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Les associations d'anciens combattants Perpignan 1918-1939

Mémoire : Les associations d'anciens combattants Perpignan 1918-1939. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Mars 2023  •  Mémoire  •  7 958 Mots (32 Pages)  •  142 Vues

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Partie II : étude de cas

Les Associations d'Anciens-Combattants à Perpignan 1918-1939

   « Si tu veux la vie, commémore les morts »

S. Freud.

 

 Les anciens-combattants à Perpignan de 1918 à 1939 représentent une importante part de la population. À leur retour de guerre ils seront accueillis en héros mais pas reconnus comme tels. L'écart entre la société d'après guerre et la communauté combattante est si grande que le dialogue est devenu difficile voir impossible. Les A-C sont perçus comme des gêneurs pour la société qui ne sait comment gérer cette affluence ni aider cette communauté dont les revendications ne sont pas entendues et pas comprises. S'unir en groupement apparaît comme une évidence, ensemble ils seront plus forts car sans les associations l'A-C n'existe pas. La création d'associations se repend très rapidement sur le territoire national, jusque dans les Pyrénées-Orientales. elles deviendront les piliers de la société perpignanaise en influençant les décisions qui y sont prises. Leur organisation et leur fonctionnement nous renseigne précisément sur leurs interactions avec leur entourage.


I- La structuration des Associations d'Anciens-Combattants à Perpignan, 1918-1939.

(chapeau)

        a) La création des Associations d'Anciens-Combattants dans la ville de Perpignan.

        

  Les premières associations naissent dès 1916 en réponse à trois principales sources de mécontentement sur le territoire français, il s'agit des problèmes dramatiques que rencontrent les milliers de blessés français entassés dans les hôpitaux en attendant d'être rendus à la vie civile[1]. Des mutilés en permission ou des réformés, confrontés à de grandes difficultés matérielles et de réinsertion sociale et professionnelle. Le régime des pensions datant de 1831 se trouve être lent et obsolète, de plus celui-ci calcule le montant de la pension à verser en fonction du nombre d'années en service et du grade du soldat[2]. Les combattants se sentent abandonnés par l’État, incompris par la société et leur entourage en plus d'être victime d'une grande culpabilité[3]. La plupart d'entre-eux revenant du front ne se sentent plus à leur place. Rendre ces hommes à la vie civile alors que durant plusieurs mois ils ont connu l'enfer de la guerre, vu leurs camarades tomber près d'eux revient à les condamner à subir de graves dépressions. Les suivis psychologiques n'étant pas suffisamment élaborés. « Subitement, je me sens bien au milieu de tous ces poilus car nous sommes du même monde. Notre vie c'est la guerre, mes camarades me manque terriblement »[4]. Le rejet de leurs proches et de leur patrie augmentent également leur sentiment d'étranger à la société, entraînant un isolement et une rupture entre la communauté combattante et la nation française dans son ensemble.

  La création des associations résulte de la volonté d'apporter conseils, entre-aide et secours aux « héros de guerre » car, après 1918 le retour à la vie civile est difficile et le climat social tendu. Certains hommes sont contraints à la mendicité, trop mutilés pour reprendre leur poste d'avant guerre, ou tout simplement remplacés par les femmes et les immigrants. Le Gouvernement français ayant fait venir des ressortissants de l'Espagne neutre, le nombre de ceux-ci s’ajouta à celui des Péninsulaires déjà présents dans l’Hexagone[5]. Entre juillet 1916 et janvier 1919, environ deux millions d’Espagnols furent ainsi recensés en France, dont 200 000 dans la capitale. A Nîmes leur nombre surpassa celui des habitants d'origine française. Accrue, l’émigration hispanique poussa son implantation vers le Sud-Est et le couloir rhodanien où elle se substitua aux Italiens appelés par la Première Guerre Mondiale. Selon le Consul d'Espagne à Lyon, ils auraient été plus de 20 000 dans chacun des départements limitrophes du Rhône où on en comptait 40 000. A la fin du premier conflit mondial, sept départements du Sud-Ouest agricole et la Seine retenaient encore 49,1% des Péninsulaires, soit 142 800 sur 290 780[6]. Le remplacement de la main d’œuvre durant la Grande Guerre[7] pose d'importants problèmes pour le retour à la vie civile et professionnelle des poilus. Sans emploi, ils se retrouvent oubliés au coins des rues, alors qu'on leur accorde le statut de héros de guerre. Quand à d'autres, ils rentreront dans leur foyer sans un sou ni vêtement correct. L’État n'a plus les moyens de payer ces soldats démobilisés en masse et les réserves d'habits et chaussures sont épuisés, obligeant parfois les hommes à rentrer chez eux avec l'uniforme qu'ils portaient au front. En plus de ce sentiment d'abandon les anciens-combattants sont pris par le syndrome de culpabilité du survivant[8], ils chercheront à comprendre pourquoi leur vie fut épargnée quand tant d'hommes trouvèrent la mort injustement. Partout les associations constituent des groupes de pression efficaces pour obtenir des avantages matériels, financiers et médicaux (pensions, retraites, accompagnement...)[9]. « Peu à peu cependant le besoin de nous grouper se fit sentir, pour la défense de nos droits proclamés bien haut mais que l'oubli grandissant diminuait, pour entretenir l'amitié du front »[10].  Elles ne tarderont pas à devenir des instruments politiques et des lieux de rassemblements incontournables.

  « L'armistice vécue par les soldats représente à la fois une ouverture inespérée vers l'avenir (tout devient possible), une prise de conscience de la réalité du moment (tout n'est pas possible immédiatement), et un retour parfois mélancolique sur le passé »[11].   L'implication de Perpignan dans la 1ère guerre mondiale a des conséquences majeures sur la vie sociale, politique et économique du département[12]. Dans l'organisation militaire d'après la défaite de 1871, les P-O font partie de la 16ème région militaire sous la régence de Montpellier. Les corps d'armées existent en temps de paix sous la forme de régions militaires. La loi du 24 juillet 1873 et du décret ministériel du 6 juin 1874 créent dix huit régions militaires sur le sol français. Le 28 septembre 1873 est crée en Algérie le 19ème corps de l'armée française, le 22 décembre 1913 la France compte 22 régions militaires sur son sol et en Afrique du Nord[13]. Lors de la mobilisation en 1914, il existe trois régiments principaux organisés selon l'âge des soldats. Le 53ème Régiment d'infanterie qui en 1914 a plus de 350 ans d'existence, est composé en majorité de Roussillonnais, d'Audois et d'Ariégeois de 20 à 23 ans. Il est en garnison depuis 1907 à Perpignan[14]. Le 253ème R.I, un régiment de réserve regroupant les soldats de 24 à 32 ans et enfin le 126 R.I territoriale recevant les combattants âgés de 33 à 49 ans. À la fin de cette guerre le département a déploré la mort de 8 455 militaires, les unités de Perpignan réputées pour leur bravoure et leur ténacité participèrent aux plus durs combats[15]. En quatre ans 1 687 Perpignanais disparaissent soit plus de 4% de la population de 1913. La disparition de ces hommes entraîne un déséquilibre dans la société et c'est tout le système économique et social qui bascule. Lorsque les A-C regagnent leur foyer le département est dans une phase d'instabilité sociale et la Nation n'est pas « prête » pour les accueillir et les accompagner dans l'épreuve que représente le retour à la vie civile.

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