La nomination de Laurent Péchoux au poste de gouverneur de la Côte d’Ivoire, avec pour mission de « nettoyer l’administration Latrille », traduit parfaitement l’option de la Rue Oudinot et de Dakar de domestiquer l’aile la plus radicale du mouvement nationaliste en Afrique française. La tâche ne fut pas aisée puisque le mouvement a non seulement réussi à contenir le choc mais il a pris l’initiative de l’affrontement dans certains territoires.

Les fondements de cette politique répressive se dévoilent dans l’analyse de la situation livrée par l’administration à travers le rapport de Paul Béchard, alors gouverneur général de l’AOF. Ce rapport montre l’incapacité de l’administration à se mettre à la hauteur des changements considérables et de tous ordres intervenus avec la Seconde Guerre mondiale. Les plus éclairés de ses représentants à l’échelle locale ou fédérale ont été incapables d’inscrire leur action dans le sillage des résultats de la conférence de Brazzaville au demeurant considéré comme un programme minimal par les éléments les plus modérés du mouvement nationaliste en Afrique ou vigoureusement contesté par les plus radicaux.

En février 1950, le haut-commissaire présente à la Rue Oudinot un rapport replaçant l’agitation dans le cadre de l’évolution politique générale de la Côte d’Ivoire et rappelant par quelles voies le RDA en est arrivé à la position actuelle de violence ouverte contre les autres partis à travers lesquels il cherche à atteindre l’autorité française. Le document explique l’origine de la puissance du RDA, résultat du soutien dont bénéficia cette organisation dans ses débuts, sous la direction de Houphouët-Boigny, médecin africain auquel son origine princière assurait un réel prestige. Prenant appui sur la bienveillante attitude de l’administration, le RDA aurait déclaré une guerre à outrance contre le commandement indigène. Il affirme que sans tomber dans la hantise du communisme et sans vouloir découvrir partout des émissaires du Kremlin, il était bon de signaler que le PC ne s’est jamais désintéressé de l’Afrique noire, et que son action parfaitement logique a été un facteur important du développement du RDA. L’un des dangers, et non le moindre, que présente le RDA provient de ce qu’il bénéficie de l’expérience communiste. Selon Béchard, le RDA devenu avec l’appui de l’administration « parti unique tout puisant [recueillant] 100 % des suffrages » en Côte d’Ivoire se renforça considérablement avec l’apparentement de ses élus à l’Union républicaine et résistante sous obédience communiste.

À l’appui de sa thèse, Béchard apporte plusieurs éléments destinés à prouver « l’insidieuse mais efficace action des hommes du PCF militant au RDA, inspirant et dirigeant le parti [africain] qu’ils jugeaient le plus propre à réaliser leurs desseins

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