“Je suis accro à mon smartphone” : comment débrancher

“Je suis accro à mon smartphone” : comment débrancher

En classe, pendant les repas, en soirée avec des amis, de jour comme de nuit… vous ne pouvez plus vous passer de lui. Ce petit appareil est devenu presque une prolongation de votre corps. Et si vous le laissiez tranquille ? Nos pistes pour vous y aider.

“Je suis accro à mon smartphone” : comment débrancher

“J'ai commencé au collège, à 13 ans, à avoir un portable ; depuis deux ans, j'ai un iPhone et je ne peux plus m'en passer, je dors avec, je mange avec, je me fais remonter les bretelles par mes parents et les profs. Le problème ? Quand je ne l'ai pas avec moi, je suis mal, c'est affreux, il faut que je m'autodiscipline !” raconte Lola, 17 ans, en terminale L au lycée Albert-Camus à Nîmes (30) et, de son propre aveu, “totalement perdue et nue" sans son mobile. L'appareil la rassure sur sa vie sociale, ses amitiés, ses amours, l'essence même de son existence. "Il me rappelle que je compte pour les autres, parce que mes amis pensent à moi en m'envoyant des messages et des mails, poursuit-elle. Il fonde ma personne sociale, mon être au milieu d'autres êtres humains. C'est préoccupant parce que c'est une machine !”

78 % des moins de 25 ans “accros” à leur mobile : et vous ?

Lola fait partie des 78 % des moins de 25 ans à se dire “accros” à leur mobile, selon un sondage de l'IFOP réalisé en janvier 2013 sur “Les Français et la dépendance au téléphone portable”. Dépendance ? Le mot est lâché même si sociologues et psychiatres réfutent son application... aux smartphones. “L'addiction suppose une souffrance, explique Michael Stora, psychologue et psychanalyste, or ce n'est pas le cas, on remarque parfois de la gêne, peut-être, mais cela ne relève pas de la maladie mentale !” Ouf ! Cela dit, prendre un peu de recul vis-à-vis de cet objet ne peut pas vous faire de mal. Voici nos pistes pour y parvenir.

Votre smartphone et vous : qui dicte sa loi ?

Les spécialistes répètent que vous, le peuple adolescent, traversez un moment mouvementé de votre vie. Cette étape, qui vous mène de l'enfance à l'âge adulte, n'est pas un petit canal sans courant qui se franchit avec désinvolture. “L'adolescence reste une période au cours de laquelle beaucoup de choses échappent aux jeunes, y compris physiquement, avec un débordement hormonal qu'ils ne maîtrisent pas et qui produit des sautes d'humeur, du stress, des angoisses”, explique Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne.

“C'est comme si on était télécommandé”

Or un smartphone, cela se contrôle, on décide de ce que l'on en fait. Vous tenez l'appareil entre vos mains et c'est VOUS qui décidez de l'éteindre ou non, d'être dérangé, réveillé, alerté, bipé, prévenu d'un prochain rendez-vous. Vraiment ? “On croit décider, mais c'est faux, s'insurge Antoine, 20 ans, en licence de droit à Paris. Le smartphone nous dicte sa loi.”

Ninon, 19 ans, élève en prépa littéraire au lycée Victor-Hugo à Paris, en a fait l'expérience et affirme avoir décidé de “maîtriser les objets de [sa] vie, en commençant par le téléphone”. Elle vient de mettre au point une discipline stricte de son usage. “Récemment, dans une soirée, j'ai regardé autour de moi et j'ai vu tous mes amis scotchés à leur appareil... sans se parler. Certains postaient des photos de la fête... que les autres regardaient via Facebook ! Cela m'a effrayée. Depuis, j'éteins plus souvent mon téléphone, je l'oublie même régulièrement. Cela m'agace d'être infantilisée par une machine qui me prévient des prochains rendez-vous, qui me réveille, qui me donne l'itinéraire et les horaires d'autobus. C'est comme si on était télécommandé. J'ai décidé de ne pas me laisser envahir. Quand je travaillerai, je refuserai d'être corvéable à merci et disponible 24 heures sur 24.” La sage Ninon conclut : “Je veux fixer, moi-même, l'ordre de mes priorités !”

Accro ou pas ? Testez-vous !

Et vous alors, accro ou pas à votre portable ? Pour en avoir une idée, faites le test suivant. Répondez par oui ou par non aux 10 questions ci-dessous.


1. Avez-vous déjà utilisé votre smartphone dans les toilettes ?


2. Avez-vous déjà envoyé des SMS, chez vous, à une personne située dans une autre pièce ?


3. Consulter votre smartphone est-il votre premier geste de la journée ?


4. Avez-vous téléchargé des sonneries pour votre smartphone ?


5. Pourriez-vous prêter votre smartphone ?


6. Avez-vous un deuxième chargeur de rechange ?


7. Éteignez-vous votre smartphone, la nuit ou le week-end ?


8. Pendant les repas lisez-vous les SMS que vous recevez ?


9. Pouvez-vous concevoir la vie de vos parents à votre âge, sans smartphone ?


10.  Pouvez-vous vous endormir sans avoir consulté votre smartphone ?

Sachez que plus vous avez répondu par l'affirmative, plus vous êtes accro... Prê(e) à vous sevrer ?

Accro au smartphone : 4 conseils pour vous sevrer

Souvenez-vous... Vous n'avez pas décroché du jour au lendemain de votre ours ou de votre lapin en peluche, que vous serriez si fort contre vous pour vous endormir. Votre smartphone, c'est un peu un doudou sans fil qui pallie les angoisses, la solitude. C'est le nouvel objet transitionnel, décortiqué par les pédopsychiatres : un petit enfant a besoin d'un objet qui lui rappelle sa mère en son absence... histoire de ne pas paniquer dès qu'elle n'est plus là. Le petit appareil, lui, garde en mémoire des SMS d'amour, des photos, des bons souvenirs... comme un concentré d'un bonheur perdu ou à venir !

C'est grave, Docteur ? “Non, pas du tout, répond Michael Stora. Le seul danger d'un smartphone est de le balancer à la figure de quelqu'un ! Plus sérieusement, comme tout médiateur, il peut révéler une angoisse, une incapacité à être seul.”

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