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La beauté en soi n’est-elle qu’une vue de l’esprit ?

Dissertation : La beauté en soi n’est-elle qu’une vue de l’esprit ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Octobre 2021  •  Dissertation  •  1 435 Mots (6 Pages)  •  465 Vues

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La beauté en soi n’est-elle qu’une vue de l’esprit ?

La conception d’une essence de la beauté, d’un principe en-soi duquel dépendrait

tout ce qui est beau, est celle de l’idéalisme platonicien. Le nom de beauté n’y est pas un

simple mot, mais une idée bien réelle qu’il nous faut découvrir. Socrate dans l’Hippias

Majeur demande ainsi au sophiste éponyme ce qu’est le beau, et tandis que ce dernier lui

répond par l’exemple de beaux objets, le philosophe, lui, ne veut pas telle ou telle beauté,

mais veut la beauté en soi.

On peut voir là l’exigence excessive d’un esprit singulièrement idéaliste. C’est du

moins la critique de Nietzsche qui endosse volontiers la thèse du sophiste que moquait

Socrate de son ironie. Nietzsche comme Hippias ne voit la beauté que là ou elle se

présente à ses sens. Le beau en-soi n’est pour lui qu’une chimère de plus dans cet arrière

monde illusoire et prétendument intelligible qu’est le ciel des idées platonicien. À suivre

Nietzsche, on peut soutenir que le beau en-soi n’est qu’une extrapolation intellectualiste. À

moins qu’il ne soit au contraire la source spirituelle de tous ce qui est beau comme le

pensait Platon …?

Tout en rendant compte de la confrontation de ces deux philosophies sur le sujet,

l’une plus spiritualiste, l’autre plus physiologique, nous tâcherons de montrer que la

beauté est irréductible à un tel dualisme, idéal ou sensible, son en soi se présentant

confusément dans l’expérience.

La pensée Kantienne embrasse cette ambiguïté lorsqu’elle énonce le paradoxe

d’une universalité subjective, où l’expérience de la beauté nous donne à sentir un en-soi,

ce que nous verrons dans une deuxième partie.

Enfin, dans une dernière partie, la place que Hegel fait à l’art doit nous aider à

montrer combien le fait d’être une vue de l’esprit pour le beau n’est pas réducteur. Dans le

cadre de la création artistique, l’en-soi de la beauté doit donner lieu à des oeuvres

tangibles. De même, avec Plotin, nous montrerons que l’idéalité du beau ne se tient pas

séparée du monde sensible lorsque l’oeuvre d’art affirme la réalité incarnée d’une vue de

l’esprit.

Nietzsche critique l’en-soi de l’idéalisme platonicien, comme les nominalistes

critiquaient ceux qui prétendaient donner une réalité de portée universelle à des mots.

L’expression « beau en-soi » ne décrirait rien d’autre qu’un travail d’abstraction qui

consisterait à séparer le concept de beauté des existences sensibles qu’il désigne. Selon

Nietzsche, il s’agit là de la vue d’un esprit dérangé. L’exigence socratique d’un en-soi ne

serait que le fait d’un individu singulièrement malade et pourtant très influent. Socrate

aurait ainsi perverti la civilisation tout entière au profit de ses illusions essentialistes, ses

mensonges célestes. Pour Nietzsche, il n’y aurait de la beauté que l’expérience sensuelle

qu’on en fait. Reprenant le libellé de notre question, nous pouvons dire que selon lui, le

beau en-soi n’est qu’une vue de l’esprit, au sens d’une affabulation méprisable,

précisément celle d’un fou de l’antiquité grecque, amoureux de ses idées.

Reconnaissons que Socrate n’a jamais rien prétendu d’autre que de voir avec

l’esprit, lui qui tenait la folie pour une vertu. Selon lui, tout l’exercice du philosophe doit

tendre à la contemplation, justement au sens d’une vue purement spirituelle, détachée des

distractions sensibles. Or, La beauté semble propre à nous aider dans cet exercice. Platon

décrit dans le Banquet comment il faut s’élever progressivement de la contemplation

sensuelle à la contemplation spirituelle. Sa méthode est progressive, il faut aimer la

beauté des corps avant celle de l’âme, et ainsi poursuivant, reconnaître une même beauté

dans la multiplicité des objets, on s’élève ainsi vers l’en-soi.Oui, la beauté en-soi n’est qu’une vue de l’esprit, mais la chose est positive en un

sens socratique. C’est avec l’esprit qu’il faut voir s’il on veut accéder au monde intelligible

et considérer les principes des phénomènes sensibles. De même que les nombres me

permettent de compter des objets sensibles sans être eux-mêmes perceptibles, de même,

sans l’en-soi de la beauté je ne pourrais la reconnaître dans les choses particulières.

Il n’est donc pas certain que l’on puisse réduire l’en-soi de la beauté à une pure

illusion, comme le pensait Nietzsche. Dire que le beau en-soi est une vue de l’esprit n’est

pas nécessairement réducteur. Mais préciser qu’il n’est que cela demeure problématique,

car il le concentre dans l’idée au mépris du sensible. C’est le nerf de la critique

Nietzschéenne. L’esprit sans les yeux ne voit que par métaphore, et à poursuivre l’en-soi

de la beauté, celle-ci devient incorporelle, inimaginable,

...

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