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“Je veux peindre la France” d’Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques,

Commentaire de texte : “Je veux peindre la France” d’Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques,. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2020  •  Commentaire de texte  •  726 Mots (3 Pages)  •  978 Vues

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Commentaire n°2 : Les guerres de religion

Texte 2 : “Je veux peindre la France” d’Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques, 1616. (p. 423 du manuel numérique).

La deuxième moitié du XVIe siècle est marquée en France par les guerres de religion qui opposent catholiques et protestants jusqu’au cœur du pouvoir, et culminent avec le massacre de la Saint-Barthélémy le 24 août 1572. Loin de se tenir éloignés du conflit, les poètes français se joignent au combat et rivalisent au moyen des rimes et des vers. Dans le camp catholique, le prince des poètes, Pierre de Ronsard, s’attaque dans la Continuation du discours des misères de ce temps, aux protestants qui prennent les armes dès 1562 en leur reprochant de ne pas se conformer au message de paix du Christ qu’ils prétendent défendre. Après la fin du conflit, en 1616, le protestant Théodore Agrippa d’Aubigné fait le bilan du conflit du point de vue protestant. À treize ans, Théodore Agrippa d’Aubigné avait été obligé de quitter la France pour Genève par crainte des persécutions catholiques. Engagé dans l’armée protestante aux côtés d’Henri de Navarre, le futur Henri IV, il préfère s’éloigner du pouvoir lorsque ce dernier se convertit. Il se lance alors dans la rédaction du long recueil des Tragiques, réquisitoire contre le rôle des catholiques durant les guerres de religion. Pour émouvoir et frapper son lecteur, l’auteur adopte une esthétique baroque, propre à rendre les excès de violence et de débauche. L’ouvrage divisé en sept chapitres, est une épopée de la foi protestante ; l’auteur met sa plume au service d’une sensibilité, d’une cause et d’une foi. L’extrait choisi se situe dans le chapitre un, intitulé « Misères ». Il oppose dans un combat fratricide les belligérants et la mère victime, allie le réalisme de la narration à la violence du propos, laisse transparaître la présence du poète par la référence biblique, les choix narratifs et l’implication du locuteur. Le poème met en scène trois personnages unis par des liens familiaux : une mère et ses deux fils.

D’une part, l’extrait déploie une très longue allégorie prise en charge par le poète dès le premier vers. Il souligne son projet avec l’emploi du verbe « vouloir » et le sens fort de « peindre » qui annonce un tableau pathétique : celui d’une « mère affligée » (v. 1), figure de la maternité avec ses deux enfants dans les bras. D’emblée c’est la violence du « plus fort » (v. 3) qui se lit dans le lexique avec les verbes « empoigner », « forcer », « briser », pour traduire la façon dont il prive son frère du sein maternel, à coups « d’ongles, de poings, de pieds » (v. 5), dans un crescendo de brutalité que renforce le rejet des compléments du nom « coups ». Il cherche à « arracher à son frère la vie » (v. 9), la métaphore accentuant encore l’expression de la brutalité. Les qualificatifs pour le désigner condamnent son attitude : il est « orgueilleux » (v. 3), « voleur acharné » (v. 7) et s’oppose à l’ordre de la nature et aux droits de son frère, préférant gâcher le « doux lait qui doit nourrir les deux » (v. 10). Cette violence du plus fort dénoncée par le poète, notamment aux vers 9-10, parce qu’elle conduit à mépriser la vie, finit par imposer une réponse violente de son frère : le sujet « Jacob » est séparé du verbe « se défend » par des propositions participiales qui justifient son comportement : « pressé d’avoir jeûné », « ayant dompté longtemps en son cœur son ennui » (v. 11-12) jusqu’à rendre sa colère « juste » (v. 13). L’engrenage de la violence entre les deux frères redouble la cruauté d’un combat « dont le champ est la mère » (v. 14), qui provoque sa plainte pathétique dont les témoignages vont croissant : « soupirs ardents », « pitoyables cris », « pleurs réchauffés » (v. 14-15). Le lexique hyperbolique dénote également l’acharnement des deux fils : « rage », « poison », « courroux », « coups », « conflit » pour culminer avec la mutilation des yeux qu’ils s’infligent mutuellement et qui symbolise l’aveuglement de leur passion religieuse.

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