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L'histoire Du Théâtre Français

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Par   •  26 Mars 2015  •  2 469 Mots (10 Pages)  •  816 Vues

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Le XVIIe siècle a marqué un tournant dans l'histoire du théâtre français. C'est en effet à cette époque que les règles du théâtre classique sont fixées, avec la règle des trois unités et les principes de vraisemblance et de bienséance. Surtout, c'est à ce siècle qu'écrivent de grands dramaturges tels que Racine, Corneille et Molière. Cet auteur, né Jean-Baptiste Poquelin, a composé de nombreuses comédies comme L'avare, Le Bourgeois gentilhomme, Tartuffe, Les Fourberies de Scapin, Le Malade imaginaire et bien d'autres encore. Souvent ces pièces mettent en scène des conflits : valets cherchant à tromper leurs maîtres, disputes amoureuses, opinions différentes entre les pères et leurs enfants à propos de leurs mariages, etc. Dans les pièces de Molière en particulier, et au théâtre de manière générale, les situations de conflit ne manquent donc pas. « Moi, je veux me fâcher et ne veux point entendre » dit justement Alceste dans Le Misanthrope de Molière, représenté en 1666. Il semble ainsi affirmer qu'on peut se fâcher sans faire de phrases ni les entendre. Sans doute. Mais n'est-ce pas une vision réductrice de la dimension théâtrale ? Nous nous demanderons donc si l'expression du conflit au théâtre peut réellement se passer de mots. Pour cela, nous verrons dans un premier temps comment on peut donner raison à Alceste et nous envisagerons le théâtre comme une scène sans paroles. Dans un deuxième temps, nous nous appliquerons à voir la dimension littéraire d'une pièce de théâtre, résultat d'un travail d'auteur. Enfin, dans une troisième partie, nous réfléchirons à la spécificité du théâtre, combinant texte et représentation.

Le théâtre semble ne pas avoir besoin de mots pour exprimer un conflit. Dans une représentation, ce qui est perçu par les sens prime sur le reste. La gestuelle est donc très importante, de même que les accessoires et les sons.

Les mimiques des comédiens suffisent en effet à expliquer que deux personnages, sur scène, sont en désaccord. D'ailleurs un spectateur qui verrait une pièce à l'étranger, dans une langue qu'il maîtrise mal, pourrait parfaitement comprendre que deux personnages se détestent ou se disputent, rien qu'en entendant le ton de leur voix ou en voyant leurs regards, leurs poings menaçants, etc. Par exemple, dans la mise en scène de Jérôme Deschamps en 1997 des Précieuses ridicules de Molière, l'acteur qui incarne le seigneur La Grange sort très énervé d'une rencontre qui s'est mal passée. Il souffle comme un boeuf, se montre de profil prêt à charger et agite les mains et les bras comme s'il s'échauffait avant un combat. Toutes ces gesticulations, évidemment comiques, suffisent à faire comprendre au public qu'il est en conflit avec les demoiselles qui l'ont congédié. D'ailleurs, à ce moment-là de la scène d'exposition, aucune parole n'a encore été prononcée. La gestuelle suffit donc bien à exprimer le conflit.

D'autre part, les accessoires qui accompagnent cette gestuelle aident à montrer la colère ressentie par le personnage. On trouve ainsi des bâtons dans de nombreuses formes théâtrales : des farces jouées sur des théâtres de tréteaux au Moyen-Age, des farces dans la Comedia dell'arte, des pièces du théâtre de Guignol et bien sûr dans certaines comédies courtes de Molière. Par exemple dans Les Fourberies de Scapin de Molière, a lieu la « scène du sac ». A ce moment-là, le serviteur Scapin veut se venger du seigneur Géronte et le fait entrer dans un sac, soi-disant pour le cacher et le mettre à l'abri d'ennemis. Puis, à l'aide d'un bâton, il le roue de coups, faisant croire à Géronte qu'ils sont agressés par des étrangers. Ici, il n'est pas besoin de paroles pour comprendre le conflit. Le sac et le bâton servent la scène et Molière ne l'a pas imaginée autrement, sans ces accessoires. Pour ce qui est de la gestuelle, le comédien doit bien sûr exprimer sa rage, son envie de vengeance. D'ailleurs Damien Gillard, qui jouait le rôle de Scapin dans la mise en scène de la pièce faite par Pierre Fox en 2004, affirme dans une interview qu'il sort « épuisé » de cette scène de bastonnade. Gestes et accessoires s'allient donc pour exprimer le conflit sans avoir recours aux mots.

En outre, la musique et les sons peuvent prendre une place importante dans la représentation théâtrale et exprimer le conflit. C'est par exemple le cas dans les Précieuses ridicules de Molière mises en scène par Jérôme Deschamps. Des notes de piano accompagnent des hurlements de femmes et des cris d'animaux, notamment des cris de poules, pour signifier une grande dispute lorsque les deux seigneurs sont rejetés par les Précieuses. De même, les accords de guitare s'accélèrent pour exprimer la tension qui monte dans les Fourberies de Scapin de Molière mises en scène par Pierre Fox. Là encore, les mots sont inutiles et le conflit s'exprime sans eux sur la scène théâtrale.

Ainsi, spectacle visuel et sonore, le théâtre semble pouvoir se passer de mots pour exprimer un conflit. Pourtant il serait dommage de réduire le théâtre à quelques formes excessives. Le théâtre n'est tout de même pas ni du mime ni seulement de la farce. D'ailleurs les grands dramaturges sont avant tout des écrivains et ont travaillé leurs textes avec soin. Voyons désormais l'aspect purement littéraire du genre théâtral.

Au théâtre comme dans tout genre littéraire, les sentiments s'expriment avec des mots. Les affrontements doivent se dire avant de se faire et la complexité des disputes peut mieux se comprendre avec des phrases.

Avant d'en venir à un conflit physique, une bastonnade ou un duel à l'épée, le désaccord entre les personnages doit en effet souvent s'exprimer à voix haute. Prenons par exemple la pièce écrite par Jean Giraudoux en 1935 : La guerre de Troie n'aura pas lieu. A l'acte II scène 9, le Grec Oiax cherche à provoquer la guerre. Il insulte Hector, prince troyen, en le traitant de « beau-frère de pute ». L'offense est donc clairement verbalisée. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'Oiax gifle Hector afin de le pousser à bout. De plus, Hector réplique avec ironie en utilisant une antiphrase : « Je vois que la Grèce nous a envoyé des négociateurs. » Les mots traduisent donc la personnalité de chacun

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