L'Albatros de Baudelaire
Commentaire d'oeuvre : L'Albatros de Baudelaire. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Bibibruuh • 25 Mai 2025 • Commentaire d'oeuvre • 697 Mots (3 Pages) • 60 Vues
Introduction
« L’Albatros », poème emblématique de Charles Baudelaire extrait du recueil *Les Fleurs du Mal* (1859), occupe une place centrale dans la réflexion sur la condition du poète au XIXe siècle. Composé de quatre quatrains en alexandrins, il s’inscrit dans la section « Spleen et Idéal », qui met en scène la tension entre l’aspiration à l’absolu et la souffrance terrestre. À travers la métaphore filée de l’albatros, majestueux dans les airs mais ridicule et malmené sur le pont du navire, Baudelaire dresse un portrait poignant du poète, être d’exception condamné à l’incompréhension et à l’exil social.
I. La dimension narrative et symbolique du poème
A. Un récit anecdotique à portée universelle
Le poème s’ouvre sur une scène de vie maritime, inspirée d’une expérience vécue par Baudelaire lors d’un voyage en mer. Les marins capturent des albatros pour s’amuser, confrontant ainsi l’oiseau à un univers qui n’est pas le sien. Les deux premières strophes décrivent le contraste saisissant entre la majesté aérienne de l’albatros — « vastes oiseaux des mers », « rois de l’azur » — et sa maladresse sur le pont du navire, où il devient « comique et laid ». Ce contraste est souligné par des adjectifs à connotation positive pour l’oiseau en vol, et négative pour l’oiseau captif. La narration, dynamique, utilise des verbes d’action au présent, donnant à la scène une dimension vivante et universelle.
B. La métaphore filée de l’albatros
Progressivement, l’albatros devient une allégorie du poète. Les métaphores se succèdent : « voyageur ailé », « prince des nuées », « géant ». L’oiseau, sublime dans son élément naturel, est ridiculisé et humilié dès qu’il touche terre, incapable de marcher à cause de ses « grandes ailes blanches » qui deviennent un fardeau. Ce basculement entre grandeur et impuissance prépare l’identification finale avec le poète.
II. L’albatros comme miroir de la condition du poète
A. Une allégorie du génie incompris
La dernière strophe opère une identification explicite : « Le Poète est semblable au prince des nuées ». Comme l’albatros, le poète est un être d’exception, doté d’une sensibilité et d’un regard sur le monde qui le rendent inadapté à la société. Ses « ailes de géant », symboles de son génie et de son aspiration à l’idéal, l’entravent dans le monde matériel et vulgaire des hommes. Cette image traduit la solitude du poète, thème cher au romantisme, mais aussi sa supériorité morale et spirituelle.
B. La souffrance et l’exil du poète
La société, représentée par les marins, se montre cruelle et moqueuse envers ce qu’elle ne comprend pas. L’albatros, humilié, devient le symbole du poète « maudit », rejeté, parfois persécuté, dont le génie est incompris et même tourné en dérision. Le poème met ainsi en scène le drame de l’artiste, partagé entre l’aspiration à l’élévation (l’idéal) et l’attirance pour la chute (le spleen), déchiré entre
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