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La peur dans le ressenti du soignant

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Par   •  3 Juin 2013  •  1 090 Mots (5 Pages)  •  1 759 Vues

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III.1.2 La peur dans le ressenti du soignant

III.1.2.1 Les causes et circonstances de survenue de la peur

On peut se demander de quoi les soignants peuvent avoir peur dans leur quotidien et ce qui favorise la survenue de ces peurs. Parmi les réponses des soignants, j’ai repéré trois situations particulièrement redoutées. La première est la peur de l’agression physique. Celle-ci se manifeste surtout auprès de patients en état de grande violence (psychotiques très angoissés, patients alcoolisés à l’extrême). Elle est liée à la peur de ne pas savoir maîtriser le patient, de ne pas "être à la hauteur". elle peut être accentuée par l’envahissement du soignant par une angoisse débordante chez le patient ou encore de fantasmes projetés sur lui (réputation du patient, interrogation du type "serais-je le suivant sur la liste "). La seconde peur est celle de l’auto-agression du patient sous forme de mutilation ou de suicide. Elle prend naissance dans la crainte de ne pas repérer la détresse d’un patient, ses appels. La troisième est la peur d’être la cible d’un délire érotomaniaque. Prenant place dans la pathologie paranoïaque,

"l'érotomanie, magnifiquement décrite par G de Clérembault, est l'illusion délirante d'être aimé par un "objet" le plus souvent inaccessible (vedette, homme politique en vue, médecin, prêtre, avocat, ces trois dernières professions étant spécialement prédisposées à servir d'objet à l'érotomane, qui, huit fois sur dix, est une femme). L'affection évolue selon trois stades: après une phase d'espoir souvent prolongée arrive la phase de déception durant laquelle les sollicitations sont de plus en plus inopportunes pour l'"objet", puis la phase de rancune qui peut s'accompagner de manifestations médico-légales graves (chantage, conduites agressives et parfois tentatives de meurtre)." Encyclopaedia Universalis, version 9, CD-Rom, 2003

Ce délire s'accompagne d'une intolérance à tout ce qui peut interférer dans cette relation imaginaire, avec émergence d'agressivité. Celle-ci serait davantage tournée vers ceux qui s'y opposent (soignants, institution, famille de l'objet) que vers l'objet lui-même. Le passage à l'acte sexuel reste rare. Il s'agit donc d'une violence davantage psychologique. La peur d'en être l'objet est évoquée comme une des plus dures à gérer. En effet, non seulement une agression de ce type s’enracine dans le long terme, mais en plus elle fonctionne sur le phénomène du transfert et se greffe sur un soignant particulier, et non plus sur celui qui se trouve là, par hasard, au moment d’un accès de violence. En cela, elle est caractérisée de "harcèlement" et engendre une grande usure chez le soignant impliqué. Elle est reliée à la crainte générée par des menaces concernant la vie privée du soignant, sa famille ("je te retrouverai dehors…").

Cependant, les soignants reconnaissent que la peur n’est pas un processus rationnel toujours explicable. De fait, chacun a une charge émotionnelle différente, ce qui fait qu’une même situation n’aura pas le même impact chez tous. La réaction varie également selon les patients et la connaissance que l’on en a, la situation, et selon ce qu’elle renvoie au soignant. Ainsi, alors qu’une situation objectivement difficile n’engendrera peut-être pas de peur, une autre plus anodine

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