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Mort de Gervaise : Assommoir de Zola

Analyse sectorielle : Mort de Gervaise : Assommoir de Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Février 2022  •  Analyse sectorielle  •  2 254 Mots (10 Pages)  •  1 135 Vues

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Corrigé du commentaire de l’épilogue de l’Assommoir de Zola

        Emile Zola est un écrivain et journaliste français du XIXe siècle, considéré comme le chef de file du naturalisme. Par ses écrits, il peint la réalité avec une tournure scientifique et il observe beaucoup autour de lui afin d’étoffer ses récits d’une multifide de détails. Zola est un auteur engagé, il s’attache à décrire la réalité sous un angle scientifique, il voit le roman comme un laboratoire grâce auquel on peut étudier, révéler et dénoncer les comportements humains. Il réunit ses personnages sous le nom des Rougon-Macquart et installe une saga dont le but est de faire l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire en prise avec le déterminisme génétique et sociale. Ses œuvres les plus célèbres sont Germinal, Au Bonheur des Dames, La Bête Humaine ou encore L’Assommoir paru en 1877. Cette œuvre met en avant l’histoire de Gervaise Macquart, femme issue de la classe populaire mais qui connait une vie meilleure grâce à son commerce rentable. Cependant le bonheur ne va pas durer car son mari, alcoolique et dépensier, va l’entraîner avec lui vers la misère. L’extrait étudié se situe à la fin du roman lors de la découverte du cadavre de Gervaise.

        Comment Zola nous représente-t-il, à travers le portrait de la mort tragique de Gervaise, la critique réelle d’une société indifférente ?

        Afin de répondre à ce questionnement, nous verrons en premier le trépas lent et déshumanisant de Gervaise puis nous aborderons la critique naturaliste présente dans l’extrait.

Dans cet épilogue, Gervaise apparaît comme une héroïne tragique face à une mort lente et déshumanisante. Toues les conditions étaient réunies par Zola afin que cette jeune femme avance inexorablement vers une mort inévitable, point final d’une vie misérable.

        Pour débuter, Zola emploie un adverbe de moment en lien avec un adjectif de couleur l.16 « déjà verte ». L’adverbe donne un effet d’accélération, de surprise : ayant oublié la présence de Gervaise, les habitants de l’immeuble pensaient la trouver en train d’agoniser ou morte depuis peu mais dans les faits, cela fait déjà un moment qu’elle est décédée. La couleur « verte » témoigne de la décomposition déjà bien engagée. Nous ressentons bien l’effet de surprise, de choc, d’exclamation qui montre le côté tragique de sa mort : elle est oubliée et condamnée à pourrir seule. Ensuite, la périphrase « caisse des pauvres » l.17 remplace et connote le cercueil que Gervaise aurait dû avoir. Elle a tout perdu, même dans la mort elle présente un visage misérable, elle ne peut être enterrée dans un cercueil décent et digne. Cette « caisse » est un renvoi à sa vie passée, elle n’a rien, pas de biens personnels. Nous pouvons imaginer qu’elle est enterrée comme un vulgaire animal qu’on mettrait dans une boîte en carton, une boîte à chaussures. Elle n’a plus d’importance et son enterrement n’a rien de sacré, il se limite à une cérémonie faite pour un animal. On remarque alors un registre pathétique qui attire la pitié du lecteur. Enfin, la métaphore l.14 « creva » exprime la souffrance de cette mort qui vient transpercer l’âme de Gervaise. C’est une blessure qui s’empare de tout son corps, c’est l’image de la souffrance finale. Ceci peut aussi être une délivrance, quand un objet se crève, il libère beaucoup d’air et se vide de son tout. Ce passage peut alors être compris comme la libération de sa misérable vie passée ainsi que de sa souffrance qui l’a accompagnée jusqu’à la dernière seconde de sa vie.

Tous ces éléments permettent à Zola de mettre en place une mort inéluctable pour son personnage.

Cependant, cette fin tragique ne peut pas être coupée du reste de son existence, en effet, cette fin tragique est l’aboutissement d’une vie misérable.

Premièrement, « son trou » l.6 est une métaphore qui assimile le lieu de vie de Gervaise à un trou d’animal comme pourrait faire un rat ou une souris dans une maison. Ceci témoigne de la saleté, du manque de lumière et de la taille exiguë de la pièce. Gervaise doit se contenter d’un « trou » en guise de chambre, elle est une nuisible, de la vermine, comme on qualifie les rongeurs. De plus, cette idée de « trou » peut vue comme une prémonition de la mort, le trou faisant référence à la tombe dans laquelle Gervaise va finir. Nous remarquons alors un registre pathétique qui attire la pitié du lecteur sur la situation de Gervaise. En second, la synecdoque doublée d’une hyperbole l.8 « ventre vide » représente Gervaise elle-même. Nous pouvons dire que son ventre est vide car elle a faim et ceci vient appuyer sa pauvreté. En effet, l’argent manque même aux besoins vitaux, il n’y a rien dans son ventre, rien en elle-même qui puisse la maintenir en vie ; Son ventre ne contient que de la bile et la synecdoque appuie le vide général de son corps, dans sa vie, de son âme puisqu’elle n’a rien, elle ne possède rien. Tout est vide de sens. Nous constatons un registre tragique : Gervaise ne peut échapper son destin, les forces de la situation la dépassent, elle ne peut lutter, encore une fois, le lecteur ne peut que la plaindre. Pour finir, nous pouvons relever le champ lexical de la saleté « sales » l.3, « dégoûtant » l.4, « vieille paille » l.8 et « ordures » l13, du fait de cet ensemble de termes, nous comprenons la misère dans laquelle Gervaise vit. Les lieux ne sont pas entretenus et la saleté est devenue une habitante à part entière au même titre que Gervaise. La présence répétée de ce manque d’hygiène crée un effet de lourdeur qui permet une imagination poussée du lecteur qui pourrait même sentir la puanteur à travers les mots. C’est un registre épidictique des lieux qui les blâment afin d’appuyer la pauvreté.

A travers l’évocation de la mort de Gervaise et la démonstration des conditions de vie déplorables et misérables qui ont amenées la jeune femme au trépas, Zola désire avant tout, ancrer son œuvre dans la vision naturaliste de la société.

Les dernières pages de l’Assommoir sont fixées dans la vision naturaliste et pessimiste que Zola donne à ses œuvres. Il va souligner ainsi l’indifférence sociale dans laquelle Gervaise est morte afin de démontrer l’ironie de son enterrement.

        L’extrait débute par une hyperbole l.1 afin de montrer à quel point Gervaise est oubliée par le système. On la pensait déjà au fond et pourtant elle continue de tomber dans les abysses de la société. Cela accentue sa chute sociale, du succès au néant. Nous pouvons relever un registre polémique car on peut imaginer une attaque directe de la société, de l’homme qui a provoqué cette dégringolade sociale. Nous pouvons remarquer un lien avec les thèmes du naturalisme, Gervaise est le symbole du déterminisme social, de cette force qui maintient les personnes dans la misère sociale. Par la suite, nous pouvons relever la connotation péjorative dans le mot « avanies » l.2, ce terme signifie un traitement humiliant, un comportement négatif infligé à une personne. Ceci montre l’indifférence de la société face au malheur de Gervaise. Cette dernière continue d’être humiliée même lorsqu’elle est au fond du trou. L’auteur cherche à attirer la pitié du lecteur sur la situation de Gervaise et à faire également comprendre l’indifférence qu’a la société pour la jeune femme et pour toutes les personnes dan s le même cas qu’elle. Nous rappelons que le naturalisme est la suite logique du réalisme, son but est aussi de dépeindre la réalité telle qu’elle est.

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