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Sous L'orage

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Par   •  10 Février 2013  •  810 Mots (4 Pages)  •  656 Vues

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Sous l'orage : d'une part, le poids du passé, l'autorité de la tradition, le prestige des anciens, d'autre part, l'appel de temps nouveaux, l'ouverture et les émois de la jeunesse : la profondeur millénaire de l'Afrique et les horizons stimulants dévoilés par d'autres formes de savoir, ce débat est celui des pères et des fils, et tel est l'orage subi par les peuples africains. Il est très remarquable en ce roman, si juste d'écriture, si mesuré de ton, de voir ce peuple - ici une famille et un village maliens - sortir de la tourmente sans sacrifices extrêmes : la parole sage a raison des passions, et le désordre de l'histoire finalement s'épuise face à l'ordre de la vie. La mort de Chaka est une action dramatique évoquant la fin tragique du plus grand conquérant noir que l'Afrique est connu.

Publié en 1957, soit à peine trois ans avant l'indépendance du Mali, Sous l'orage est le premier roman de Seydou Badian, auteur de l'hymne national et futur ministre de l'économie. Considéré comme un classique, étudié dans de nombreuses classes de collège au Mali et dans les pays voisins, il fait s'affronter, autour de la question emblématique du mariage, les valeurs traditionnelles de la société et les aspirations au changement véhiculées par l'école des Blancs.

« Ce jour-là, le père Benfa s'était levé plus tôt que de coutume. Il était debout avant les premières lueurs de l'aube. Rien dans la cour ne bougeait. Seuls, de temps en temps, bruissaient les feuilles du petit manguier, non loin du puits. » (incipit, p. 13, Chapitre 1). Croquant en quelques mots qui sonnent juste les paysages et les gens, le livre met en scène Kany, jeune fille instruite qui rêve d'épouser le camarade d'école dont elle est amoureuse, alors que son père la voit devenir la troisième épouse d'un gros marchand.

Dans son style simple et personnel, français châtié mâtiné de mots et d'expressions locales, Seydou Badian fait de fable vieille comme le monde la parabole d'une Afrique à la veille des indépendances. Prise dans une histoire aux rebondissements peu artificiels mais somme toute plausibles qui nous permettent un court instant d'apercevoir les différentes facettes du pays, de la ville naissante aux rivages du Djoliba (le nom chantant du fleuve Niger en Malinké), Kany devient la nation malienne naissante, courtisée par les valeurs traditionnelles incarnées par les anciens et les valeurs importées par les colons.

Malgré l'apparente simplicité de l'intrigue, Seydou Badian ne tombe pas dans la facilité et complexifie peu à peu son propos pour nous amener vers une troisième voie, incarnée par le personnage énigmatique et philosophe de Tiéman, qui a fait la guerre sur le sol européen et qui a ensuite choisi de rester dans son village où il est infirmier dans un dispensaire que l'on imagine sans grands moyens.

Cinquante plus tard, ce livre reste d'une grande actualité, même si j'y ai peut-être lu plus que ce que l'auteur avait voulu y mettre. D'abord, sa réflexion sur la mutation des sociétés colonisées puis décolonisées me paraît toujours pertinente. Alors que les états peinent toujours à devenir des nations, alors que les lanternes de la démocratie sont en passe de devenir des vessies,

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