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L'histoire du bocage en France

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Par   •  12 Novembre 2017  •  Dissertation  •  1 537 Mots (7 Pages)  •  1 066 Vues

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Thomas PAUTI                                                                                                 06/11/17

LA FORMATION DU BOCAGE EN FRANCE

Comme le souligne Jean-Robert PITTE, dans son ouvrage Histoire du paysage français, les érudits du XIXe siècle savaient déjà que le bocage n’a rien d’originel. L’ouvrage, publié en 1983, retrace les évolutions du paysage par le biais d’une géographie physique, historique et culturelle. L’auteur, Jean-Robert PITTE, est un géographe spécialiste du paysage. Ce devoir tente de retracer les grandes périodes de mise en place du bocage sur le territoire français. Le bocage est un paysage d’enclos, associé à un habitat dispersé. Il est à rattacher à un régime agraire individualiste, et à une forme irrégulière de parcelles. Ainsi énoncée, cette définition s’oppose à celle de l’openfield.

Il s’agira de questionner l’ouvrage sur les ressorts et les modalités de la formation du bocage en France.

Des éléments de bocage peuvent se constater dès la préhistoire. La première phase d’un véritable embocagement s’amorce, ensuite, au Moyen Age. Les XVIIIe et XIXe correspondent à la grande vague bocagère. Nous étudierons, finalement, les causes de la diminution du bocage au XXe siècle.

De la Préhistoire au haut Moyen-Age : apparition d’un constituant du bocage : l’enclos

La naissance du bocage est difficile à dater précisément. Par le biais de travaux archéologiques, on en retrouve des composantes dès le néolithique : les agriculteurs / éleveurs qu’étaient les chasséens se sédentarisent et certains adoptent l’enclos pour contenir le bétail ou protéger les cultures. Plus tard, lors du Chalcolithique, la civilisation languedocienne utilise des enclos de pierres sèches, pouvant être à vocation pastorale. L’archéologie a également permis d’établir la présence de talus dans le Finistère, lors de l’Age de fer, ou d’une parcelle enclose, à la Croix Jourdain. Cependant, la pratique de l’enclos semble être, à ces périodes, peu répandue et sporadique.

Le haut moyen Age, qui succède à la chute de l’Empire romain marque une relative expansion de la pratique de la clôture. On assiste à un morcellement des anciennes terres gallo-romaines et une redistribution de celle-ci aux Germains. Cette restructuration politique et parcellaire favorise l’enclos. Aussi assiste-t-on à la constitution de royaumes barbares, notamment celui du peuple Wisigoth. Celui-ci émet une loi de propriété agricole : la propriété de la terre est actée par l’enclos. La même loi stipule que les passants peuvent traverser les clôtures s’il n’y a d’autre passage, ce qui démontre l’emprise surfacique des terres encloses. S’il est difficile de les dater avec précision, les haies, talus et fossés sont bel et bien présents au Moyen-Age.

Les lents progrès du bocage au Moyen-Age central et tardif 

Le quart Nord-Ouest de la France, notamment la Bretagne et la Normandie, fut l’une des parties les plus embocagées au Moyen Age. Si l’on s’intéresse aux termes des chartres du cartulaire de Redon, il est possible d’avancer que l’Est du Morbihan et l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine revêtissent au IXe siècle des paysages bocagers. Ceux-ci étaient composés de fossés-talus et d’un habitat dispersé, deux composantes principales du bocage. Encore selon ces chartres, les enclos progressent, en Bretagne, pendant les Xe, Xie et XIIe siècles, même si le bocage n’est pas total dans la région. Le bocage existe aussi dans certaines régions du Sud de la France, mais bien moins fermé que dans le Nord-Ouest, si bien qu’il vaudrait mieux parler de paysages agraires arborés. Finalement, les paysages de montagne sont plus divers, les bocages de près et de champ se mélangent avec des paysages d’openfields.

C’est à cette époque que le contraste Ouest / Est -bocage / openfield- se précise. Comment comprendre ces différences ? L’auteur souligne que l’explication selon laquelle le bocage serait une manière de remédier à des milieux contraignant (vent, imperméabilité des sols etc.) est simpliste. Il voit, avant tout, le bocage comme une marque d’appropriation de la terre défrichée. Le facteur édaphique n’est bien entendu pas exclu. Les régions océaniques, à sols froids et pauvres, comme la Normandie, s’oriente plus aisément vers l'élevage que vers la céréaliculture. Il pointe, cependant une distinction entre bocage organique (adapté au milieu) et le bocage mimétique (copie du premier sans raison apparente) : le bocage ne relève donc pas d’un déterminisme naturel réducteur.

Le XVIIIe siècle : les prémisses de l’embocagement français  

Au XVIIe et XVIIIe siècle, on assiste à une -relative- disparition des servitudes communautaires : Jusqu’alors, les communaux (terres sans actes de propriété, appartenant en quelques sortes « à tous ») faisaient l’objet d’un fort droit seigneurial. Le caractère à la fois collectif et seigneurial de ces terres induisait donc une interdiction de clore. Or, la fin du XVIIIe siècle voit croitre l’individualisme agraire, et naitre, à l’instar des « enclosures » anglaises, des « édits de clos » (1767). Ces édits organisent le partage de grands domaines agricoles. L’appropriation et la jouissance des terres se fait par l’enclôture. Ce processus ne jouera, comparativement à l’Angleterre, qu’un faible rôle dans l’embocagement. Il ne s’agira que de quelques régions (ex : Gâtine poitevine).

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