La conscience & l’inconscient : le sujet
Cours : La conscience & l’inconscient : le sujet. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar romainds31 • 14 Juin 2025 • Cours • 8 408 Mots (34 Pages) • 5 Vues
Le Sujet
La conscience & l’inconscient
Nous sommes tous des sujets, et c’est en tant que sujet que nous nous éveillons au monde et à nous-mêmes. Aussi est-ce par le sujet que nous allons commencer notre investigation philosophique. Mais qu’est-ce, au juste, qu’un sujet ?
⇾ sujet grammatical
⇾ sujet et objet (sujet psychologique)
⇾ sujet médical, sujet d’une expérience, d’une opération
⇾ sujet d’une action
⇾ sujet d’un film
⇾ sujet politique (sujet du roi, cf. subjectus : c’est celui « qui est dessous »)
Le terme de « sujet » vient du latin subjectum & du grec hypokeimenon : « ce qui se tient en-dessous ». Notre but sera donc de comprendre ce qui se trouve au-dessous de nous, ce qui est profondément en nous et nous constitue, pour savoir de quoi nous sommes faits. Résoudre ce problème revient à marcher dans les pas de Socrate, qui intimait à chacun de se connaître soi-même.
Nous pourrons ainsi répondre à la question suivante : Qu’est-ce qu’une personne ? (À l’époque de l’émergence de l’intelligence artificielle, ce n’est pas inutile.)
Unique et singulier, le sujet est ce qui fait que je suis qui je suis. J’incarne au centre du monde un événement singulier, dont j’ai la conscience. Cette conscience est ce qui permet au sujet de se penser et de se placer. Elle apparaît ainsi comme une donnée première de la personnalité. Le présupposé qui sous-tend cette conception – autrement dit ce qui la suppose et la conditionne – c’est qu’il existe une identité, un substrat permanent qui est le centre et le fondement de la personnalité. Nous l’acceptons la plupart du temps comme une évidence. La conscience est-elle néanmoins à ce point transparente à elle-même qu’il n’y ait aucun doute sur le fait que c’est bien elle qui fonde l’identité du sujet ? Ou doit-on imaginer qu’il y a quelque chose de plus profond encore qui constitue la base de notre être ? C’est ce que nous essaierons de savoir. Nous tâcherons d’identifier ce qu’est la conscience, quelle expérience nous en avons et quels problèmes son existence soulève. Nous serons ainsi amenés à envisager l’existence d’une autre instance psychique, l’inconscient.
I) Fondement de la conscience
1) Définition de la conscience
Dans quelles expressions est-il question de conscience ?
→ un cas de conscience, avoir bonne conscience, avoir quelque chose sur la conscience…
→ être conscient de quelque chose, être inconscient, perdre conscience, prendre conscience…
La conscience est une connaissance soit du bien et du mal, soit du monde extérieur, comme le suggère l’étymologie latine : conscience = connaissance (conscientia ou cumscientia).
Il y a deux types de conscience :
- La conscience psychologique : La conscience est la connaissance intuitive immédiate que chacun a de son existence et de l’existence du monde extérieur ; elle définit la relation que le sujet entretient avec le monde et avec lui-même. Interface avec le réel, tableau de bord des pensées, des émotions et des sensations, la conscience effectue la synthèse des perceptions. Elle est le siège central des réflexions, le support de la personnalité, l’organe d’évaluation de la réalité et le centre de la prise de décision. (On appelle « champ de conscience » l’ensemble des phénomènes présents à la conscience individuelle à un moment donné. Il est lié à la qualité de l’attention et de la perception.)
- Conscience morale : aptitude à distinguer le bien et le mal, à juger ses actions (et celles des autres), ainsi qu’à éprouver du remords.
→ Cf. textes de Rousseau (Texte 1) et de Kant (Texte 2).
Nous verrons plus tard que si la philosophie classique (qui identifie la pensée à la conscience) considère volontiers le sujet conscient comme transparent à lui-même et maître de soi, la réflexion contemporaine, depuis le XIXe siècle (Marx, Nietzsche, Freud), conteste cette maîtrise de l’esprit sur l’ensemble de ses productions.
2) La conscience : privilège de l’homme ?
a) Pascal et le « roseau pensant » :
Pensées de Pascal, (Texte 3) : La conscience est le propre de l’homme : c’est ce qui fait sa grandeur et sa misère, ce qui le distingue du reste de l’univers. Être doué de pensée consacre la supériorité de l’homme sur la nature. Cette supériorité est d’ailleurs inscrite dans la Bible, cf. Genèse I, 26[1].
NB : Âme, esprit et conscience. Pour les Grecs et les 1ers chrétiens, l’âme était le siège de l’intelligence (esprit = âme = intelligence). On fit ensuite le distinguo : la conscience devint le siège des pensées, tandis que l’âme désignait l’étincelle divine en l’homme (esprit=âme ; conscience=intelligence). Parce qu’il avait une âme, l’homme pouvait s’ouvrir à Dieu ; la conscience était ce qui lui permettait de s’orienter dans le monde (âme → verticale/transcendante ; conscience → horizontale/immanente).
b) Conscience et animalité :
Alors, justement, parlons des animaux. Pascal affirme que l’homme est supérieur à la nature, à l’univers, parce qu’il a une conscience. Mais les animaux n’ont-ils pas eux aussi une conscience ? Les animaux peuvent penser, mais tous n’ont pas une conscience de soi. (cf. ITV audio de Frans de Waal sur France Inter, 04/10/2016.)
https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-04-octobre-2016
On oppose généralement la conscience à l’instinct (comportement automatique héréditaire destiné à assurer la survie de l’espèce ; le comportement instinctif est inné et non conscient). Par l’instinct, l’homme est un animal. C’est par la conscience qu’il serait vraiment un homme et se distinguerait comme un être transcendant la nature. (Exemple de conflit entre instinct et conscience : sous l’eau l’instinct me pousse à respirer, tandis que la conscience me l’interdit ; c’est l’instinct qui finira par me noyer – waterman, apnéiste, noyade sèche.) Cette opposition entre conscience et instinct n’est-elle pas une manière de nier toute conscience animale ? (→ transcendant / immanent ; dualisme ; instinct.)
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