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Étude du poème Lac de Lamartine

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Par   •  16 Janvier 2013  •  6 501 Mots (27 Pages)  •  1 234 Vues

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« O temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,

Suspendez votre cours !

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m'échappe et fuit ;

Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;

Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?

Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface

Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez ?

O lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !

Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux !

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,

Tout dise : « Ils ont aimé ! »

INTRODUCTION

En 1820, paraît un petit recueil de 24 poèmes intitulé « Les Médidations poétiques ». Le recueil qui passe pour le manifeste du romantisme français connaît un immense succès.La poésie devient personnelle et intime. Lamartine a rencontré en septembre 1816 à Aix-les-Bains, pendant sa cure, une jeune femme, Madame Julie Charles. Ils se donnent rendez-vous l'année suivante sur les rives du lac, mais Julie ne viendra pas, elle mourra en décembre 1817.

Il est indispensable, pour mieux comprendre les « Méditations » et plus particulièrement le poème intitulé « Le Lac », de rappeler cet important épisode de la vie du poète, les faits qu'il est indispensable de connaître pour éclairer la genèse de son œuvre. Détaillons, point par point et presque jour par jour la réalité de cette illustre aventure amoureuse.

Lamartine, venant de Mâcon, après avoir passé quelques jours chez Louis de Vignet, à Chambéry, arrive à Aix-les-Bains le 5 ou le 6 octobre 1816. Son ami de collège lui avait indiqué la pension du docteur Perrier. C'était une maison tranquille, un peu hors de la ville, avec un balcon à galerie à la hauteur de l'unique étage et un jardin derrière, donnant sur la campagne (le comité d'initiative de cette station balnéaire y a créé en 1921 un petit musée consacré au poète Alphonse de Lamartine, très visité par les touristes)

Une Parisienne, élégante et jolie, est arrivée de Genève depuis une quinzaine de jours. Elle frappa l'attention du nouveau pensionnaire. Il a dû se renseigner auprès de son hôte et il apprit que cette charmante personne était 1a femme d'un homme célèbre, le physicien Charles, membre de l'Académie des sciences et bibliothécaire de l'Institut.

Ces détails durent piquer « la curiosité du jeune lettré, membre d'une académie provinciale ». La jeune femme, de son côté aimait les lettres et la politique ; l'un de ses plus vifs plaisirs était de servir les intérêts et la carrière de ses proches ou de ses amis par ses hautes relations. Julie Charles s'intéresse tout de suite à ce beau jeune homme mélancolique, elle attire ses confidences et lui propose « son appui à Paris auprès des Mounier pour sa carrière diplomatique et, pour ses ambitions littéraires, auprès de M. de Bonald. »

Plus âgée que lui de quelques années, elle se montra tout naturellement maternelle ; et lui, tout ébloui par la grâce et le prestige de cette protectrice inespérée, lui prodigua de discrètes prévenances qui ne déplurent point.

Julie Françoise Bouchaud des Hérettes (ou Desherettes) était née à Paris le 4 juillet 1784, d'une mère créole. Le physicien Charles l'avait épousée en 1804. Ce savant de cinquante huit ans, mari dune femme de vingt ans, s'efforça de lui faire oublier une jeunesse assez triste. La première enfance de Julie s'était passée à Saint Domingue ; à huit ans, elle revint en France avec son père, dont les domaines avaient été dévastés par les troubles des Antilles ; sa mère ne tarda pas à mourir dans cette île

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