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J'aurais Voulu étre Egyptien : écrits

Compte Rendu : J'aurais Voulu étre Egyptien : écrits. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Novembre 2012  •  1 060 Mots (5 Pages)  •  917 Vues

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Grande table envahie de manuscrits, chaises éparpillées, portants croulant sous les costumes... Cela ressemble fort à une répétition interrompue. Mais trois ou quatre valises attirent l'oeil. Un accessoire lourd de signification puisqu'il s'agit ici de quitter l'Egypte pour l'Amérique, le temps des études... Cette adaptation théâtrale tirée de Chicago (2007), deuxième roman d'Alaa El Aswany, a été baptisée par le metteur en scène Jean-Louis Martinelli d'un titre provocateur :J'aurais voulu être égyptien (1) . L'écrivain, dentiste du Caire et conscience éclairée des manifestants de la place Tahrir, y évoque son expérience d'étudiant boursier à l'université de médecine de l'Illinois et parsème son récit de réflexions post-11 Septembre sur la façon dont les hommes vivent, au bord du lac Michigan comme sur les rives du Nil. La petite communauté d'Egyptiens en exil y est radiographiée en détail. La vraie nature des êtres s'y révèle dans les alcôves, ou, plus secrètement encore, dans les liens pervers entretenus avec la mère-patrie quand la dictature de Moubarak agit outre-Atlantique, via les barbouzes.

Les comédiens débarquent sur la scène en bazar, comme pour reprendre leur travail. Ils ont la fausse décontraction de ceux qui jouent à ne pas jouer encore. Mais ils vont vite se jeter à l'eau : défendre une foule de personnages, camper la rencontre entre deux cultures et quelques complexités politiques. Manque pourtant à ce spectacle - par ailleurs incarné et réussi - la voix singulière de l'écrivain, un peu effacée au profit d'un ballet de personnages forts, aux desseins et aux pulsions antagonistes, comme dans les grands feuilletons. Chapeau les acteurs ! Tels l'infatigable Mounir Margoum, premier à mouiller sa chemise dans le costume de l'étudiant épris de liberté ; Sylvie Milhaud, en douloureuse épouse sexuellement frustrée ; ou Eric Caruso, le tartuffe version islamique, si inquiétant... Chacun s'approprie son rôle de manière de plus en plus intense. Toujours présents sur scène, même comme silhouettes furtives ou chantant a cappella des mélopées orientales et des standards américains, les comédiens peuplent l'espace abandonné du début et rendent cette saga vraiment théâtrale.

L’action se déroule à Chicago, mais ce pourrait être dans une autre métropole américaine. La belle scénographie de Gilles Taschet ne fait d’ailleurs que tracer une esquisse : on découvre peu à peu les lumières de la ville, les lignes des buildings. Peut-être songe-t-on un instant aux Tours jumelles ? On comprend en tout cas que l’on se trouve dans une Amérique traumatisée par le 11-Septembre où il ne fait pas bon être égyptien. Ce d’autant plus que le F.B.I. échange des services avec les sbires de Moubarak pour orchestrer la répression. C’est sur cette terre qu’atterrit au début de la pièce Nagui, jeune idéaliste égyptien, venu pour obtenir un diplôme américain. Il se trouve là immergé dans une « Little Égypte » universitaire aux personnalités bien différentes : hommes et femmes, jeunes et vieux. C’est au travers de leur intimité, en particulier de celle des couples que les problèmes les plus politiques sont traités.

Grâce à ce choix, pas de risque d’entendre des discours abstraits ou plaqués sur l’islam, sur la condition des femmes ou des coptes en Égypte. Ce qu’on perçoit, au contraire, c’est la parole singulière de Karam Doss,

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