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Le marivaudage dans le film La Discrète, de Christian Vincent

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Par   •  7 Janvier 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 073 Mots (9 Pages)  •  250 Vues

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Le marivaudage dans le film La Discrète, de Christian Vincent

https://www.youtube.com/watch?v=v9fks3YhARc 

https://www.dailymotion.com/video/x5inqz    (de 2:38 à 6:04)

Introduction

Le marivaudage désigne à l’origine une séduction légère, spirituelle et galante où le séducteur joue un rôle en se mettant à la place d’un autre.Ce terme marque un langage ou une écriture proche de la phraséologie de Marivaux. Ainsi, les paroles doivent être recherchées et raffinées. Aujourd’hui, ce nom est un synonyme de badinage, parfois dans l’excès du raffinement, touchant la préciosité.

En effet, ce marivaudage était très utilisé par les nobles et les précieuses au XVIIIème siècle. C’est à la même époque que Marivaux, dramaturge français, écrivit ses œuvres.

Le mot marivaudage est d’ailleurs issu du nom de scène de l’auteur. Il a été utilisé de son vivant. Son origine est cependant incertaine. Certains historiens pensent que le terme aurait été utilisé pour la première fois en 1740 lors des échanges épistolaires de Mme de Graffigny. D’autres supposent que Diderot ait été l’inventeur du mot, car il fut remarqué dans sa correspondance avec Sophie Volland en 1760.

Le Marivaudage dans Le jeu de l’Amour et du Hasard

Le marivaudage est souvent associé au chef d'œuvre de Marivaux Le jeu de l’Amour et du Hasard. Cette comédie est représentée pour la première fois en 1730.  Cette pièce écrite en prose est composée de trois actes. Différents registres se succèdent, Dorante utilisant le pathétisme et Silvia l’ironie par exemple. Le lyrisme est souvent utilisé, notamment par Dorante ainsi que Arlequin qui expriment fréquemment leurs sentiments. Nous allons ici étudier la place du marivaudage dans cette œuvre, plus particulièrement dans l’acte I - scène 7 , dans l’acte II - scène 9, l’acte III - scène 6 et l’acte 8.

Ce style de scène de séduction, propre au marivaudage, est marqué par la présence d’apartés, permettant de montrer, souvent malgré soi, un début d’inclination. Dans la scène 7, acte I, Dorante et Silvia discutent après leur rencontre. Ils jouent tous les deux leurs rôles ( celui des domestiques ).  La scène débute avec un aparté de Silvia, suivi par celui de Dorante. Ils expriment tous deux leur étonnement face à leur interlocuteur. Ils pensent également s’interroger l’un et l’autre sur leurs “ maîtres ” respectifs dans le but d’en découvrir davantage sur la personne qu’ils pourraient épouser. C’est ensuite Dorante qui entame la discussion. Tout au long de la scène, Sivia parle en aparté huit fois, ce qui prouve son intérêt et sa surprise cachés face à Bourguignon le valet joué par Dorante.

On peut également remarquer des tirades, qui mettent en évidence la maîtrise du personnage, ou à quel point il se trompe sur ses sentiments. C’est le cas dans la scène 9, acte II, durant laquelle Silvia explique à Bourguignon ( alias Dorante ) qu’elle est indifférente à ses avances, et qu’elle est plutôt généreuse de continuer à lui parler. Cependant, elle semble bien différente dans les scènes précédentes et celles à venir.  

De nombreuses figures de style sont également à remarquer, le plus souvent des hyperboles ou des jeux de mots. Par exemple, dans la scène 7, acte I, Bourguignon tient un discours laudatif presque hyperbolique, comme le montre cette phrase : “ Quelle espèce de suivante es-tu donc avec ton air de princesse ? “. Il permet un contraste entre les deux opposés de la société : les domestiques et les familles bourgeoises. Le personnage ne tarira pas d’hyperboles, telles que celle-ci : “ [...] je suis bien malheureux de me trouver arrêté par tout ce qu’il y a de plus aimable au monde “. Il compare ainsi Lisette, alias Silvia, à un idéal amoureux.

Les marques du locuteur sont fréquentes, ainsi que des modalisateurs afin de manifester l’affectivité ressentie. Ainsi, les pronoms se succèdent, comme dans la phrase “ Ahi ! je me fâcherais, tu m’impatientes, encore une fois laisse là ton amour “

Enfin, le discours est généralement assez ambigu. Dans la scène 7  de l’acte I, les sentiments amoureux de Bourguignon sont constamment exposés, “ je n’ai jamais eu de grandes relations avec des soubrettes [...] mais à ton égard c’est une autre affaire “. Il lui explique ainsi que même si elle est une servante, il est tout à fait charmé et prêt à tout pour la séduire. En répliquant à Silvia, qui venait de lui dire que les sentiments de Dorante à son égard sont “ l’histoire de tous les valets qui m’ont vues “,  il la flatte encore en répliquant “ Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi l’histoire de tous les maîtres “.

 Dans cette scène le marivaudage est représenté par le jeu d’amour qui représente pourtant un risque de ruptures.

Dorante qui  soupçonne Silvia d'aimer Mario annonce son départ  “Cela est bien naïf. Adieu”, il voudrait ainsi être désiré par Silvia. Par conséquent on retrouve le champ lexical du départ “partir” et “s'en aller” et du retour après que sa ruse ait fonctionné. À son tour Silvia tente le même stratagème qui lui aussi réussi. Elle ne veut pas dévoiler ses sentiments ni révéler sa véritable identité bien que son travestissement soit peu crédible. En effet, elle vouvoie Dorante et son niveau de lexique est élevé. Silvia emploie de nombreuses marques du locuteur  qui s’opposent  tel que le “vous” et le “moi” comme dans la phrase:“[...]vous justifier auprès de moi”. Dorante craint toujours une relation entre Silvia et Mario et ne veut faire le premier pas. Il évoque son appréhension en provoquant Silvia qui dissipe ses doutes aussitôt Le jeu ambigu qui se dessine entre Dorante et Silvia consiste à éviter à tout prix le départ de l’autre sans pour autant être le premier à révéler la vérité. Au travers de ses tirades marivaux met en exergue une crainte d’infidélité chez Silvia. Finalement, Dorante avoue ses sentiments “ Peux-tu douter encore que je ne t'adore ?”. Silvia est heureuse et a eu ce qu'elle désirait, Dorante l’aime elle et non son titre de noblesse. mais ne le montre qu' au travers de ses apartés et tirades. À la suite de ses aveux, Dorante utilise des figures de style  pour évoquer son amour  telles que des métaphores et des hyperboles:“Tes paroles ont un feu qui me pénètre”.Le dénouement de leur liaison est amené par le père qui révèle l'identité de sa fille.

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