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Le Cinéma Et La méditerranné

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Par   •  13 Février 2012  •  2 253 Mots (10 Pages)  •  877 Vues

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Le cinéma et la méditerranée

La Méditerranée, c’est "(...) Mille choses à la fois. Non pas un paysage, mais d’innombrables paysages. Non pas une mer, mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais plusieurs civilisations superposées... La Méditerranée est un carrefour antique. Depuis des millénaires, tout conflue vers cette mer, bouleversant et enrichissant son histoire." (Fernand Braudel, La Méditerranée - espace et histoire).

Dans ce contexte de métissage qu’offre la Méditerranée, il semble donc difficile de parler d’« un » cinéma de la méditerranée, indivisible, que l’on pourrait traiter dans sa globalité. Mais alors, comment aborder certains cinéastes qui de toute évidence appartiennent à la culture méditerranéenne : Pasolini, Kechiche, Visconti, Suleimane, Pollet, Sordi, Tanner, Godard, Ceylan, Fellini, Arbid, Faucon, Almodovar, Ferreri, Chahine, Angelopoulos, Nasrallah, Amaouche… ? Quels sont les caractéristiques propres à ce genre cinématographique ?

C’est à ces questions que nous tenterons à présent de répondre en esquissant les contours d’une Méditerranée cinématographique placé entre imaginaire et réalité.

1. Un cinéma placé entre imaginaire…

• Un imaginaire universel

La ville de Méditerranée fascine. Elle a donné naissance à des images et continue à entretenir des mythes. C’est en effet avec le mouvement romantique, que l’Orient est entré pleinement dans la conscience européenne. Non pas l’Orient réel qui n’existe pas, mais celui du Voyage en Orient qui se fonde avant tout sur l’idée d’un monde différent construits de trésors cachés, de magie et de rêve. Car le cinéma méditerranéen ne correspond pas seulement aux films réalisés dans la région Euromed (Europe du sud, Balkans, Turquie, Proche-orient, Égypte et pays du Maghreb), mais ils regroupent une catégorie transversale qui regroupe des thématiques, des esthétiques et une sensibilité communes qui débordent les frontières admises.

Le cinéma a fortement contribué à la formation d’un imaginaire universel car il sait tout autant magnifier l’espace que banaliser le décor urbain et plonge ses racines dans les réalités d’un passé culturel, national et historique. En effet, la représentation de la ville du cinéaste va au-delà du visible. Elle n’est pas celle de l’urbaniste ou de l’architecte, et encore moins celle de ses habitants. Elle fait appelle à son souvenir et à son imagination. Tout contribue à ce que le cinéma de la Méditerranée privilégie la ville comme studio naturel. Les extérieurs urbains sont presque tous photogéniques, théâtraux et décoratifs. Les façades des palais favorisent les effets d’opéra et le spectacle semble permanent entre les façades misérables des quartiers populaires. Dans le film dit « colonial » ou « exotique », la représentation occidentale insiste davantage sur le pittoresque d’une terre accueillante. A contrario, les cinéastes de la Méditerranée renvoient plutôt des images austères, baroques ou violentes, où la douleur et la mort tiennent une place importante. Les réalisateurs mettent en images, en paroles, en musiques des villes de Méditerranée qui, toutes, répondent à d’antiques terreurs, souvenirs et désirs.

• La nuit, l’amour et la mort

Si les contes ont souvent été repris par le cinéma, le principe en lui-même n’a guère trouvé de traductions filmées. Pier Paolo Pasolini célèbre dans Il fiore delle mille e una notte : la beauté, la liberté et le plaisir, en nous faisant traverser des villes et des palais magnifiques, non identifiables. Les ténèbres et la mort sont des thèmes très répandues. Si Venise est aujourd’hui « la ville la plus sûre du monde », paradoxalement, sa représentation au cinéma privilégiera une morbidité exaltée chez nombre de grands réalisateurs. Luchino Visconti par exemple, illustre dans un style baroque le roman d’une société qui agonise.

Thème de la passion et de la mort par excellence, amour, honneur, manipulations et trahisons sur fond de différences sociales, les variations sur le thème de Roméo et Juliette ne manquent pas dans le cinéma méditerranéen. Teruel et Barcelone, Vérone et Venise offrent des cadres fabuleux aux amours impossibles. La nuit est le seul refuge pour les jeunes amants dont les familles sont ennemies. Le cinéma méditerranéen est, pour les réalisateurs, une façon d’accéder à une représentation centrée sur le mythe antique dans une optique moderne ou à travers leurs propres interrogations ou fantasmes.

Le Satyricon de Fellini est construit sur le mariage du mythe, de l’imaginaire, de la science fiction. Le cinéaste fabule dans une romanité archaïque, une cité à plusieurs niveaux, à la fois Carthage, Babylone… Et il nous entraîne dans une suite de songeries désenchantées dans un cadre baroque et fantastique annonciateurs d’un malheur à venir. Partant aussi du principe que le cinéma peut recréer le monde, Michael Curtiz, pour Casablanca s’est employé à fabriquer une ville qui n’existe pas et qui deviendra pourtant un véritable mythe.

Dépouiller le paysage de tout pittoresque pour en faire ressortir l’essence même et se tenir en dehors du temps – comme dans la tragédie grecque – reste l’attitude de nombre de réalisateurs. En ce qui concerne le cinéma de Théo Angelopoulos, celui-ci ne tire pas directement parti des thèmes de la tragédie. La Grèce qu’il filme n’existe pas, ou alors c’est déjà une Grèce de peintre. Les lieux sont recréés à partir d’une mosaïque d’autres lieux, afin de « dénaturaliser » ce que l’espace pourrait avoir de réaliste.

En tournant Alexandre le Grand, Angelopoulos nous fait faire un voyage dans le temps, où les frontières entre le réel et l’imaginaire sont abolies. Le Regard d’Ulysse se fait encore davantage l’écho de l’extrême angoisse de l’homme moderne.

Dans La Luna, Bernardo Bertolucci s’attarde sur une femme qui marche apparemment sans but dans le noir, sur une place déserte. La ville est vide. La sobriété des images et des sons confère au film une atmosphère magique. Michelangelo Antonioni, dans La Notte, décrit la désolation désenchantée des lieux de fête nocturnes dans la molle ambiance d’une société de somnambules perdus au centre d’un décor urbain trop net qui s’inscrit dans le vertige de la ville moderne. Dans un style opposé, Federico Fellini, fantaisiste du réel, nous entraîne dans La Dolce vita à travers les quartiers historiques de Rome au son des cha-cha-cha, parmi les reflets des carrosseries

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