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Le cinéma

Note de Recherches : Le cinéma. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Octobre 2012  •  3 831 Mots (16 Pages)  •  1 070 Vues

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« Je crois à la rébellion artistique. Je crois que de nouvelles approches, de nouvelles formes sont nécessaires pour refléter les changements du monde où nous vivons. »

A l’heure où le cinéma se mute en une activité de consommation et de « divertissement » comme nous l’indique explicitement les studios hollywoodiens, que penser de la symbolique et la valeur artistique ancrées jusqu’à présent dans celui-ci ? Entre séquences d’images comiques post-beuveries et combats explosifs où se reflètent une société prônée par l’individualisme et la réussite personnelle, où pouvons-nous désormais trouver dans le septième art cette vertu esthétique et historique qui lui était propre ? Reflet d’une époque, le cinéma a su, pendant de nombreuses années, dénoncer, justifier, ou tout simplement présenter à travers maints jeux et styles les dynamiques sociales, politiques et culturelles d’une population, d’un pays ou du monde entier.

Fritz Lang, réalisateur allemand d’origine autrichienne, qui a été à partir de 1935 naturalisé américain suite à son exil politique, est considéré jusqu’à ce jour comme l’un des fondateur du cinéma moderne. En effet, précurseur du fameux « cinéma allemand des années 20 », ses œuvres cinématographiques sont la représentation évidente d’une ère caractérisée par l’essai, le défi, l’expérimentation, et l’avènement de nouvelles techniques. Néanmoins, le travail de l’artiste ne s’arrête pas à sa dimension novatrice. Il est aussi l’emblème d’un monde bouleversé et d’un pays entrant dans une période de grandes crises et troubles historiques. Commençant sa carrière dans une Allemagne souffrante, agonisée par sa République de Weimar marquée par ses crises économiques, et son agitation politique, le cinéaste devient le porte-parole de l’individu atteint d’un mal-social. Effectivement, Fritz Lang, c’est aussi le langage émotionnel de l’Humanité. Ses personnages expriment les vices et les travers qui résident en chacun de nous. Par conséquent, il apparaît pour certains, comme le père de l’expressionnisme allemand, mouvement qui se propagera dans toute l’Europe et fera naître l’idée de « Nouvelle Vague » en France plus tard (il jouera d’ailleurs son propre rôle dans Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Toutefois, l’omniprésence d’un aspect politique dans ses films, nous poussent à croire qu’il existe chez le cinéaste allemand une véritable idée de la société de son temps. Ainsi, ce mémoire tentera d’expliquer comment la vision de ses premières œuvres nous permet de reconnaître et de capturer les grands bouleversements politiques de son époque tout en analysant le caractère esthétique propre au cinéaste. Quelques remarques et comparaisons sur les principales thèses philosophiques qui semblent influentes dans ses travaux seront par ailleurs établies.

Le trésor laissé par Fritz Lang étant d’une amplitude extraordinaire, nous procéderons à une étude linéaire de trois de ses œuvres : Metropolis, M Le Maudit, et Le Testament du Docteur Mabuse.

Metropolis, ou la vision d’un monde en déclin

Metropolis, film muet et noir et blanc, a été réalisé en 1927 pendant la courte période de la République de Weimar. A travers les années, ce film a su atteindre la sensibilité des spectateurs et des professionnels du cinéma. En effet, une multitude de thématiques sont présentes dans ce film : la passion, l’amour, l’angoisse, les sciences…Cependant, le véritable aspect intéressant de ce premier travail de science-fiction réside dans sa dimension politique.

En effet, l’histoire de Metropolis repose sur l’imagination d’un monde divisé en deux entités séparées physiquement : superposition de deux mondes ; d’une part en hauteur symbolisant la société du Capital aux allures paradisiaques où les habitants vivent dans des conditions de vie luxueuses, technologiquement avancées, et semblent appartenir à une élite intellectuelle. D’autre part, un monde souterrain représentant le Travail, où les hommes travaillent tels des esclaves dans un environnement sans lumière naturelle, véritables aliénés d’un système d’exploitation.

Cette idée de deux mondes : souterrain et aérien, a déjà été emprunter initialement par l’auteur britannique H.G Wells et sa conception d’une civilisation futuriste qui se voit également séparée en deux dans la Machine à Explorer le Temps. Une dégradation de la nature humaine vivant dans les profondeurs, et une deuxième à la surface. Toutefois, contrairement à Lang qui voit dans cette séparation de l’humanité l’émergence d’une nouvelle race humaine améliorée et puissante, Wells n’y voit qu’une forme de dénaturation de l’Homme et sa décadence. Enfin, ce dernier n’appréciera pas le film et l’appellera un « ramassis d'à peu près tous les clichés, sottises et platitudes possibles » .

Ainsi, il semble évident que la société proposée par Lang dans ce film est le reflet d’un régime totalitaire. Nous assistons en effet à une hiérarchisation des classes sociales avec dans le supérieur (dans tous les sens du terme), une élite nouvelle dirigée par Fredersen qui occupe les grands immeubles et gratte-ciels, parsemés de jardins d’Eden dont la verdure laisse le spectateur bouche-bée. Joh Fredersen, au prénom presque divin, vit dans d’ailleurs dans le fleuron architectural de Metropolis : La nouvelle tour de Babel, ce qui conforte l’idée d’une apogée atteint par l’homme grâce à la technologie, l’homme supplante Dieu et le résident de la tour devient Dieu lui-même (« Grand est le monde et son créateur. Et grand est l’homme »). Nous pouvons par ailleurs constater que la population en elle-même correspond au profil racial exigé par les nazis des années plus tard. Peuplée par des blonds Aryens, aux yeux bleus, cette société nous donne un léger malaise à première vue. La domination de l’une sur l’autre repose sur l’avancée technologique et la perfection informatique et robotique que l’élite possède. Elle parvient de ce fait à guetter, surveiller et réprimer tout mouvement révolutionnaire venant de l’espace souterrain. Une analogie peut-être alors établie entre Metropolis et 1984 de Georges Orwell. Tel le gouvernement sous contrôle et constante vérification du Big Brother incarné par Fredersen, le Travail ne possède pas les moyens scientifiques et techniques pour entreprendre une rébellion imposante. De surcroît,

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