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Biographie de Baudelaire

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Par   •  22 Mai 2015  •  Commentaire de texte  •  1 825 Mots (8 Pages)  •  880 Vues

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Dans une lettre du 11 janvier 1858, Baudelaire reproche à sa mère de n'avoir pas remarqué dans les fleurs du mal deux pièces ("Je n'ai pas oublié voisine de la ville" et "La servante au grand coeur") concernant "cette époque de veuvage qui lui a laissé de singuliers et tristes souvenirs". Le 6 mai 1881, il évoque les mêmes circonstances en termes plus précis : "Il y a eu, dans mon enfance, une époque d'amour passionné pour toi...Ah! ç'a été pour moi le bon temps des tendresses maternelles. je te demande pardon d'appeler bon temps celui qui a été sans doute mauvais pour toi. Mais j'étais toujours vivant en toi; tu étais uniquement à moi."

Ce poème est une des oeuvres de jeunesse de Baudelaire, antérieure à 1844. L'influence de La Comédie de la Mort, de Théophile Gautier y est sensible. Une certaine grandiloquence la marque. Mais d'un sujet en lui-même "bête et touchant", comme le dit Valéry, le jeune écrivain a su faire une oeuvre pathétique et profonde.

Vers 1-3

Ce début éveille des impressions complexes. La noblesse du ton s'unit à la familiarité, le style grave aboutit à un vers prosaïque. Le registre est celui de la conversation, mais entre gens qui surveillent leur expression (la rupture usuelle : la servante...nous devrions...est une anacoluthe; pourtant ne répond pas à un refus, mais traduit discrètement un reproche, ou une impatience. L'évocation de l'enfance (vers 1) et de la visite au cimetière (vers 2-3) échappe à la banalité par le jeu des contrastes : la servante s'élève au-dessus de sa condition par son grand coeur, et cette servante suscite la jalousie; la pauvre femme dort son sommeil sous une pelouse humble comme l'a été sa vie. Ce qu'on devine derrière les mots, c'est le grand reproche de l'enfant à la mère qui l'a "abandonné" pour se remarier : elle ne sait pas aimer, mais elle a voulu être aimée à l'exclusion de toute autre, et en particulier de la servante, mariette, qui a été une seconde mère.

Vers 4-14

on entend une complainte, naïve et savante, qui interprète la visite rituelle aux cimetières comme une consolation à de grands malades (vers 4). La mort y est associé aux intempéries, car octobre c'est déjà la mauvaise saison. Le mois est personnifié (Majuscule, absence d'article, allégorie de l'émondeur). Cette mort est en correspondance avec le vent mélancolique et le froid (du marbre), et elle règne tout autour des tombes où les arbres meurent aussi. Dans ce passage, le mouvement des sonorités sont remarquables. Le thème initial n'est pas oublié, mais retourné (vers 7-8) : ce sont les morts qui pensent aux vivants, les rejoignant par la pensée dans leur sommeil, effet cher au romantisme noir et qui prépare le finale.

Vers 9-14

L'on entre ainsi de plain-pied dans le macabre : c'est la tradition, horrible et pittoresque, venue du Moyen Age, mais dans une version particulièrement hideuse. Morts et vievants cohabitent : les morts songent et sentent, et leur mal est accru par la solitude! Ils sont en proie à leurs ennemis : travaillés signifie tourmentés...À l'hiver s'ajoute enfin l'ennui (vers 13-14) du temps qui coule, et par l'ennui on revient au temps familier de l'evocation initiale,celle de l'ingratitude des vivants, dont la tristesse devient pitoyable. Mais une grande inquiétude est née : la mort ne serait donc pas la fin du voyage ?

Vers 15-22

Un nouveau tableau de l'hiver se forme (vers 15-16) autour des images d'intimité heureuse et de bien-être. Mais très vite l'angoisse est là : le souvenir mène à l'hallucination, et la servante est présente, morte et vivante.

Aux vers 17-18, l'évocation se précise : l'hiver est plus hostile (la nuit bleue est celle d'un froid glacial), la vieille femme plus inquiétante (elle est tapie dans sa modestie de toujours, mais on ne sait comment elle est venue et elle est grave comme un vivant reproche). L'homme sent, tragiquement, la présence des forces surnaturelles : elle vient du fond de son lit éternel.

Enfin (vers 19-20) le mouvement tourne, un peu court peut-être - et ramène au thème et au ton du début du poème. L'enfance est revenue. Mariette a repris sa place et son rôle : c'est elle, maintenant encore, qui "couve" l'enfant grandi et que sa mère oublie! Le finale est particulièrement pathétique (vers 21-22) : à la pieuse servante qui pleure sur les fautes de l'homme, l'homme répond par la honte, peut-être pour avoir été ingrat, mais surtout pour avoir compris sa misère, sa déchéance. Le poète a voulu frapper notre sensibilité : l'image suggérée par le dernier vers, qui montre à la fois la vieille femme au visage amaigri, et la morte aux orbites vides.

CONCLUSION

Ce poème éveille en nous les résonances les plus fortes : il est profondément humain, d'une tendresse vraie, et ne doit rien à l'indiscrétion biographique ("j'ai horreur de prostituer les choses intimes de la famille" disait Baudelaire à son propos).

Introduction

La perte d'un proche et le deuil qui l'accompagne causent d'ordinaire une grande tristesse pour ceux qui restent. Pourtant, dans « La servante au grand cœur », poème extrait des Fleurs du Mal, Baudelaire exprime une vision plus complexe, et comme inversée, des relations qui existent entre les vivants et les morts. La première strophe offre ainsi une description poignante de la souffrance ressentie par les morts du fait de l'absence des vivants. Dans la deuxième strophe, en revanche, Baudelaire met

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