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Dissertation sur la musique

Dissertation : Dissertation sur la musique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Octobre 2021  •  Dissertation  •  1 683 Mots (7 Pages)  •  724 Vues

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La musique a cela de propre à l’art qu’elle interroge sans cesse des valeurs, et la définition même de ce mot. En effet, peut-on juger de l’art, peut-on définir une œuvre d’art, sa nécessité, ses effets ? Peut-on classer l’art dans une hiérarchie de valeurs selon la morale (ou une morale) ? Si oui de quel droit et sur quels critères, si non est-ce une négation du Beau et du Bien ? A ce sujet, les philosophes ont beaucoup écrit et à toute époque. Développer l’idée que la musique avait un lien très étroit avec la raison et donc la morale et l’éducation a été le grand travail, notamment, de Platon et Aristote dans l’Antiquité, questionnés ensuite par Rousseau et Jankélévitch, respectivement au 19 et 20 ème siècle.

Une belle musique doit-elle être une musique vraie en ce sens qu’elle élève la raison selon des critères ? Ou trouve-t-elle plutôt son épanouissement et sa nécessité en racontant, en exprimant et extériorisant, les passions humaines ?

C’est Platon tout d’abord, philosophe grec du Vème siècle avant J.-C., qui écrivit au sujet des arts, parmi lesquels la musique. Au chapitre III de la République, l’auteur explique le lien entre le Beau et le Bien. Il s’adresse à Glaucon comme le suggère l’apostrophe « n’est-ce pas Glaucon » dans la question rhétorique des trois premières lignes. Selon lui, les deux principes importants dans la musique sont le rythme et l’harmonie, qui structurent la raison dès le plus jeune âge. Platon estime que c’est donc le meilleur moyen pour faire aimer la raison à un enfant que l’on veut éduquer au Vrai et au Bien.

Dans la même lignée, Aristote dans la Politique, son disciple, classe le groupe des hommes en deux catégories : « les hommes libres et de bonne éducation, et l’autre, la classe des gens grossiers ». Ainsi ceux qui ont bénéficié d’une éducation à la bonne musique gardent toute leur vie ce « plaisir »; et de toute façon, si un auditoire grossier écoute de la bonne musique, ils ne pourront la goûter entièrement et en tirer tout le Bien : « on accordera aux musiciens professionnels, en présence d’un auditoire aussi vulgaire, la liberté de faire usage d’un genre de musique d’une égale vulgarité ». Les deux auteurs donc s’accordent à donner à la musique un très grand rôle dans l’éducation, et par suite, le très grand rôle de l’éducation dans l’appréciation de la musique.

Au XVIIIè siècle, Rousseau s’accorde avec les deux auteurs grecs pour dire que la musique connait des fondements, des règles, auxquelles il ne faut point déroger. Ces trois choses sont l’harmonie, le rythme et la mélodie, ou le chant. Platon insiste sur l’harmonie et le rythme, qui structure la raison, (peut-être sous-entend-il qu’il faut éviter les rythmes trop élevés qui énervent) : « le rythme et l’harmonie sont particulièrement propres à pénétrer dans l’âme et à la toucher fortement », Aristote sur les mélodies et les modes qui doivent être moraux (on comprend alors qu’il demande de ne pas préférer les mélodies qui pourraient être lascives par exemple) : « on doit employer parmi les mélodies celles qui ont un caractère moral et les modes musicaux de même nature ». Rousseau, lui, parle des trois choses de façon équivalente en expliquant que la musique doit absolument comporter les trois et nulle autre : « toute musique ne peut être composée que de ces trois choses ; mélodie ou chant, harmonie ou accompagnement, mouvement ou mesure ».

Cependant la façon pour les auteurs grecs d’expliquer leur point de vue varie. En effet, Platon s’adresse à Glaucon, d’abord sous forme de question, ce qui invite le lecteur à acquiescer en douceur. Puis il développe son propos en utilisant le pronom « on », qui a une grande compréhension, c’est-à-dire qu’il se met lui-même dans le groupe concerné : « on repousse […], on les hait […], on l’embrasse […], on la reconnait ». Notons que Platon parle dans ce libre de la Cité idéale, dans laquelle les femmes aussi doivent recevoir type d’éducation, là où Aristote parle pour Athènes et donc des « hommes libres ». De plus, liés à ce pronom « on », Platon emploie des termes qui font référence aux émotions, en effet la musique fait appel aux sens, surtout lorsqu’il s’agit du commencement de l’éducation : « joyeusement », « nourriture », « hait », « embrasse », « on la reconnaît comme une parente avec d’amant plus de tendresse qu’on a été nourri dans la musique ». Il semble donner conseil à un ami.

A l’inverse, Aristote a un ton plus philosophe et indiscutable : « puisqu’il y a » (le « puisque » ne permet aucune discussion, admettant comme un fait ce qui va suivre), ainsi que « on doit employer », ce qui instaure une obligation et non plus un penchant devenu presque naturel comme le laissait suggérer Platon par le choix de ses mots. Aristote va plus loin que Platon en expliquant que la musique a un but moral : « on doit employer parmi mes mélodies celles qui ont un caractère moral et les modes musicaux de même

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