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L'homme et l'animal

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Par   •  20 Mai 2025  •  Cours  •  5 533 Mots (23 Pages)  •  153 Vues

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Les représentations du monde

L’homme et l’animal

Introduction

Le titre de ce chapitre ne comporte aucun verbe conjugué. On dirait donc qu’il se contente de désigner les thèmes principaux (l’homme, l’animal), sans rien affirmer sur eux ni sur leurs rapports. Pourtant, il contient au moins deux présupposés (affirmations implicites) :

- Les êtres humains ne sont pas des animaux.

- Les animaux forment un groupe homogène (comme l’indique le « singulier »), comme s’ils formaient une grande espèce, opposable à l’espèce humaine.

Ces deux présupposés sont très discutables. D'abord, les animaux sont différents entre eux, tant au niveau individuel qu'au niveau des espèces. Il y a peut-être autant de différences, sinon plus, entre un chimpanzé et une huître, ou entre un dauphin et une étoile de mer, qu'entre un être humain et un chimpanzé ou un dauphin.

Ensuite, l'être humain est à bien des égards un animal. Comme n'importe quel animal, il respire, se nourrit, croît, se reproduit, a des sensations....

Enfin, plusieurs des caractéristiques que l'être humain pensait être le seul à posséder se retrouvent dans d'autres espèces. Ainsi, la faculté de se reconnaître dans un miroir (signe de l'existence d'une conscience de soi) a pu être constatée chez des singes, mais également chez des mammifères plus éloignés de l'homme (éléphants...) et chez certains oiseaux (dans la famille des corvidés). On peut aussi mentionner que certains animaux peuvent inventer et apprendre des techniques, notamment les chimpanzés. Enfin, les mammifères ont de l’empathie (capacité de se mettre à la place d’un autre animal sur la plan intellectuel et émotionnel ). Ceux qui vivent en société s’entraident, se réconcilient souvent après un conflit, et ont même un certain sens de ce qui est juste et injuste (cf. les annexes n°1 et n°1bis).

Ces remarques nous conduisent à deux questions :

- Dans quelle mesure est-il justifié de séparer les êtres humains des autres animaux ?

- Si cette séparation est discutable ou injustifiée, comment l'expliquer ?

L'intérêt de ces questions est de nous amener à réfléchir à notre mode de vie. Peut-être avons-nous perdu quelque chose d'important en nous séparant de la nature, et en particulier des autres espèces. Peut-être que les animaux se porteraient mieux si nous portions sur eux un autre regard. Mais peut-être serait-ce aussi le cas pour nous-mêmes. Comme on va le voir, en effet, l'être humain ne s'est pas seulement coupé du règne animal : il a aussi, du même coup, instauré des frontières entre les groupes jugés pleinement humains et ceux qui étaient considérés comme trop proches de l'animalité (peuples colonisés, classes populaires, femmes...).

I. Les animaux sont-ils des personnes ?

La question peut paraître étrange. Pourtant, il existe encore des cultures où les animaux ne sont pas considérés comme fondamentalement à part de l'humanité : on projette sur eux des émotions et des pensées humaines. C'est notamment le cas dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs, comme celles qu'a étudiées l'ethnologue Nastassja Martin en Alaska. Cf. à ce sujet l'annexe n° 2. Ces peuples, paradoxalement, ne sont pas forcément de grands amis des animaux, puisqu'ils en tuent certains pour vivre. Mais ils ne considèrent pas pour autant comme supérieurs à eux.

De manière générale, comme l'a montré l'anthropologue et ethnologue Philippe Descola, de nombreuses cultures ne font pas comme nous la distinction entre l'homme et la nature, ou entre l'humain et le non-humain. Ces notamment le cas des cultures animistes, qui attribuent une âme semblable à celle de l’homme à de nombreux êtres vivants, voire à des choses que nous considérons comme inanimées (la lune, une rivière, un montagne, un roche...). Il n’est d’ailleurs pas impossible que nos lointains ancêtres de la Préhistoire, qui étaient tous nomades et chasseurs-cueilleurs, aient été eux aussi animistes.

Ces croyances peuvent nous sembler naïves. Et il est vrai que l'observation scientifique des animaux les contredit dans une large mesure. Mais on peut aussi considérer qu'elles induisent une manière de vivre plus sage que la nôtre. Claude Lévi-Strauss disait, à propos de certains peuples amérindiens, qu'ils étaient les premiers écologistes, parce qu'ils ne se considéraient pas comme les rois de la création et qu'ils s'imposaient des limites lorsqu'ils tuaient des êtres vivants pour satisfaire leurs besoins. Le même Lévi-Strauss faisait une comparaison entre cette culture et celles de l'Occident, qui ont repris l'idée biblique d'un homme supérieur aux autres animaux, et voué à les dominer.

II. Premières ruptures entre l'être humain et les autres animaux

Il est probable que l'apparition de l'agriculture et de l'élevage, durant le Néolithique (fin de la Préhistoire), a profondément transformé la manière dont les êtres humains se sont représenté les animaux. Le fait de domestiquer de nombreuses espèces a pu donner aux hommes le sentiment d'être supérieurs. Quant aux animaux sauvages, ils ont été maintenus dans une certaine mesure à l'écart des lieux de vie des êtres humains (champs cultivés, villages, villes...).

Deux cultures de l'Antiquité témoignent de ce changement de mentalité. Bien que très différentes l'une de l'autre, elles s'accordent pour faire de l'être humain une espèce à part. Et ces deux cultures ont profondément influencé la nôtre.

1. Le rapport homme/animal dans le judaïsme (et le christianisme)

La Bible est le recueil rassemblant les livres sacrés du judaïsme, mais aussi du christianisme, qui a conservé les textes juifs en ajoutant un recueil plus récent, appelé Nouveau Testament. Au tout début de la Genèse (premier livre de la Bible) se trouvent deux récits de la création. Dans le premier (cf. annexe n°3), la supériorité de l'homme sur les autres animaux est clairement proclamée. Dieu crée en effet l’homme à son image (on peut penser que cela fait allusion notamment au fait que l’être humain est capable de parler) et il lui commande de dominer toutes les autres créatures. Cependant, la séparation entre l’homme et les animaux n'est pas encore totale. Le premier récit de la Création semble montrer que le projet de Dieu était que l’homme et les animaux aient une alimentation purement végétale. Cela ne veut pas dire que le judaïsme (ou le christianisme) prône le véganisme : simplement, le fait de tuer un animal pour le manger ne va pas de soi, c’est une violence qui a quelque chose de choquant.

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