Et si je changeais...

Et si je changeais…

Pour un peu j’aurais cru que j’étais morte. Un autre tour et tout aurait été fini, la fête, les amis, le boulot… plus rien. Mais jamais je n’aurais cru que mon monde pouvait si vite s’écrouler en l’espace de deux secondes. Et tout cela à cause d’une petite montée d’adrénaline qui s’est transformée en virage mortel de 180 degrés. Etrangement dans la nuit, tout semble si paisible, comme si rien ne pouvait nous atteindre ; on pourrait même croire que l’on est éternel. Je suis jeune, insouciante et malheureusement endormie au volant. Je ne saurais dire depuis combien de temps je gis toute seule ici dans ma voiture, encore dans les vapes. Je ne comprends toujours pas la raison de mon silence. Je devrais pourtant appeler de l’aide, crier de toutes mes forces qu’on me sorte d’ici. Mais étrangement il n’y a rien, je ne fais rien, je ne pense même pas que j’attends que l’on me sauve. Et c’est là que j’entends enfin un bruit. En effet, je suis même parvenue à oublier l’existence de mon téléphone, chose que je n’ai jamais faite depuis les 19 dernières années de ma vie. Pourtant, je ne décroche pas, je ne cherche même pas à savoir qui est en train de perdre son temps à m’appeler. Et je revois alors le film de ma vie. Comment ai-je pu passer toute ma vie dans une telle insouciance, à ignorer les plaintes de ma sœur, les cris de mon père, mais pire encore les larmes de ma mère. C’est décidé j’arrête tout, toutes ses bêtises que j’ai pu commettre avant, plus horribles les unes des autres. Tiens, je me rappelle de la fois où j’ai juré au tribunal contre l’innocence d’une ancienne amie. Et dire que mes remords surviennent 3 ans plus tard. Le sentiment de dégoût et de culpabilité qui surgît en moi est si haut que je décide enfin de décrocher mon téléphone.

Trop tard, on me sort de la voiture et j’entends le hurlement si strident des sirènes. Je ne saurais distinguer si ce sont les sirènes des policiers ou bien celles des pompiers. Mais je sens que l’on m’emmène, on m’a sorti de ce piège, je suis sauvée, je le sais. A l’hôpital je sens le regard de tout le monde sur moi, je suis si belle que ça ? C’est étrange mais j’ai l’habitude de ce genre de situation. Quand je vois ma mère arrivée, je veux la prendre dans mes bras, mais je ne crois pas qu’un tel geste d’affection de ma part ne changerait quoi que ce soit. Tant pis, je me contente de la saluer d’un mouvement de la paume; elle ne me répond même pas. Mais cela ne m’étonne pas non plus, son absence de réaction est tout à fait normal, j’ai fait bien pire qu’un simple accident dans ma vie. Je décide de me taire et c’est selon moi la meilleure décision que j’ai prise depuis si longtemps. Mais ce qui me perturbe par contre c’est le visage de ma mère, si inexpressif d’habitude mais qui semble chagriné. Est-elle si jalouse de ma beauté, que cela lui peine tant que ça. Même avec les yeux fermés je sens ses paires d’yeux sur moi, je les laisse alors fermer. Qui sait le genre d’horribles commentaires qui pourrait jaillir de ma bouche si je l’ouvrais. J’ai encore besoin de ma maman après tout.

Quand j’entends la voix de mon père, je ne veux toujours pas ouvrir mes yeux. Il ne me parle sans doute pas. Pourquoi donc irait-il parler à une folle dévergondée comme il le disait

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