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En changeant, devient-on quelqu'un d'autre?

Dissertation : En changeant, devient-on quelqu'un d'autre?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2019  •  Dissertation  •  1 407 Mots (6 Pages)  •  779 Vues

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Macquet Grégoire                                                                                        TS1

        En changeant, devient-on quelqu'un d'autre ?

        En changeant, une personne peut-elle devenir tellement différente qu'on puisse penser qu'elle n'est plus la même personne ? Nous verrons d'abord qu'il est impossible à travers les changements majeurs d'une vie d'atteindre une altérité totale, puis nous étudierons la notion de personne et suite à cette étude nous nous intéresserons à la possibilité d'une modification intime de la personne dans le cadre de la conversion morale.

        Lorsqu'un homme est adulte il considère son enfance avec distance, il perçoit les changements qui ont jalonné sa vie, il estime les grandes étapes qui ont modifié son comportement, il considère les expériences qui l'ont mené à être ce qu'il est, mais il perçoit sous les différents états du moi la continuité que lui présente sa mémoire.

         Par ailleurs, une personne amnésique dira qu'elle « ne sait plus qui elle est », parce que sa mémoire ne lui présente plus qui elle a été, et qu'en conséquence elle ne sait plus qui elle est, ce qui montre à nouveau que la mémoire établit une continuité entre tous les moments de vie d'une personne.

        Même les changements majeurs d'une vie ne rompent pas le sentiment de continuité. Changer beaucoup ne signifie pas qu'on devient quelqu'un d'autre. Dans le cas de la transsexualité par exemple, changer de sexe ne signifie pas que la personne devient quelqu'un d'autre mais plutôt qu'elle devient ce qu'elle a toujours pensé être. Il y a donc une continuité intime sous les changements apparents.

        Plus profondément, tout changement s'inscrit dans la continuité. Cette règle semble être celle de la logique de l'esprit. En changeant on passe d'un état initial à un état final, or une fois ce dernier atteint, il est nécessaire de se souvenir de notre état initial pour affirmer qu'il y a eu changement.

L'analyse du morceau de cire, tirée des Méditations métaphysiques de Descartes, nous permet d'illustrer notre propos. Dans cette analyse Descartes établit que ce n'est pas par la sensation mais par l'esprit que nous pouvons établir que les différents états d'un morceau de cire relèvent de la même substance. De la même façon, notre esprit établit nécessairement une continuité entre les différents états du moi ; que l'écart entre ces deux états soit grand ou pas, qu'ils soient éloignés dans le temps ou non. Ainsi nous pourrions affirmer, pour contredire complètement Rimbaud, que « je » n'est jamais un autre.

        Dans le même ordre d'idée, Kafka, à travers La Métamorphose, nous fait assister à un changement énorme et tragique dans le corps d'un individu, sans pour autant altérer la conscience de son devenir. Même en devenant un cafard, Gregor Samsa est encore Gregor Samsa.

        

        Mais nous n'avons envisagé le sujet que dans son sens propre, c'est-à-dire que nous avons considéré le fait de devenir quelqu'un d'autre comme aboutissant à une altérité absolue. Or on peut envisager le sujet dans un sens plus figuré en se demandant si malgré la continuité du moi, un homme peut devenir suffisamment différent au point de pouvoir être considéré comme quelqu'un d'autre. Pour cela il est nécessaire de s’interroger sur la notion de personne, car le pronom « quelqu'un » du sujet renvoie à la notion de personne. Aussi allons-nous analyser ce que c'est qu'une personne avant d'aller plus loin. Et pour ce faire il nous semble judicieux de nous demander à quelles conditions une personne peut être considérée comme n'en étant plus une.

        

        Il nous semble que si les valeurs morales universelles font absolument défaut à quelqu'un, cette personne peut être considérée comme sortant du champ de l'humanité. Preuve en est que les criminels ayant commis des actes de barbarie sont qualifiés de monstre par le sens commun. Les horreurs commises lors de la guerre 1939-1945 sont appelées « crime contre l'humanité », ce qui prouve bien que manquer de sens moral à ce point semble retirer au criminel sa qualité de personne.

        A contrario, lorsque l'on utilise l'expression « C'est quelqu'un ! », c'est pour qualifier une personne qui s'est conduite de manière exemplaire, d'une manière que tout le monde approuve, selon des valeurs morales communes. Ainsi il nous semble que la notion de personne peut s'identifier à celle de personne morale. Dès lors, nous envisageons le sujet « en changeant devient-on quelqu'un d'autre » en nous demandant si ce quelqu'un d'autre n'est autre que la personne morale. Et pour ce faire, nous utiliserons les analyses d'un philosophe contemporain, Georges Bastide, qui analyse le thème de la conversion morale à travers l'expérience philosophique de Socrate.

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