Addiction malsaine au smartphone

📵 Mon précieux, ou l’illusion du lien

Le week-end dernier, à Lloret de Mar, j’ai capté une scène tristement banale : un groupe de jeunes, réunis physiquement, mais chacun plongé dans un monde miniature. Têtes baissées, regards happés, doigts glissant sur l'écran. Aucun échange. Aucun rire. Aucun mot. Juste le silence numérique d’une addiction devenue quotidienne.

Le téléphone ne nous quitte plus. Il est notre réveil, notre journal, notre télé, notre GPS, notre traducteur, notre appareil photo… Dès le matin, on le consulte. Avant même de dire bonjour à ceux qui partagent notre toit, on cherche les notifications, les nouvelles du monde, les stories des autres, les vidéos à la chaîne. Il comble tout… sauf le vide qu’il crée.

Refuge numérique, il est devenu notre compagnon de table, de route, de lit. On attend la prochaine vibration, le prochain message, comme une récompense. On ne se parle plus en voiture, on ne se regarde plus en famille. On est là, ensemble, mais chacun dans sa bulle, comme si on n’avait plus rien à se dire. Le silence est remplacé par des écrans allumés.

À force de regarder la vie des autres, on oublie de vivre la nôtre. À force de partager chaque instant, on ne les savoure plus vraiment. La spontanéité se perd. Le vrai s'efface. La réalité se filtre, se recadre, se scénarise.

Et pourtant, ce "précieux", on le chérit. Il a effacé les distances, cassé les barrières de langues, permis l’instantané. Il facilite tout. Il nous est devenu indispensable. Tellement, qu’à 10% de batterie, on s’angoisse. À 1%, c’est la panique. Éteint, on est perdus, sans repères, comme si une partie de nous avait disparu.

Ce n’est pas un reproche, juste une réflexion. Une invitation à ralentir, à relever la tête, à reconnecter autrement.

Car oui, le téléphone rapproche ceux qui sont loin…

…mais il éloigne trop souvent ceux qui sont proches.

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