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L'euthanasie

Cours : L'euthanasie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Février 2013  •  Cours  •  1 704 Mots (7 Pages)  •  904 Vues

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Une partie des défenseurs de l'euthanasie cherchent à dépasser à la fois la vision d'une dignité et d'une liberté individuelles absolues au profit d'une conception utilitariste de la morale. L'utilitarisme permet, et éventuellement promeut, le sacrifice du bonheur individuel au profit de celui du plus grand nombre. Dans cette optique, il est considéré comme légitime d'optimiser l'utilisation des ressources médicales en privilégiant les patients dont la vie peut être sauvée, et de considérer comme un fardeau les ressources destinées à maintenir en vie des gens qui ne peuvent plus rien apporter à la société. Cette conception, théorisée par le philosophe Peter Singer est notamment défendue en Suisse par le président du parti démocrate-chrétien (PDC), Christophe Darbellay37.

La prise en compte de la souffrance[modifier]

Selon les opposants à l'euthanasie, les douleurs sont actuellement bien prises en compte et souvent calmées de manière efficace, en particulier dans les services de soins palliatifs. Il persiste des souffrances importantes qui ne sont pas des douleurs. Ainsi :

la perte progressive du contrôle sur son propre corps, comme dans le cas de maladies neurodégénératives,

la sensation d'étouffement,

la déformation de son corps, et surtout de son visage,

la perte définitive de son autonomie.

La baisse des cas d'euthanasie aux Pays-Bas entre 2001 et 2005 semble attribuée, selon les auteurs d'un rapport basé sur des statistiques sur l'euthanasie, à l'amélioration des soins palliatifs38.

Certains médecins et commentateurs objectent sur la nécessité d'une introduction de l'euthanasie dans la loi, du fait des progrès (présents et à venir) de la médecine palliative dans la lutte contre la souffrance dans sa globalité. Ainsi, le généticien Axel Kahn affirme "Je me résoudrais à une loi d’euthanasie si c’était là le seul moyen de calmer les souffrances"31.

Vision du rôle du médecin[modifier]

Les avis des médecins sur la légalisation de l'euthanasie sont partagés. Ainsi, une enquête réalisée par l'INSERM en 2003 montre que 45 % des médecins généralistes français sont favorables à une dépénalisation de l’euthanasie comparable à celle des Pays-Bas. Les auteurs de l'étude signalent que « Les médecins les plus impliqués et les plus à l'aise dans les soins palliatifs et le suivi des fins de vie sont plus souvent hostiles à une légalisation de l'euthanasie », au contraire de « ceux qui se sentent mal à l'aise face aux patients en fin de vie ». La même étude signale une tendance, notamment parmi les médecins n'ayant pas reçu de formation spécifique, à assimiler des techniques telles qu'arrêt de réanimation ou sédation à de l'euthanasie. Elle indique enfin une corrélation entre la tendance à faire cette assimilation et le fait de se déclarer en faveur de l'euthanasie39.

Dans tous les cas, que l'euthanasie soit ou non dépénalisée, les enjeux pour les médecins et les équipes soignantes restent d'ordre éthique : la loi ne l'emporte pas sur la réflexion éthique et personnelle dans le choix des actes de fin de vie (qu'il s'agisse d'injections létales, de décision d'arrêt de soins ou de sédation terminale). Dans le cas de l'euthanasie en particulier, la question de sa légitimité éthique ne se confond pas avec la question de sa légalisation ou dépénalisation. À cet égard, la philosophe Marta Spranzi relève que « Le fait d’autoriser explicitement des membres du corps médical à donner la mort, ne fût-ce que dans l’intention louable de soulager les souffrances des patients, est perçu, notamment par les médecins eux-mêmes, comme plus problématique encore que la réalité du geste lui-même, accompli dans le silence de la relation médicale » du fait des dérives possibles40.

Arguments sur la nécessité et la praticabilité d'une introduction contrôlée[modifier]

Lors de la modification de la législation belge, un des arguments figurant dans l'exposé des motifs est qu'effectuer une euthanasie dans un cadre médicalisé évite des pratiques qui auraient quand même eu lieu de façon clandestine, et permet de placer les acteurs dans des conditions de bon encadrement des pratiques et de sécurité juridique26.

En sens inverse, le rapport Sicard publié en 2012 en France considère que l'introduction d'une forme encadrée d'euthanasie est une illusion : « la pratique euthanasique développe sa propre dynamique résistant à tout contrôle efficace et tend nécessairement à s’élargir »7.

Euthanasie et religion[modifier]

Église catholique[modifier]

Pour le catholicisme, dont la doctrine à ce sujet a été rappelée par la lettre encyclique Evangelium vitae (L'Évangile de la vie) du pape Jean-Paul II en 1995, l'euthanasie est en opposition directe avec le 6e commandement : « Tu ne tueras point » (Exode XX/13). En conséquence, toute forme d'euthanasie est prohibée.

« (...) l’euthanasie est donc un crime qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience ». Evangelium vitae, no 7341.

Cette interdiction entre dans le cadre plus général de la dénonciation d'une « culture de mort » des sociétés occidentales pour lesquelles « une incapacité irréversible prive une vie de toute valeur ». Au contraire, pour les catholiques, la profondeur de la vocation surnaturelle de l'Homme révèle la grandeur et le prix de sa vie humaine, même dans sa phase temporelle42.

Par ailleurs, les soins palliatifs sont acceptés, il est notamment « licite de supprimer la douleur au moyen de narcotiques, même avec pour effet d'amoindrir la conscience et d'abréger la vie » (affirmation de Pie XII rappelée dans Evangelium Vitae, 65). Le Vatican a réaffirmé en septembre 2007 que l'alimentation des patients dans un « état végétatif » était « obligatoire », à propos du cas de Terri Schiavo, une Américaine dans le coma pendant 15 ans et décédée en 2005 après que son alimentation eut été interrompue43.

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