Le Management De L'Innovation

Le Management de l’Innovation en question …

Par Kamel Ben Ameur, Expert Innovation et Systèmes de Management

L’innovation est désormais au cœur de la guerre économique. Elle est devenue par excellence l’arme de survie et de conquête des marchés. Les décideurs politiques sont si bien convaincus qu’elle confère un avantage et une longueur d’avance aux sociétés qui la maîtrisent, qu’une course effrénée est engagée entre différentes zones du monde et entre plusieurs nations.

L’innovation est devenue un des sujets les plus à la mode. Il n’est pour s’en convaincre que d’écouter les discours des principaux acteurs économiques, des décideurs politiques, ou d’observer l’évolution des politiques de communication des entreprises, qui s’emploient de plus en plus à promouvoir leurs capacités à innover et leurs aptitudes à devancer les concurrents et à maîtriser les technologies les plus récentes.

Pendant des années la différenciation se faisait par les prix. Puis, c’était le tour de la qualité et du délai. Aujourd’hui, ce triptyque n’est plus suffisant. Pour demeurer compétitive, l’entreprise est appelée à se reconfigurer en permanence et rapidement pour saisir avant les autres les tendances et opportunités afin d’offrir des produits et services attractifs et de bonne facture.

Cependant, un des problèmes majeurs de l’innovation c’est qu’elle souffre de barrières psychologiques établis grâce aux préjugés du type : l’innovation est un luxe que seules les grandes entreprises peuvent se l’offrir ; l’innovation implique une remise en cause brutale du cœur de métier et de l’organisation de l’entreprise ; l’innovation est synonyme de recherches et développement ; l’innovation se nourrit exclusivement de percées et d’avancées technologiques, …

Pour mieux appréhender les conditions et facteurs propres à l’innovation, l’OCDE a défini l’innovation, dans le manuel d’OSLO 2005, comme étant « la mise sur le marché avec succès d’un produit (bien ou service), d’un procédé, d’une méthode marketing ou organisationnelle ayant un caractère nouveau ou représentant une amélioration majeure par rapport à l’existant ». Ainsi, les 4 types d’innovation sont l’innovation produit, l’innovation procédé, l’innovation organisationnelle et l’innovation marketing. Souvent, l’entreprise est appelée à innover simultanément et de façon intégrée selon différents modes. Par ailleurs, l’innovation couvre aussi bien les découvertes et inventions que les novations (améliorations sur des produits existants). D’ailleurs, 90% des innovations sont issues du redesigning et du remarketing et seulement 10% de l’innovation radicale.

Selon des études réalisées en Europe et aux Etats Unis d’Amérique, 70% des innovations sont poussée par la technologie et 30% seulement sont tirées par le marché. Or, d’après les statistiques, 70% des innovations réussies sont celles tirées par le marché. Alors, pourquoi tenter d’innover si on ne tient pas compte des attentes actuelles et anticipées des clients de toute la chaîne de valeur ?

Les mêmes études montrent que 80 à 90% des programmes d’innovation finissent en retard, coûtent plus que prévu ou n’apportent pas les résultats attendus. Ceci, est du à la non maîtrise des techniques et outils de management de projets (cadrage, faisabilité, planification, budgétisation, gestion des risques, pilotage). Autre constat intéressant : « Les principales barrières au succès sont rarement les choix de systèmes ou de technologies, elles sont principalement circonscrites aux personnes et organisations ».

D’autre part, les études de mise à niveau des entreprises industrielles tunisiennes ont démontré que :

• Le tissu économique national est composé essentiellement de PME et TPE, en général, peu structurées, sous encadrées, sous capitalisées et ne disposant d’une réelle vision stratégique ;

• Le marketing et le management du Capital Humain sont les parents pauvres de nos PME / TPE.

• Esprit d’équipe très peu développé et absence du sentiment d’appartenance à l’entreprise

• Un niveau de dépendance élevé de nos entreprises (donneurs d’ordres, technologies, matière première, process, tendances des marchés, comportement des consommateurs, ..)

• Les efforts sont principalement déployés dans les investissements matériels avec une faible maîtrise des techniques et outils de management.

Si on sait que pour innover avec succès, il faut associer créativité, rigueur et environnement favorable, nos entreprises ont du chemin à se faire avant d’intégrer l’innovation dans leur quotidien. Une simple mise à disposition de lignes de financement ou de primes ne rendrait pas nos entreprises innovantes à coup de baguette magique. Un travail en profondeur est plus que nécessaire pour aider

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