DF2 REPAS

Pascale BAUWENS

Je suis actuellement en stage pour préparer mon DEAMP dans un établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes. L’équipe pluridisciplinaire est composée d’un cadre de santé, d’un médecin coordinateur, d’une psychologue, d’infirmières, d’aides-soignantes, d’aides medico-psychologiques, du personnel de ménage, de cuisine et d’animation. Cette structure est située aux alentours de Montbéliard et dispose d’une capacité d’accueil de 60 places.

Ma fonction dans cet établissement est d’accompagner, dans les actes de la vie quotidienne, les résidents atteints de la maladie d'Alzheimer ou de troubles apparentés.

La maladie d’Alzheimer est une maladie dite « neuro-dégénérative », ce qui veut dire qu’elle se caractérise par la dégénérescence progressive et irréversible des cellules nerveuses ; la disparition de ces cellules entraînant le déclin continu des capacités cognitives. Les fonctions cognitives sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent notamment de communiquer, de percevoir notre environnement, de se concentrer, de se souvenir d’un événement ou d’accumuler des connaissances. La maladie d’Alzheimer se caractérise donc par des troubles de la mémoire, du langage, des gestes, de la reconnaissance, du comportement, de l’orientation dans le temps et dans l’espace.  

Dans son travail d’accompagnement de la personne dépendante, l’AMP utilise le quotidien comme support. A partir d’une situation vécue, je vous présenterai un temps du repas, moment clé du quotidien. En analysant cette situation j’identifierai ensuite les questions que je me suis posée. J’étudierai enfin les enjeux du temps clé pour la personne aidée.

Le repas représente un temps clé du quotidien, puisqu’il intervient de manière répétitive chaque jour.

A l’EHPAD, les repas font partie des moments privilégiés car ils rythment les journées des résidents. Les repas sont pris, principalement en salle à manger mais les résident peuvent, s’ils le souhaitent, être servis en chambre.

Manger est un acte incontournable de la vie. Il figure dans la pyramide de Maslow comme un besoin fondamental. Il est représenté par un apport des aliments en qualité et quantité nécessaire à notre organisme. Souvent pris en famille ou entre amis, le repas a des valeurs affectives et sociales, c’est un moment de partage. Manger est aussi une source de plaisir et de bien-être lorsque le repas est pris dans un endroit agréable, que les mets sont appétissants, et que l’on ressent une sensation de satiété à la fin du repas.

Le vieillissement et l’évolution de la maladie d’Alzheimer ont diverses conséquences sur l’alimentation de la personne affectée par cette maladie : altération du goût et de l’odorat, modification du comportement à table, dénutrition, troubles de la déglutition, perte de poids due à un accroissement des besoins énergétiques du fait de la déambulation ; Cette perte de poids n’est pas compensée par des apports nutritionnels suffisants, car la personne démente ne s’alimente pas normalement.

Venons en maintenant à la situation. Dans le respect de la personne et du secret pro-fessionnel auquel de dois me tenir, je nommerai cette personne sous le nom de Madame C.

J’ai choisi cette personne parce qu’elle me semble isolée des autres et qu’une angoisse latente l’empêche de ne nourrir suffisamment. La dénutrition est un facteur aggravant de la maladie d’Alzheimer ; ainsi, mon objectif était de créer une relation de confiance avec Madame C.,  afin d’améliorer son désir de s’alimenter.

Madame C., 84 ans, petite dame menue, née à Saint-Quentin (02) est veuve. De son mariage sont issus deux garçons qui habitent loin de chez elle ; ils ne lui rendent donc pas souvent visite.

Madame C. est atteinte de démences liées à la maladie d’Alzheimer, accompagnées d’une grande anxiété. Lorsqu’elle arrive à l’EHPAD en août 2015, la psychologue et le cadre infirmier recueillent les informations qui serviront par la suite à réaliser son projet personnalisé. Il en ressort que Madame C. est très désorientée, et que son envie principale est qu’on la laisse tranquille ; Elle ne veut pas sortir ni participer aux activités. Elle a besoin d’une aide partielle au lever et au coucher, et d’une aide complète pour la toilette. Elle est incontinente le jour comme la nuit. Madame C. ne s’alimente pas spontanément. Elle mange des aliments mixés en très petite quantité.

Lorsque je la rencontre la première fois, je vois une dame qui déambule à longueur de journée, elle dit qu’elle est perdue, qu’elle ne sait pas où aller. Elle cherche « Marie ». Aussitôt, je demande aux membres de l’équipe « qui est Marie ? », ils me répondent que c’était l’aide à domicile de Madame C. lorsqu’elle elle habitait encore chez elle ; ils ajoutent qu’elle a été placée dans l’établissement parce qu’elle fuguait et mettait ainsi sa vie en danger.

Madame C. parle beaucoup et questionne souvent les soignants. Elle leur demande où elle est, où est Marie. Elle leur dit qu’elle a peur, qu’elle ne peut pas rester ici, qu’il y a trop de monde, que ce n’est pas chez elle, qu’elle ne veut pas déranger… Elle ne communique pas avec les autres résidents et accepte rarement de se joindre à eux pour les repas. Lorsqu’elle accepte de s’asseoir à table, elle n’y reste que très peu de temps, donc pas suffisamment pour s’alimenter de manière correcte et suffisante. Or, l’altération de l’état nutritionnel aggrave considérablement la maladie. Il me semble donc primordial de trouver les moyens de lui maintenir l’envie de se nourrir pour lui garantir des apports nutritionnels suffisants.

...