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Exposé sur la Vierge en Majesté

Commentaire d'oeuvre : Exposé sur la Vierge en Majesté. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Décembre 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 094 Mots (9 Pages)  •  659 Vues

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AVRIL François et GABORIT-CHOPIN Danielle, La France au temps des premiers capétiens (987-1152), 407 pages, Hazan et Musée du Louvre Éditions, Paris, 2005

Les Majestés sont des statues trônant ou des représentations à mi-corps, le plus souvent en bois, avec un revêtement d’orfèvrerie qui évoque le corps glorieux du Christ, de la Vierge ou des Saints. Elles se sont multipliées du Xème au XIIème siècle. L’une des plus anciennes mentions connues concerne la Vierge d’or de la cathédrale de Clermont, réalisée en 947 et dont un dessin du Xième siècle nous conservé le souvenir (voir diapo). Aux Xème et Xième siècles sont signalées les statues ou bustes reliquaires de Saint Martial de Limoges (vers 974-991), de saint Géraud d’Aurillac, de saint Pourçain (vers 960), de saint Valérien de Tournus (vers 979), de saint Vivien à Figeac… Au synode de Rodez, en 1014, la Majesté de sainte Foy de Conques rencontrait celles de Saint Maury de Vabres, de saint Amans de Rodez et la Vierge d’or en majesté. Ce rassemblement met en lumière le rôle que le culte des reliques et, avec l’appui des clunisiens, l’institution de la « paix de Dieu » ont joué dans l’évolution de l’art roman : lors des assemblées de paix, en effet, les statues et reliquaires de provenances diverses étaient apportés en procession et les chevaliers juraient sur les reliques de respecter les clauses de paix que l’on tentait de leur imposer.

L’idée très répandue, selon laquelle la Majesté de Clermont est le prototype de ces statues d’orfèvrerie n’est cependant pas fondée : de statues d’orfèvrerie sont mentionnées dès le VIIIème siècle dans le Wessex, à Rome du VIIIème siècle au milieu du IXème siècle, et dans de nombreux trésors carolingiens. Il est probable que l’influence des Libri Carolini qui critiquaient le culte des images, et surtout, la destruction des trésors religieux dans les zones touchées par les invasions normandes, hongroises et musulmanes, ont contribué à la disparition partielle de ces statues dont la tradition ne s’est conservée que dans des régions mieux protégées. Mais à la fin du IXème encore (879-887), le roi Boson offrit à Vienne un buste reliquaire de saint Maurice, dont Peiresc, en 1612, nous a laissé une description et des croquis (Kovacs, 1964). Et l’étude détaillée de la sainte Foy de Conques par Jean Taralon indique que la statue actuelle résulte du remaniement, entre 985 et 1005, d’une statue plus ancienne, vraisemblablement de la fin du IXème siècle. De plus, l’art ottonien a lui aussi produit de telles « images ».

La puissance expressive de ces Majesté qui frappe encore lorsque l’on regarde la sainte Foy de Conques, le saint Baudîmes de Saint-Nectaire, le saint Césaire de Maurs ou la Vierge du Louvre peut expliquer qu’on y ait souvent vu une survivance du paganisme : au début du Xième siècle, lorsqu’il a vu pour la première fois la statue de Conques, Bernard d’Angers, auteur du Livre des miracles de la sainte Foy, a parlé d’ « idole », terme que reprend, en 965, le voyageur arabe Ibrahim b. Yaaqûb en découvrant à Fulda, la statue de saint Baugulf. Toutefois, le synode d’Arras, en 1025, répond clairement à ces accusations : « C’est le Christ qu’on adore dans le crucifix et non le tronc de bois. Les images visibles du Sauveur et des Saints […] sont faites pour susciter un mouvement intérieur, la contemplation de l’opération de la grâce divine. » La présence de reliques n’est donc pas essentielle dans la création de telles œuvres.

Dans le domaine de l’histoire de l’art, les Majestés romanes ont joué un rôle décisif dans la redécouverte du rendu tridimensionnel des volumes et de la représentation de la figure autonome.

Statue : la Vierge en Majesté

Paris, musée du Louvre, Département des sculptures, RF 987

Centre de la France, 2ème quart ou milieu du XIIème siècle, Bois noyer, 83,5x27x35 cm, Restes de polychromie

Provenance : collection Montaut, à Paris ; acquise en 1894 comme « provenant du Forez »

Quoique sa provenance précise, la Vierge du Louvre est une des plus remarquables Vierge en majesté du centre de la France. Même si elle a été à juste titre rapprochée des Vierges de New York (Vierge Morgan), de Moussages et de Montvianeux, elle s’en distingue par l’élégance générale de ses formes, ses proportions plus allongées, la délicatesse du modelé de son visage qui ne peut guère être comparée qu’à celle de la Majesté, malheureusement très mutilée, de Châteldon (Courtillé, 1997, p.47), qui paraît toutefois d’une autre main.

C’est peut-être pour ces raisons qu’une date relativement tardive a été proposée pour la Vierge du Louvre. Mais le drapé très simple du vêtement de l’Enfant paraît correspondre à un stade plus précoce de l’évolution stylistique. L’allongement extrême des mains que l’on note déjà sur le dessin de la Vierge de Clermont serait également une caractéristique qui tend à s’atténuer dans la seconde moitié du XIIème siècle, période au cours de laquelle les statues de Vierge en majesté semblent adopter les volumes les plus affirmés et, de ce fait, souvent plus massifs[pic 1]

GABORIT Jean-René, L'art roman au Louvre, 258 pages, Trésors du Louvre, Fayard, 2005

Les Images de culte :

C’est un lieu commun d’insister sur le lien organique qui unit et architecture durant la période romane. Et il est vrai que la notion de « sculpture indépendante » ou « autonome » n’a guère de signification dans un contexte où statues et groupes sont pour l’essentiel parties prenantes de l’édifice perçu dans sa totalité.

Il existe cependant une catégorie limitée mais précise d’œuvres qui n’ont d’autre lien que fonctionnel et en quelque sorte spirituel avec le lieu qui les abrite. Les textes les désignent comme des imagines ou des iconae et ces termes évoques immédiatement des images « bidimensionnelles », « plates », qui relèvent des techniques picturales ou éventuellement des rats du feu. En fait l’étude du contexte montre que, dans la plupart des cas, il ‘agit d’œuvres en trois dimensions, même s’il est parfois difficile d’affirmer qu’il s’agit toujours de sculptures en ronde bosse et non de hauts-reliefs se détachant sur un fond. Le répertoire de ces « images » mentionnées par les textes est limité : Christ crucifié dans quelque cas, Christ en majesté, représentation de la Vierge et de l’enfant sous l’aspect d’une figure assise incarnant le « Trône de la Sagesse » (Sedes Sapientias), qualificatif donné à la « Mère de Dieu » (Theotokos). Les saints aussi peuvent être ainsi glorifiés, soit sous forme de « majestés » assises sur un trône, selon la promesse de Dieu à ses élus, soit représentés à mi-corps selon une très ancienne formule iconographique dont l’origine reste incertaine.

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