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Hyperville

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Par   •  2 Mai 2018  •  Analyse sectorielle  •  13 811 Mots (56 Pages)  •  449 Vues

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Hervé LOUIS-REGIS

Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication-Université de Bordeaux 3-Laboratoire MICA.

L’usage des TIC et les projets d’habitats groupés. Une approche communicationnelle de l’éco quartier de la Cartoucherie de Toulouse.

Les difficultés en termes de logement, de participation citoyenne dans l’habitat ne sont pas spécifiques à notre époque actuelle. Si bien qu’une instance telle que la Confédération nationale du logement (CNL) trouve la raison de son existence au travers de la vive expérience des luttes historiques d’habitants des zones urbaines et rurales en matière de droit à un logement décent.

Cependant, si l’existence de luttes en matière de droit et de conditions liées au logement émerge dès le moyen âge (Roux, 1994)[1], ce n’est que sous la Commune de Paris[2] qu’il est fait symboliquement mention de ces  difficultés de logement à travers l’élaboration d’un moratoire sur les loyers.

 « Nous nous reverrons Jean, nous reviendrons à Paris. Nous reviendrons nous autre communards. Vive la commune !» C’est en ces termes que s’achève « La nouvelle Babylone », film  soviétique  coréalisé en 1929 par Grigori Kozintsev et Leonide Trauberg. L’histoire se déroule aux prémices de la révolution industrielle courant 1871, au moment où la commune de Paris se trouve sujette à des représailles  violentes de la part de l’armée de Versailles. En marge de cette guerre civile  se dessine en filigrane une histoire d'amour entre Jean, un paysan devenu soldat, hébergé par Louise, jeune vendeuse communarde, travaillant au grand-magasin La Nouvelle Babylone. L'idylle finit dans les cris les larmes et le sang des communards assistant à l’excavation de leur propre tombe avant d’être fusillés.  L’ensemble du film est construit sur des oppositions marquées entre la bourgeoisie vs le prolétariat, l’insouciance de la paix vs les horreurs de la guerre. Ainsi, l’analyse du montage s’apprécie dans sa capacité à mettre en exergue ces mêmes oppositions pour mieux susciter l’interrogation du spectateur issu du peuple. Etape par étape sous l’impulsion d’une classe ouvrière urbaine toujours plus importante au tournant du 19è siècle, va se profiler tout un ensemble de discours de revendications en rapport , d’une part, aux conditions de travail dans les industries émergentes, d’autre part aux conditions de logement. Robert Lanoff et son « chant des locataires[3] » (1908), Jules Jouy et « la chanson des anti-propriétaires » (1887) voyaient, par le biais des textes de leurs chansons, un excellent levier de formation  systématique à l’esprit révolutionnaire[4]. Ainsi, l’analyse fonctionnelle de certains outils supports des mobilisations sociales (chansons, flyers, médias radios, sites internet, etc.) d’une part,  et de leurs modes d’appropriation par un collectif d’actants[5] traduit toute la multiplicité des relations qui s’opèrent dans ce réseau ainsi constitué. Il s’agira pour nous d’aboutir à une meilleure compréhension de ces « nouvelles » manières de concevoir la vie privée, le social, le politique en zone urbaine par une sociologie de la traduction[6] prenant pour signifiant à la fois les discours, mais également les objets (« non-humains »), liés aux problématiques du  logement et de l’habitat. La sociologie de la traduction peut nous permettre d’aborder une étude du fait humain sous le prisme des projets de réalisation d’habitats participatifs sans opérer à opposition hâtive entre ce qui relève de la société technicienne[7] et ce qui relève de la nature, de l’écologie. Toutes ces actions, discours, cycles de communications sociales[8] représentent une alternative aux discours propagandistes classiques tenus par les leaders contestataires de l’ordre social.

Dès lors, au fil des décennies, au sein de grandes villes (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, etc.) des mouvements d’émancipation de la classe ouvrière prennent corps. Si aujourd’hui le besoin  d’identification à une classe ouvrière est de moins en moins manifeste, la question du sans logement et/ou du mal logement appelle cependant, plus que jamais, des réponses et des actions politiques urgentes. En attendant, de plus en plus de membres de la société civile se structurent en tentant d’innover en matière de productions matérielles et immatérielles visant à servir la communicabilité de formes de luttes et de résistances diverses face à ces questions.

Aujourd'hui,  les villes qui concentrent plus de 80 % de la population mondiale[9] ne peuvent faire abstraction des conditions du vivre ensemble. Ce sont ces conditions elles-mêmes qui constituent la source d'inspiration et de création de communications sociales directement exploitables par la sociologie de la traduction. Cette approche sociologique encore appelée théorie de l’acteur-réseau (Callon, Latour, 1986) est apparue au cours des années 1980 et se nourrit principalement du traitement symétrique (Latour 1991), c’est à dire sans prévalence, d’un fait observé (organisation, discours, objet) sur un autre au sein du réseau d’actants concernés par les problématiques d'exclusion ou de réappropriation des modes d’habiter l’espace urbain. Cependant, il semblerait qu’il existe un certain dévoiement observé par la récupération marketing[10] du concept de communications sociales par les institutions étatiques (Bâtiments à énergie positive, Ecolabel, Ecoquartiers, villes durables, etc.) l'église, d'importants professionnels de l’immobilier (Bailleurs sociaux : Habitat Toulouse, Promologis).  Toutefois, au sein des milieux associatifs et militants, la communication sociale a su préserver sa visée originelle: à savoir, la mise en œuvre,  autant que faire se peut, de politiques et de pratiques d’information par des organismes extérieurs au secteur marchand.

En fait, les notions de transformation sociale, de réappropriation des modes d’habiter la ville trouvent leur plein essor à une étape bien précise. Il s’agit du moment où production et diffusion d’informations émergent, sous l’impulsion de la recherche action entamée par le chercheur qui tente ainsi de décrire et d’analyser dans quelles mesures le biopouvoir[11] politique, administratif s’exerce sur les usagers des villes. Ce n’est qu’à cette étape que la matière informative et productive générée peut se parer de nouvelles aptitudes : l’action politique étroitement inspirée par la puissance créatrice des imaginaires socioculturels en présence.

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