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« Le Rat qui s'est retiré du monde » fable animalière

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Par   •  22 Mars 2013  •  1 386 Mots (6 Pages)  •  1 177 Vues

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dcI. Une fable énigmatique...

« Le Rat qui s'est retiré du monde » est une fable animalière qui nous réserve bien des surprises. Il s'agit de l'une des rares fables dont le sujet vient de La Fontaine lui-même. Le rat, on le sait, représente une créature redoutable, infernale (il propage la peste). Ici, il est le symbole même de l'avarice, de la cupidité. Ce muridé apparaît dans les recueils successifs sous des formes multiples : le rat de cour (les courtisans, la courtisanerie de Versailles), le rat d'hôtel (le voleur, l'escroc), le rat d'Eglise (le bigot ou faux dévot). Ici, le dervis incarne le modèle opposé du bon Samaritain. Perfide, sournois, il est l'incarnation même du jésuitisme, du parasitisme social. Ce rat endosse la panoplie d'un « dervis », c'est-à-dire d'un religieux mahométan retiré dans un lointain pays du Levant. Le titre fait référence à l'étymologie du mot « ermite » (du grec eremos, qui signifie désert).

La fable accorde une large place aux formes du discours rapporté. Le discours direct (vers 24 à 29) se caractérise par les guillemets qui introduisent les propos de l'ermite : « Mes amis, dit le Solitaire, // Les choses d'ici‑bas ne me regardent plus ». L'incise avec inversion du sujet (« dit le Solitaire ») permet d'identifier le locuteur. Ce dernier tient des propos apparemment badins, anodins, d'où transpire l'hypocrisie religieuse. Le discours indirect (« Les Levantins en leur légende // Disent qu'un certain Rat, las des soins d'ici‑bas, // Dans un fromage de Hollande // Se retira loin du tracas. ») permet de transposer dans le récit le discours direct (les paroles prononcées pour raconter cette histoire). L'ironie consiste ici à faire passer l'histoire réelle (les guerres franco-hollandaises) pour une « légende ». Le discours indirect se caractérise par l'utilisation de propositions subordonnées conjonctives (complétives introduites par la conjonction que : « disent que », « je suppose que ...»). La présence du style indirect libre (« Ils allaient en terre étrangère // Chercher quelque secours contre le peuple chat ; // Ratopolis était bloquée // On les avait contraints de partir sans argent, // Attendu l'état indigent // De la république attaquée. // Ils demandaient fort peu, certains que le secours // Serait prêt dans quatre ou cinq jours » - vers 16 à 23) se déduit du contexte: les doléances des députés sont introduites par le verbe à l'infinitif « demander » : « Des députés du peuple rat // S'en vinrent demander quelque aumône légère ». La parole collective est rapportée par le style indirect libre dans cet échange, alors que la réponse de l'ermite est individualisée, et ceci, pour mieux la discréditer. Les termes procéduriers (« attendu que », « certains que ») rendent compte des efforts de persuasion des mandataires. Les temps des verbes sont ceux de la narration (imparfait de l'indicatif «ils allaient», plus-que-parfait : « on les avait contraints » et conditionnel « serait prêt», permettent d'établir une chronologie des faits qui se sont succédé. La structure de la fable est assez composite. L'alternance de ces trois formes du discours rapporté (discours direct, discours indirect et style indirect libre) a pour effet de rendre plus vivante la narration. La créolisation de ces formes permet de rapprocher le personnage décrit du lecteur. La cible de la satire (le derviche) s'exprime au style direct : le narrateur théâtralise, dramatise son intervention, reproduite, dans son intégralité (« En quoi peut un pauvre reclus // Vous assister ? que peut‑il faire // Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci ? // J'espère qu'il aura de vous quelque souci »). Et cela, pour mieux dénoncer la duplicité, la fausseté de ce discours (l'hypocrisie des faux dévots, qui s'accrochent à leurs bénéfices ecclésiastiques). En revanche, les propos des députés du peuple rat sont comme digérés dans la trame de la narration (discours indirect libre). Une manière commode de démontrer qu'ils se placent au second plan des enjeux de la fable. La priorité est donnée à la dévotion ostentatoire et insincère du bigot.

II.

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