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Le sujet

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Par   •  23 Septembre 2018  •  Chronologie  •  9 017 Mots (37 Pages)  •  476 Vues

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PHILOSOPHIE : LE SUJET

L’homme est un être à part. Car non seulement il existe, mais il le sait. L’homme se pense. L’homme a conscience de lui-même. C’est vrai pour chacun d’entre nous. Nous vivons et en même temps nous nous voyons vivre. Nous sommes non seulement acteurs, mais spectateurs de nos propres vies.

Mais nous ne savons pas pourquoi. C’est un mystère que la philosophie essaie de comprendre depuis qu’elle est apparue, en Grèce, il y a vingt-cinq siècles, avec Socrate, Platon, Aristote.

C’est un mystère, une énigme, car à quoi peut bien servir d’avoir conscience d’exister, d’être conscient de soi-même ? La science ne l’explique pas. Pourquoi la sélection naturelle aurait-elle eu besoin d’un animal conscient de lui-même, alors que l’instinct aveugle est beaucoup plus efficace pour survivre ? La science, de toute manière, est elle aussi le produit de ce mystère, car il n’y a que l’homme qui fait de la science.

LA CONSCIENCE

Ce qui est mystérieux, c’est le dédoublement grâce auquel chacun d’entre nous a une personnalité propre ; ce dédoublement s’exprime de la manière suivante : je me pense, j’ai conscience de moi-même, je suis moi. Le concept philosophique est conscience de soi. La conscience humaine n’est pas simple, mais double. La conscience simple est seulement le fait d’être éveillé ou sensible à un environnement : n’importe quel être vivant a une conscience simple, même primitive. La mouche par exemple. L’homme a une conscience double : lorsqu’il est éveillé, il a aussi conscience de l’être, autrement dit il a conscience d’être conscient. La conscience de soi, c’est la conscience de la conscience, une conscience au carré : un dédoublement de la conscience. Pour chacun d’entre nous, notre pensée non seulement pense les choses, mais se pense elle-même.

Ce mystère est en fait un problème : car le fait que la pensée se pense elle-même introduit une contradiction en chacun d’entre nous. Nous sommes à la fois acteur et spectateur de nous-mêmes : cela signifie que, comme la conscience humaine, nous ne sommes jamais un être simple, mais double. L’homme est double, chacun de nous est en réalité double. C’est une contradiction, car chacun sait bien qu’il n’est qu’une seule et même personne, et c’est très important de n’avoir qu’une seule personnalité. Seuls les schizophrènes ont une double personnalité et la schizophrénie est une maladie mentale. Hormis les fous, chacun de nous sait bien qu’il est le même du soir au matin, et depuis qu’il est né. Pourtant, le dédoublement de la conscience implique chez l’homme le dédoublement de tout son être : chacun de nous est à la fois un et deux. La preuve : je suis à la fois acteur de ma vie et spectateur de ma vie. Oui, mais ici l’acteur et le spectateur sont identiques l’un à l’autre. Non, car le spectateur voit l’acteur, mais personne ne voit le spectateur. J’ai conscience de moi-même, mais la conscience qui regarde et celle qui est regardée ne sont pas les mêmes. Concrètement : cela veut dire qu’une partie de moi est visible et l’autre non et que c’est toujours le cas quoi que je fasse. La conscience qui regarde ne se voit pas elle-même. Il y a donc quelque chose de moi que je ne vois pas, que je ne vois jamais ; en outre, et ce n’est que le même problème, la conscience qui regarde ne voit que ce qu’elle regarde et non le reste.

Seul de tous les êtres connus, l’homme se pense et a la conscience de soi : c’est ce qui fait sa grandeur ; mais être conscient de soi implique justement de ne pouvoir regarder qu’une partie de soi-même ; c’est ce qui fait que l’homme est une énigme pour lui-même, ce qui est une contradiction.

Considérons les questions sur la conscience :

Qu’est-ce qui fait l’identité de chacun d’entre nous ? (L)

Peut-on se connaitre soi-même ? (ES)

Doit-on apprendre à devenir soi-même ? (S)

Peut-on ne pas être soi-même ? (ES)

Peut-on ne pas savoir ce que l’on fait ? (S)

Si la connaissance de soi est utopique, devons-nous pour autant y renoncer ? (L)

On voit que c’est à chaque fois le même problème : chacun d’entre nous, cad l’homme lui-même, est à la fois un et deux. Je suis moi, donc un, grâce à la conscience de soi ; mais à cause de cette même conscience de soi, ma propre pensée se dédouble, je suis donc deux, ce qui m’empêche de voir une partie de moi-même. Je suis acteur et spectateur de ma propre existence : je vois parfaitement l’acteur et tout ce qu’il fait (cette partie visible de moi-même), mais personne ne voit le spectateur ni ce qu’il fait (cette partie invisible de moi-même).

Une fois le problème compris, comment le résoudre ?

Il faut considérer chacune des alternatives, en commençant par la plus évidente :

Argumentation ‒ 1ère partie :

L’homme est un. La fonction majeure de la conscience de soi, c’est de me révéler à moi-même comme sujet unique ; je suis moi et nul autre, et nul autre n’est moi ; j’ai une personnalité qui m’est propre, une existence qui est la mienne et dont je décide ; je suis quelqu’un et non quelque chose.

Argumentation ‒ 2ème partie :

L’homme est deux. Grâce à la conscience de soi, je suis moi, conséquence fondamentale pour toute ma vie ; mais le dédoublement de la conscience implique une partie de moi-même invisible, inaccessible : une dualité aussi fondamentale que cette unité dont nous venons de parler ; il y a nécessairement et toujours quelque chose de moi qui m’échappe : l’homme (moi) ne peut pas exister sans être en même temps un inconnu pour lui-même.

Argumentation ‒ 3ème partie :

Les points précédents, 1 et 2, sont en réalité indissociables, puisqu’ils constituent ensemble le problème philosophique de la conscience de soi : donc, il faut admettre que chaque homme (moi) est à la fois un et deux ; il ne s’agit donc plus de régler cette contradiction, mais de l’accepter en choisissant le point (1 ou 2) que nous affirmons le plus important et voulons mettre en avant. Qu’est-ce qui est le plus important chez l’homme (moi) ? Que faut-il sauver d’abord ? Son unité ou sa dualité ? Autrement dit : ce qui compte vraiment

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