L'Art-thérapie

INTRODUCTION

Force est de constater que l’art existe depuis toujours. En effet, l’art sert à nous définir, communiquer nos expériences et nos émotions : c’est un langage universel qui dépasse de loin le langage verbal. L’art permet de pouvoir parler de soi sans dire « je ». Dans les grottes de Lascaux, par exemple, nous pouvons voir que les peintures qui s’y trouvent possèdent un caractère religieux, qu’elles se rapportent à des cultes chamaniques, et donc que l’art avait déjà une fonction thérapeutique. La fonction de soin dans l’art est donc apparue très tôt, de manière instinctive.

Il est important de souligner que l’art-thérapeute est un membre de l’équipe paramédicale, ainsi, son rôle est d’accompagner et de soigner les patients. Par ailleurs, les personnes qui bénéficient de l’accompagnement art-thérapeutique ne sont pas nommées « patients » mais très majoritairement « participants ». En effet, ces personnes vont devoir agir au cours de leur thérapie, elles ne sont donc pas passives. L’art-thérapie exploite l’art et a comme objectif d’entretenir les fonctions expressives du participant, elle permet un soulagement des troubles existentiels via différentes pratiques artistiques telle que la peinture, le dessin, la sculpture, la musique, la danse, la photographie, le théâtre… En bref, toutes ces pratiques qui permettent d’exprimer ce que l’on ressent autrement que par le langage.

« L’art, quelle que soit sa forme, engage le cerveau tout entier. Il ouvre des horizons, notamment psychiques, et permet d’explorer différentes sortes de réalités, différents niveau de conscience. »1

Donc l’art n’est pas seulement destiné à être contemplé, il à aussi pour fonction de purifier l’âme, c’est ce que l’on appelle la catharsis. L’œuvre d’art présente des formes fixes et stables et donc permet de mettre à distance le vécu. Freud disait « L’homme énergique et qui réussit, c’est celui qui parvient à transmuer en réalités les fantaisies du désir. (…) au lieu de s’écarter durablement d’elles par régression dans le domaine infantile ; j’entends que, s’il possède le don artistique, psychologiquement si mystérieux, il peut, au lieu de symptômes, transformer ses rêveries en créations artistiques. Ainsi échapper au destin de la névrose. »2 Je vais donc expliciter plus en détail la fonction d’art-thérapeute en plusieurs étapes : en premier lieu j’aborderai l’accès au métier et du développement de cette pratique dans le passé, ensuite je parlerai de l’application de la pratique auprès des participants, puis, je présenterai quelques mouvements artistiques qui sont aux frontières de l’art-thérapie et je conclurai en expliquant les raisons de mon choix concernant le métier d’art-thérapeute.

Accès au métier et développement de la pratique

Accès au métier

Tout d’abord il me semble opportun de donner une définition plus claire du métier d’art-thérapeute : « l’art-thérapie est l’exploitation du potentiel artistique dans une visée thérapeutique »3. Pour accéder au titre d’art-thérapeute certains pré-requis sont nécessaire comme le fait d’avoir des compétences artistiques et Bac+ 3 minimum. Il est aussi essentiel d’avoir des connaissances dans le domaine de la psychiatrie. Cependant le diplôme d’art-thérapie seul n’est pas vraiment suffisant, bien qu’il soit reconnu par l’Etat. Par exemple, si pour parvenir à obtenir ce diplôme on passe par une licence de psychologie, il vaut mieux aller jusqu’au master afin d’obtenir le diplôme de psychologue. Cela assure une sécurité puisqu’en général le métier d’art thérapeute s’exerce en tant que salarié(e) dans des établissements hospitaliers, éducatifs ou judicaires. Il est donc plus intéressant d’être psychologue exerçant l’art-thérapie puisque cela permet de pouvoir travailler en libéral. Dans tout les cas il faut aller dans une école d’art-thérapie ; il y en à quelques unes en France comme à Tours (titre AFRATAPEM), Paris ou Poitier. Ces écoles prennent sur dossier et entretien il faut donc mettre à profit ses compétences puisqu’en général, ces écoles ont un nombre de places très restreint. Le diplôme universitaire d’art-thérapie complète le titre d’art-thérapeute. Il permet de se spécialiser dans la gestion d’atelier d’art-thérapie, l’oncologie, le handicap...

Développement de la pratique, histoire de l’art-thérapie

En France l’art-thérapie est une pratique en plein développement. En effet, sa progression est lente quand on la compare avec d’autres pays comme la Suisse par exemple. La reconnaissance de cette discipline comme utile pour le développement personnel et utile sur le plan médical est très récente. L’art-thérapie « prend en compte tous les aspects de la vie dans ses composantes physique, mentale, émotionnelle, sociale, culturelle et spirituelle »1. Depuis le XIXe et XXe siècle, la Suisse est l’un des pays où l’art psychopathologique est le plus utilisé. Dans bon nombre d’hôpitaux psychiatriques, des lieux de création sont aménagés pour les malades afin qu’ils puissent librement exprimer leur mal-être/émotions. C’est dans ces institutions que l’art brut est né.

Hermann Rorschach est l’inventeur du fameux test qui porte son nom (test de Rorschach) qui consiste à montrer des tâches d’encre aux patients et à leur demander d’interpréter librement ce qu’ils voient. C’est un outil d’évaluation psychologique qui montre bien l’intérêt de l’art dans la thérapie psychologique. Rorschach était également psychiatre et psychanalyste dans plusieurs hôpitaux suisses et il incitait beaucoup ses patients à créer.

Le terme « d’art psychopathologique » est destiné aux productions artistiques réalisées par des malades mentaux dans un hôpital psychiatrique. De nombreux psychiatres et psychanalystes ont réalisé des collections d’œuvres crées au sein d’institutions psychiatriques. Elles font objet d’étude beaucoup de ces ouvres ont été exposées, notamment à l’hôpital Saint-Anne ou s’est déroulé l’exposition internationale d’art psycho-pathologique. Cette exposition regroupe plus de 2000 œuvres provenant du monde entier.

Le mouvement « anti-psychiatrique » (1960-1970) est un mouvement qui favorise l’aménagement d’atelier d’expression. Ce mouvement met un point d’honneur

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