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L'Art Du Chantre Carolingien

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Par   •  17 Août 2013  •  686 Mots (3 Pages)  •  895 Vues

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L’art du chantre à l'époque carolingienne

En l’absence de toute partition, la formation à l’art du chant s’acquiert par la pratique régulière et directe à l’office, quand l’action liturgique place l’apprenti dans les meilleures conditions de concentration et de mémorisation. Les chantres sont contrôlés par un maître qui leur enseigne la juste prononciation du latin avec son accentuation et aussi la science musicale : modes, formules mélodiques et rythmiques, intonations, cadences...

L’art du chantre se distingue très nettement de la psalmodie chorale, simple, allante, à mi-voix ; ainsi que du murmurare : chacun récitant le psaume pour soi, mais avec les autres. Le chantre prend en charge la cantilena, qui n’est pas la cantilène, mais recouvre globalement : le répertoire, l’art du chant et l’effet de la musique sur la sensibilité. Le chantre a reçu ses lettres de noblesse de saint Augustin (354-430) et d’Isidore de Séville (570-636) dévotement relus, recopiés, commentés. Règles et conciles statuent sur le chant.

Voici les propos célèbres d’Isidore de Séville (570-636) sur les chantres : « Il importe que le chantre soit remarquable par sa voix et par son art, de façon à entraîner les âmes des auditeurs par l’agrément du doux plaisir. Sa voix ne sera pas âpre et sourde mais sonore; elle ne sera pas rauque mais agréable et mélodieuse; non pas fausse mais juste et nette, capable de tenir les hauteurs du registre; formant une sonorité et un dessin mélodique en accord avec une religion sainte, en évitant de retentir comme un art de tragédien, mais au contraire manifestant dans son agencement musical une simplicité chrétienne, qui ne sente pas la mimique du poète-musicien ou l’art du théâtre, mais qui exerce un ébranlement plus profond chez les auditeurs. » (De ecclesiasticis officiis, livre II, chap. 12)

Rien aussi de plus éloigné du grégorien susurré que le chantre carolingien d'une plaque d’ivoire conservée à Cambridge, dans son geste d’ouverture, sternum haut, chantant par cœur à gorge déployée. La bonne voix est sonora : puissante et chantante. D’autres textes disent : vox clara, vox strenua, insistant sur cette voix forte mais facile, quasi tuba : qui retentit comme le clairon de l’appel; Raban Maur (780-856) écrit même : vox plena succo virili, voix pleine de sève virile. La vox liquida est franche et nette : elle fait parvenir aux oreilles les justes intervalles, l’exacte articulation des consonnes. Vox acuta désigne la voix déployée avec éclat dans l’aigu de la tessiture. Vox suavis est la formule la plus employée. L’effet de suavitas est produit par la conjonction de la sapientia et de la peritia du chantre, de ce qui dans son art relève du goût et de ce qui relève de la performance. Le déploiement vocal à travers les intervalles précis et agréables à l’oreille est nommé modulatio. Enfin le chant fait entendre l’intention du texte et ses nuances, il en transmet l’émotion. Si l’art théâtral est écarté, n’est-ce pas que l’art du chantre le frôle sans cesse ? Car on l’enjoint de chanter differentialiter : modo indicantis, modo historici, modo dolentis, increpandis, miserantis...

Cette vox sola imprime les paroles chantées dans l’âme de l’auditeur, déclenchant un plaisir intense, proche de celui qu’on

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