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Emile Zola

Mémoire : Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2013  •  1 646 Mots (7 Pages)  •  964 Vues

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 Je suis né le 02 avril 1840 d'un père natif de Venise et d'une mère française, originaire de la Beauce - je suis né ici à Paris, en plein centre d'un des quartiers populaires. Mon père était ingénieur et réalisa quelques grands travaux de canalisation dans la région d'Aix, près de Marseille, où il mourut en 1847. J'ai grandi en Provence de l'âge de 3 ans jusqu'à l'âge de 18 ans et j'ai commencé mes études au collège de la ville d'Aix. Revenu à Paris en 1858, j'ai connu une période de grande misère. J'ai terminé mes études secondaires au lycée Saint-Louis et passé quelques temps à fainéanter avec l'insouciance d'un poète. En 1862, je suis rentré à la Librairie Hachette, jusqu'en 1866, époque où je me suis lancé dans le journalisme.

Il y a déjà dix ans que je vis de ma plume, plutôt mal que bien. On me conteste violemment, on ne me reconnaît souvent pas le moindre talent et je gagne bien entendu moins d'argent que ceux qui écrivent des feuilletons des journaux. Il y a quatre ans seulement que j'ai pu cesser tout à fait de collaborer à des journaux, où je m'attirais des désagréments par mes manières et je me suis définitivement enfermé chez moi pour écrire mes romans.

Je vis très à l'écart, dans un quartier éloigné, au fin fond des Batignolles. J'habite une petite maison avec ma femme, ma mère, deux chiens et un chat. Si quelqu'un passe me voir le jeudi soir, il s'agit surtout d'amis d'enfance qui sont presque tous des Provençaux. Je sors le moins possible. Comme écrivains, je ne fréquente que Flaubert, Goncourt et Alphonse Daudet. Je me suis éloigné de tout, exprès, pour travailler le plus tranquillement possible. Je travaille de la manière la plus bourgeoise. Mes heures sont fixées : le matin, je m'assieds à ma table, comme un marchand à son comptoir, j'écris tout doucement, en moyenne trois pages par jour, sans recopier : imaginez-vous une femme qui brode de la laine point par point ; naturellement je fais des fautes, quelques fois je rature, mais, je ne mets ma phrase sur le papier que lorsqu'elle est parfaitement disposée dans ma tête. Comme vous voyez, tout ceci est extraordinairement ordinaire. Je crains qu'une telle révélation ne fasse tort dans l'esprit de vos auditeurs, au personnage effrayant qu'ils imaginent que je suis. Mais en réalité, tous les véritables travailleurs à notre époque doivent être par nécessité des gens paisibles, éloignés de toute pose et qui vivent en famille, comme n'importe quel notaire d'une petite ville.

Que vous dire encore ? Mes Rougon-Macquart auront vingt tomes et actuellement je travaille sur le septième, un roman qui embrassera le monde des ouvriers parisiens. J'ai déjà beaucoup travaillé et j'ai encore devant moi beaucoup de travail. Pour moi, la vie toute entière se résume dans le travail. Je ne compte pas, même dans dix ou quinze ans, être compris et reconnu en France. On répand sur mon compte des absurdités de toute sorte. De plus, la haine des écoles littéraires est trop forte pour qu'on me rende justice et la politique fait maintenant chez nous tellement de bruit que les livres passent tout à fait inaperçus. Ca ne fait rien ! Il faut seulement produire. Quand je suis content de ma journée, le soir, je joue aux dominos avec ma femme et ma mère. J'attends ainsi plus facilement le succès.

Je juge presque superflu d'ajouter que je ne me connais qu'un vice : j'aime bien manger. Mais un tel aveu peut sembler vaniteux. Jugez-en vous-même, pouvez-vous expliquer par tout ceci mes romans ? Un dernier détail : je suis très nerveux, le travail prolongé m'irrite et me tue. Parfois, je suis obligé de m'arrêter quelques semaines parce que mon cœur commence à battre de manière effrayante. Si je n'écrivais pas mes livres, j'aimerais être un petit propriétaire quelque part dans un village et respirer librement le grand air.

Corrigez tout ceci. Je voulais seulement donner des faits et des chiffres. Au fond, dans l'art, je n'ai qu'une passion : la vie. Je suis dévoué avec l'amour à la vie actuelle, à toute mon époque.

(Article paru dans les Annales de la Patrie, 1876)

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Né à Paris, le 02 avril 1840, rue Saint-Joseph. Mon père, né à Venise, officier à 17 ans dans l'armée du Prince Eugène, capitaine dans la légion étrangère, démissionnaire, établi ingénieur à Marseille, venu à Paris pour travailler aux fortifications. Ma mère, née à Dourdan (Seine et Oise) -- Parti à 3 ans pour Aix, où mon père avait eu le projet de creuser un canal d'irrigation. Enfant mal portant et très gâté. Revenu à Paris, pour une année, en 1846 : mon père était en instance pour obtenir l'ordonnance royale nécessaire à ses travaux. L'année suivante, en 1847, mort de mon père, à Marseille, quelques jours après les premiers coups de mine, dans les rochers de Jaumegarde. Dès lors, de longs procès et une ruine lente -- Entré à 7 ans au pensionnat de notre Dame ; très retardé dans mes études, je n'ai su lire qu'à 8 ans -- Première jeunesse dans un jardin, avec de grands biens ; toujours très gâté, absolument libre, appelé par mes camarades "le Petit Parisien" -- Au collège, en 8ème, en 1852 seulement, à l'âge de 12 ans -- Pensionnaire jusqu'en

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